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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURL'esprit missionnaire Le Rév. J. Murray Mitchell raconte quelque part qu'il fit un jour dans l'Inde l'ascension d'un sommet élevé, pour découvrir la source du Godivari. Après de longues recherches, il finit par trouver des rochers d'où tombait goutte à goutte un peu d'eau, si peu, que pendant quelques secondes il put en arrêter la chute en la conservant dans le creux de sa main. A cet endroit, il eût suffi d'un moment pour creuser à cette eau un nouveau lit et faire prendre à son cours une direction nouvelle. C'est un ruisseau insignifiant qui donnait naissance à l'une des plus magnifiques rivières de l'Inde. Le missionnaire pouvait le voir s'élargir peu à peu en descendant le flanc de la montagne, puis couler à l'est vers le golfe du Bengale, toujours plus profond, grossissant son volume, accélérant son cours, et répandant bientôt la fertilité dans d'immenses espaces qui, sans lui , n'eussent été qu'un désert aride. Cette rivière est une parabole de la vie humaine. "Le coeur du roi est un courant d'eau dans la main de l'Eternel, il l'incline partout où il veut". Celui qui possède le secret du Seigneur peut, comme lui , pénétrer jusqu'à la naissance du fleuve , jusqu'à ce coeur d'où la vie s'épanche en canaux divers, où la main de l'éducateur peut façonner à son gré le caractère et la conduite de l'homme, l'histoire et la destinée des peuples. Comme le rappelle quelque part Thackeray: semez une pensée, vous moissonnerez une action; une action, vous moissonnerez une habitude une habitude, vous moissonnerez un caractère; un caractère, vous moissonnerez une destinée. C'est donc la main dont l'action remonte, pour s'exercer, jusqu'à la formation de la pensée, qui prépare la semence de la moisson définitive, de la moisson éternelle. Les biographies des nouveaux apôtres nous donnent une leçon saisissante, solennelle entre toutes : elles disent "quelle puissance il y a dans l'héritage légué par des parents, par des ancêtres pieux", elles montrent que la foi des mères et des grand-mères a donné aux missions plus d'un Timothée. Ce sont les Anne qui expliquent les Samuel. Si vous voyez un pionnier du Seigneur, c'est qu'il y a en quelque Zacharie, quelque Elisabeth pour l'élever. La piété ne s'hérite pas; mais il y a incontestablement un héritage de grâce. On ne transmet pas la foi, mais on transmet des dispositions... Toute mère chrétienne devrait se dire: l'enfant que je porte ou que je nourris est peu-têtre un de ceux dont Dieu veut faire ici-bas des rois ou des reines; c'est ma main qui doit pétrir l'argile d'où sortira ce vase de choix. Nous n'avons qu'à nous rappeler Livingstone, Paton, Hudson Taylor, pour nous convaincre que ce seront toujours les parents des saints et des héros qui, dans une grande mesure, les auront faits tels par leur propre sainteté et par leur propre héroïsme. Entretenir l'esprit missionnaire, c'est élargir, dilater, ennoblir notre vie spirituelle tout entière. Prenons un exemple. Rien ne cause plus de souci , plus de perplexité aux vrais chrétiens que la difficulté d'avoir à leur foyer une vie de famille sanctifiée. Quoi de plus lamentable que de voir si souvent des enfants de parents chrétiens devenir, en grandissant, non seulement des hommes étrangers à Dieu, mais des incrédules et des adversaires déclarés de l'Evangile? On dirait qu'une influence secrète annule et neutralise toute la vertu d'un saint exemple. Le fait est que pour la formation d'un caractère moral, complet, harmonique, il n'est point de danger plus fatal et plus subtil que l'égoïsme, l'égoïsme tout simplement. Il y a, en botanique, un fait curieux: coupez, sur un arbre, un scion, puis greffez-le , la tête en bas, et toutes les autres pousses qui pourront croître encore, sur la branche greffée, auront, elles aussi, la tête en bas. C'est ainsi qu'on produit dans la culture d'ornementation les arbres aux branches tombantes. Hélas ! sur l'arbre de la famille, on dirige de bonne heure les jeunes scions vers la terre, et tout ce qui y croît par la suite prend la même direction. Un intérieur où l'on s'adonne à ses aises n'offre pas moins de dangers qu'un intérieur où règne quelque désordre grave. Que, tout petit, un enfant soit flatté, choyé, écouté, qu'on lui enseigne à satisfaire tous ses caprices, toutes ses impulsions égoïstes, et l'on a imprimé, à son âme, pour la vie entière, une tendance charnelle. Vous aurez donné au petit garçon ou à la petite fille un centre de révolution "en dehors du moi". L'enfant aura de bonne heure une pensée pour les besoins et pour les maux d'autrui. Le sou qu'il aurait gaspillé en bonbons, il l'épargnera pour la boite des missions. C'est peu de chose, semble-t-il, mais cela suffit pour que le scion se dirige en haut et pour que la tendance vers les choses d'En-Haut soit imprimée à la vie tout entière. Oui, qu'on endorme l'enfant dans son berceau en lui chantant des chants de missions, qu'on lui fasse répéter, de ses lèvres balbutiantes, sur les genoux de sa mère, la prière pour les missionnaires, qu'on lui dise pour former sa pensée, pour lui donner un tonique de renoncement, qu'on lui dise simplement les faits qui révèlent l'affreuse misère des coeurs et des foyers païens, qu'on lui donne ainsi de bonne heure l'habitude de regarder par delà l'horizon de ses aises et de ses plaisirs personnels, l'habitude de se préoccuper des âmes qui périssent, et son caractère moral se sera enrichi en qualité d'un élément que la terre ne saurait donner. Certes il n'est pas extraordinaire que dans les foyers où l'on respire habituellement une atmosphère missionnaire, les enfants apprennent insensiblement, en grandissant à se consacrer à Dieu, eux et ce qu'ils possèdent. |
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