Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Un portrait

Le nom n'ajouterait rien au portrait. Tout l'intérêt est dans la distinction et la grandeur de cette âme affinée.

Ceux qui l'ont comme la reconnaîtront; les autres apprendront tout simplement de son coeur rayonnant et ardent où le souci se dissipait aux clartés de la foi, où chaque souffrance acceptée devenait une nouvelle occasion de poursuivre et de vaincre.


M. F.


Un peu voûtée par le poids des ans et le labeur quotidien, les cheveux blanchis à la peine, les yeux noirs remplis de joie et de bonté et le sourire inexprimablement heureux, telle, je la revois dans le rayonnement de sa bonté intelligente...

Humble enfant de la campagne, elle avait dès l'aube de la vie, connu la lutte contre la misère, glanant après les moissonneurs pour rapporter au pauvre logis, une petite gerbe d'épis mûrs. Elle avait vu sa mère se priver du nécessaire pour que ses enfants n'eussent pas faim.

Puis ce fut le départ pour la ville, l'entrée à l'atelier d'horlogerie où son âme pure eut à souffrir de contacts souvent vulgaires, l'accident qui la cloua pour de longs mois sur un lit de malade, la misère qui la guettait... Une voie nouvelle s'ouvrit alors devant elle; l'aiguille mise au service de ses doigts habiles lui procura peu à peu son pain quotidien; elle cousait et brodait, raccommodant aussi les chaussettes de son docteur qu'elle souffrait de ne pas pouvoir payer.

Quelques fillettes du quartier vinrent se grouper autour de son lit pour de modestes leçons de couture. Lorsque les forces lui revinrent - sa santé n'a jamais été très robuste - elle se mit à faire des journées de lingère et gagnait 1 fr. 50 par jour en exécutant avec une rare perfection les ouvrages les plus difficiles et les plus minutieux!... Elle continua aussi à enseigner la couture et les leçons qu'elle donnait finirent par absorber le meilleur de son temps.

Peu à peu, ceux chez lesquels elle travaillait, découvrirent sous son extérieur modeste, les trésors d'une âme peu commune, prête à s'épanouir au contact d'affections profondes. Elle, qui avait toujours besogné sans se reposer jamais, connut le charme des séjours de montagne, la joie des vacances passées avec une famille amie... Eprise d'idéal, très sensible à la beauté de la nature, tout son être s'épanouit loin des difficultés de la vie.

Ame croyante dès l'enfance, se confiant en Dieu et le priant pour les plus petites choses, mais troublée par les iniquités sociales et les humiliations éprouvées au cours de sa vie de travail, elle passa par une phase de découragement et de révolte intérieure, et ne connut que plus tard la paix et la joie qui transfigurèrent son âme. Elle les conquit de haute lutte et grâce à l'influence d'un pasteur qui fut vraiment pour elle «envoyé de Dieu». Bouleversée par la confiance qu'il lui témoigna jusqu'à lui demander le secours de ses prières, à elle, que le doute torturait, elle passa par des semaines d'angoisse implorant Dieu et cherchant la paix. Un soir où la lutte fut particulièrement intense, elle eut la révélation de l'amour du Christ, et à partir de ce moment, il devint son Sauveur et son Maître et elle lui abandonna sa vie. Dès lors son ascension fut continue; elle entrevoyait la cime et trouvait beau le chemin souvent rocailleux qui y conduit, belles les difficultés qui forcent le voyageur à avancer, beau le labeur quotidien avec ses humbles devoirs, belle la vie dans la plénitude avec ses horizons illimités.

Elle, qui auparavant, se sentait mal à l'aise au milieu d'un public cultivé, accueillit avec joie les occasions qui s'offrirent à elle de se développer et de s'instruire. Elle accepta tout simplement des cartes d'entrée à des conférences faites par les maîtres de la pensée. Le monde nouveau qui s'ouvrait à elle l'émerveilla. Elle oubliait tout ce qui l'entourait pour suivre avec un intérêt croissant les leçons de la psychologie et de la science: Frommel, Flournoy, Yung et combien d'autres n'eurent pas d'auditeur plus attentif. Tout était pour elle sujet de reconnaissance; la joie qui débordait de son coeur était vraiment contagieuse et rien ne put l'obscurcir.

Des élèves toujours plus nombreuses se groupèrent autour d'elle, et apprirent avec elle, non seulement les mystères de la couture, mais la valeur cachée dans les plus petites choses lorsqu'on leur donne leur véritable sens. L'aiguille fut, en quelque sorte, l'auxiliaire de sa pensée et le moyen de communiquer à «ses petites» les richesses de son âme. Elle cherchait à leur faire partager son horreur du mal et son amour du pécheur et ne leur permettait jamais de critiquer personne devant elle. Nombreuses sont encore aujourd'hui, celles qui lui doivent le privilège d'avoir orienté leur vie vers la vérité et qui bénissent son souvenir. Pour ses amis qui ont vécu à son contact, elle a été la confidente intelligente à laquelle on peut tout dire et l'amie précieuse qui s'intéresse aux plus petits détails de la vie des autres parce que rien n'est petit quand on aime. Elle ignorait tout du «patois de Canaan» et ne faisait jamais de «sermon», le plus souvent, elle se bornait même à écouter ce qu'on avait à lui dire; mais de toute son âme, elle partageait la joie et la peine des autres. «Quand j'avais causé un moment avec elle disait une de ses élèves, j'avais vraiment un fardeau de moins sur le coeur».

Lorsqu'au soir de sa vie - elle avait alors 67 ans - à la suite du brusque départ d'une mère de famille amie, elle s'installa au foyer du jeune veuf et des petits, orphelins, elle leur donna sans compter les ressources de son intelligence et les trésors de son coeur. Ce ministère d'amour, elle l'a exercé jusqu'au seuil de l'éternité.

Elle semblait indispensable à beaucoup, mais Dieu en a jugé autrement et l'a reprise à Lui après 3 jours de maladie, lui épargnant la souffrance physique et la douleur de la séparation. Après avoir répandu la lumière, elle est entrée dans la Lumière et son souvenir vivifie les âmes auxquelles elle a révélé Christ.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève