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Le regard

En matière d'éducation morale, le regard a une grande supériorité sur la parole partout où il peut la suppléer. Le regard est le miroir de l'âme, la parole n'en est que l'interprète: celle-ci exprime souvent mal un sentiment; elle l'exagère aisément et surtout elle peut le feindre et le remplacer. Le regard, au contraire, l'exprime toujours juste: jamais il ne dévoilera l'affection, la tendresse et l'admiration si l'âme est indifférente... Saint Pierre lisait si bien dans le regard de Jésus qu'au moment de sa chute, le regard seul suffit pour briser son coeur et l'humilier à jamais aux pieds de son Dieu. J'ai vu des enfants pleurer, eux aussi, amèrement, à cause d'un regard triste et sévère qu'ils avaient mérité, et, ces enfants - je puis le dire - étaient aisés à élever; un regard était leur récompense, et je voyais leurs traits rayonner des heures entières, au souvenir de ce bonheur.

Vous croyez un enfant coupable; interrogez-le par la parole: vous le mettez immédiatement dans l'alternative ou de protester de son innocence, ou d'avouer, ou de mentir. Vous avez jeté un trouble effrayant dans cette âme, et si elle n'est pas coupable, vous lui avez fait un grand tort, car vous lui avez nettement fait entendre que vous le croyez capable de cette mauvaise action.

Substituez, au contraire, en pareil cas, le regard à la parole; cherchez plusieurs fois de suite celui de l'enfant et fixez-le sérieusement, vous verrez bientôt l'enfant se troubler, s'il est coupable, et chercher à vous échapper. Son regard ne se lèvera sur vous qu'à la dérobée et ne s'y arrêtera pas un instant: il craindra trop d'y découvrir que vous savez tout. Alors c'est le moment d'interroger affirmativement afin d'éviter le mensonge.
Si, au contraire, l'enfant n'est pas coupable, si sa conscience est paisible, votre regard scrutateur l'étonnera; il vous le rendra et vous vous sentirez observée à votre tour. Pour peu qu'il y ait de l'intimité entre-lui et vous, il finira par vous adresser cette question candide: «Mais qu'as-tu donc à me regarder ainsi?» et si vous répondez: «Je cherche à voir si tu as été réellement sage» vous aurez toute facilité de constater son innocence ou sa culpabilité. Un regard de confiance lui rendra sa tranquillité et un sourire sa joie, cet autre élément de sa vie. Que n'aurez-vous pas évité en procédant ainsi!

Savez-vous le mal incalculable que peut faire à un enfant une fausse accusation?... Etre accusé faussement d'une action basse, par sa mère surtout! Ah! croyez-le, pour un coeur noble, c'est le commencement de ces grandes douleurs que le temps ne guérit jamais. C'est montrer brusquement à l'enfant l'abîme au fond duquel il peut rouler.
Au lieu d'une méchanceté s'agit-il d'une action louable? Là encore le langage du regard doit avoir la préférence. Vous avez vu votre enfant se réserver la plus petite portion d'une friandise, ou donner à son ami la plus belle part des jouets. Appelez-le et dites-lui: «c'est très sage, c'est très gentil, c'est très bien à toi!» L'enfant se redressera de toute sa petite hauteur et la fierté brillera dans son regard. Je me trompe fort, ou il ira raconter à quelqu'un les termes mêmes dont vous vous serez servie pour louer sa conduite. Il en fera une affaire dont il sera le héros, et la conséquence finale de ce drame sera qu'il eût mieux valu, pour lui-même, qu'il eût agi sans délicatesse. Mais si, au lieu d'exprimer votre satisfaction par la parole, vous l'exprimez par le regard, tout change. L'enfant se sentira comme inondé de félicité; cependant ce sentiment de bonheur sera trop profond pour qu'il puisse s'en rendre compte; il verra qu'il a été pour vous une joie, mais il ne saura exprimer ce qu'il sentira; dès lors il restera humble et continuera ses jeux plus joyeusement qu'auparavant, sous l'influence de son bonheur. Votre regard approbateur aura été pour lui le témoignage silencieux d'une bonne conscience. Personne ne se sera douté de cette petite fête, à laquelle Dieu avait convié vos deux coeurs, et vous attendrez la prière du soir pour lui en rendre grâce avec votre enfant.

Une mère qui parle continuellement avec son enfant en fera un être agité, fatigant et curieux, et ce qu'il y a de singulier, c'est qu'elle restera, malgré tous ses discours, très étrangère à son enfant.

Par contre, une mère silencieuse dans sa sérénité, qui saura travailler une demi-heure sans causer avec lui, mais qui, malgré son travail, aura toujours l'oeil sur lui et répondra par un sourire, toutes les fois que les yeux de l'enfant chercheront les siens, cette mère-là sera véritablement aimée, et son enfant de quel âge qu'il soit, connaîtra le vrai, le grand bonheur de la vie. Sa mère sera pour lui ce que la Providence est à l'homme: ce quelque chose qui fait que le coeur n'est ni agité, ni craintif - quand bien même l'horizon est sombre - parce qu'il se sent entouré de toutes parts par une tendresse silencieuse, mais féconde, et puissante pour le protéger et le bénir.









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