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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Les lectures

Un livre est le meilleur des amis; c'est le compagnon qu'on prend et qu'on laisse, la présence silencieuse qui vous charme sans vous importuner.

Heureux sont ceux qui aiment à lire, ils ne connaissent pas l'ennui. Ils s'évadent dans un autre monde, si le leur est gris et terne. Ils élargissent leur esprit, au lieu de s'appesantir sur les petites choses matérielles qui vont mal, ils accueillent des idées nouvelles.

Chaque jour peut nous apporter de merveilleuses richesses, chaque heure peut agrandir nos facultés de voir, de sentir, d'admirer. Avec un bon livre il n'y a plus de solitude, il n'y a plus d'esprit enfermé en soi-même, chagrin, mesquin. Le monde est à nous.

Et si nous savons choisir nos lectures, que ne recevrons-nous pas? Des beautés inconnues, des intéréts nouveaux, un monde de pensées qui transformera, épurera les nôtres.

«Les choses de beauté sont des joies à jamais
«Leur charme chaque jour augmente... la clarté
«De la terre, la passion, la poésie
«Et le rayonnement des gloires infinies
«Nous hantent jusqu'à devenir une lumière intérieure,
«Dont nos âmes sont réjouies,
«Et s'unissent à nous par des liens si forts
«Que dans les jours obscurs ou sous des cieux meilleurs,
«Il faudra qu'avec nous toujours elles demeurent
«Jusqu'à l'instant de notre mort.

KEATS.

«Le rayonnement des gloires infinies nous hante jusqu'à devenir une lumière intérieure dont nos âmes sont réjouies.»

C'est bien cela. Le commerce avec les grands esprits, que nous donne la lecture, est pour nous une lumière intérieure. Songez à ce que nos esprits sont petits, et nos intérêts souvent bien médiocres, et à ce que nous apporte cette intimité avec les grands génies, les grands penseurs, les grands artistes que sont certains écrivains. C'est presque vertigineux. Un ami est une chose si précieuse, il nous ennoblit, il nous aide à nous élever plus haut; songez à ce qu'est dans la vie l'influence d'un ami. Et si cet ami s'appelle Pascal, Shakespeare, Racine, Platon, quel élargissement de coeur et quelles merveilleuses découvertes de l'esprit ne nous révèleront-ils pas?

«Nous pensons trop peu au privilège de cette solidarité qui multiplie la joie et l'utilité de vivre, qu'élargit le monde et nous en rend le séjour plus noble et plus cher, qui renouvelle pour chacun la gloire d'être homme, d'avoir l'esprit ouvert aux mêmes horizons que les grands êtres, de vivre haut et de fonder avec ses pareils, avec ses inspirateurs, une société en Dieu.....

«Le contact des génies nous procure comme bénéfice immédiat un exhaussement; par leur seule superiorité ils nous gratifient avant même de nous rien apprendre. Ils nous donnent le ton; il nous accoutument à l'air des sommets. Nous nous mouvions dans une basse région - ils nous ramènent d'un coup à leur atmosphère.»

Père SERTILLANGES.


Une belle page, une grande oeuvre est un secours. Lisez non pas le livre moderne qui passera, mais les gloires éternelles. Si le livre ou le poème nous ouvre les yeux sur des visions inconnues, et nous apprend à aimer la beauté, il nous apprend aussi à regarder, à voir et à aimer dans la réalité quotidienne ce qui nous était resté fermé. Si souvent nous ne savons pas voir la poésie dans nos vies, le sourire d'un enfant, la tendresse des coeurs, la lumière qui dans une cuisine fait briller les objets familiers, ce qu'éclaire la lampe quand la famille est groupée autour de la table le soir ... Et c'est après avoir lu une poésie qui chante la vie intime et toute simple, ou un de ces beaux romans anglais qui sont réalistes de la belle manière, non pas prosaïques, mais vrais. Alors bruquement, nous voyons ce qui nous entoure, beau ou charmant - seulement il fallait savoir le regarder.

N'est-ce pas la plus belle acquisition que d'apprendre à regarder mieux, à augmenter sa possibilité de compréhension et de joie? Mais pour cela il faut savoir choisir ses lectures. Et il faut savoir bien lire.

Choisir ses lectures. Un mauvais livre est un poison. Je vous disais qu'un livre est un ami; comme il y a de mauvais amis, il y a de mauvais livres.

Certaines lectures créent en nous une atmosphère lourde, sensuelle. Nous sommes enlisées, obsédées, la vie journalière nous apparaît terne et ennuyeuse. Il y a une certaine passion de la lecture, passion malsaine des romans, qui est une tare: elle ne diffère en rien des autres passions qui accaparent l'âme, y entretiennent le trouble, y lancent et y entrecroisent des courants confus et en épuisent les forces.

Gardons-nous à tout âge de cette littérature romanesque, passionnée, équivoque. Pour nous-mêmes d'abord, pour nos filles et nos fils aussi; ne laissons pas pénétrer dans nos demeures le livre salissant dangereux. Comment nos fils pourront-ils nous respecter s'il voient entre nos mains le roman scandaleux? Nous les voulons purs, soyons-le nous-mêmes, non pas seulement dans nos actes, mais dans nos pensées.

Mais je n'appelle pas mauvais livre seulement le roman osé, dangereux. Je redoute par dessus tout le livre médiocre, le livre vulgaire, celui qu'on lit facilement et qui plait à notre paresse. Evitons-le, et ne le donnons pas à lire autour de nous. Avez-vous remarqué combien facilement on prête des livres médiocres, combien peu on s'inquiète du mal qu'ils peuvent faire. Soyons attentives à ce que lisent nos filles, à ce que lisent les jeunes filles que nous avons à notre service.

Les bibliothécaires d'Union chrétienne, de Paroisse, d'école, se rendent-elles compte de leur responsabilité et de l'influence magnifique qu'elles ont entre les mains, et dont elles se servent souvent si mal?

Un livre doit être un stimulant: une fois fermé, il nous inspire, active notre esprit. Il doit être une initiation, c'est lui qui nous introduit dans la vie spirituelle.

Et cette vie de l'esprit a ses lois comme la vie du corps. Ne les trahissons pas. Ne lisons pas comme on dévore, sans plan, sans suite, banalement. Ne nous jetons pas sur tout ce qui paraît, par snobisme, parce qu'il faut connaître et savoir parler de la dermère nouveauté: n'encombrons pas notre pensée des pensées des autres mal digérées. Il y a certains esprits qui, à force de mal lire, ont perdu toute originalité, toute vigueur. Ils ont la banalité d'une place publique où tout le monde passe sans laisser de traces.

La lecture est «l'initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n'aurions pas su pénétrer».

La lecture nous éveille à la vie personnelle de l'esprit, elle ne doit pas se substituer à elle. Elle ne doit pas être «une chose matérielle déposée entre les feuillets des livres comme un miel tout préparé par les autres et que nous n'avons qu'à prendre la peine d'atteindre sur les rayons des bibliothèques et de déguster ensuite passivement dans un parfait repos de corps et d'esprit».

Avez-vous senti l'atmosphère sérieuse et sereine d'une pièce tapissée de livres, et comme il fait bon y vivre et y penser?

Montaigne et Joubert le savaient bien, eux qui ont tant aimé leur bibliothèque, et qui ont goûté si fort le charme de cette amitié silencieuse qu'est un beau livre - eux qui savaient tout le prix des anciens et qui ont vécu si proches de leurs esprits fins ou profonds.

Une belle culture est une chose rare à l'heure actuelle, et comme elle nous manque, à nous mères, qui voyons grandir nos enfants et qui sentons qu'ils nous échappent, parce que nous ne pouvons plus partager leurs intérêts, leurs préoccupations intellectuelles ou scientifiques Il faut éviter cette séparation et lutter du mieux possible.
Mais comment faire, quand on a peu de temps, qu'on est fatigué, que le cerveau est las, inapte à un effort et que le temps des études est loin?

Je crois que le meilleur conseil à donner est de dire: «travaillez avec vos enfants». Que de progrès dans l'enseignement depuis nous, combien les manuels d'histoire, de littérature sont plus vivants! Que de découvertes captivantes dans lantiquité, dans la préhistoire! Quel champ illimité ouvert à la science, depuis qu'elle est sortie du cercle restreint de la matière, pour entrer dans le domaine illimité de l'esprit. Tout cela on l'enseigne à nos enfants, pourquoi pas à nous, avec eux?

Vous lirez leur leçon d'histoire, vous chercherez dans un livre plus détaillé ce qui peut les intéresser et compléter l'enseignement du maître. Ainsi vous les stimulerez; ils vous raconteront plus volontiers leurs leçons. Vous irez avec eux au musée. Et ainsi se créeront entre vous ces liens uniques et précieux de la vie de l'esprit partagée.

Aux mères qui ont plus de loisir, je dirai: mettez-vous à un travail sérieux, donnez un but à vos lectures, étudiez une époque. Et ne dites pas: il est trop tard et nous n'avons plus l'esprit assez souple. Je connais deux femmes qui à 40 ans ont recommencé un travail que seule la jeunesse entreprend. L'une, docteur en médecine, avec une vie très pleine déjà de devoirs et de responsabilités, n'a pas reculé devant un travail qui a duré quatre ans et où elle a refait toutes ses études de médecine, avec une maturité, une intelligence, un effort personnel magnifique. L'autre est sculpteur, et ce n'est aussi qu'au milieu de la vie qu'elle s'est mise au travail, à un travail d'élève, suivi, acharné. Elle est aujourd'hui une grande artiste. Et toutes deux ont donné aux jeunes qui les ont connues, un élan et un amour du travail qui a transformé leur vie.

Le plus beau moyen de lutter contre la vieillesse est le travail. Il ne faut accepter aucun amoindrissement, il faut savoir faire des exercices de volonté qui sont une reconstruction. A chaque année qui s'écoule et qui nous enlève quelque espoir, quelque affection, quelque puissance du corps ou de l'esprit, il faut ajouter quelque acquisition nouvelle - si difficile et pénible que cela devienne pour le corps et l'esprit qui se fatiguent. Faisons en sorte que rien en nous ne se dessèche, ni ne se rétrécisse, les lectures qui sont un approfondissement vers plus de connaissance et plus de compréhension, nous y aideront.

Et celles qui ont goûté des joies merveilleuses du travail intellectuel savent ce qu'elles y ont trouvé de force morale, de sérénité et d'intérêt humain.

Quand on s'adresse à des mères, quand on est une mère soi-même, c'est toujours aux enfants qu'on revient. N'est-ce pas là notre unique pensée?

Si je pense aux lectures, à celles qui laissent le plus cher souvenir, je pense aux lectures à haute voix, faites avec nos enfants. Je parlais plus haut des liens spirituels avec eux, celui-ci est un des liens les plus profonds. On vibre ensemble, on pleure parfois ensemble, et l'on rit de tout son coeur, et comme on s'exalte pour le héros ou l'héroïne... C'est le moment où la journée est finie, les tâches faites, et où l'on peut autour de la table se grouper. Des yeux attentifs, le livre qui s'ouvre et voilà tout le monde heureux.

D'un jour à l'autre on se réjouit du moment passé ensemble, les liens se resserrent; et peut-être quand le livre est fermé, ouvre-t-on plus facilement son coeur; et l'on se dit des choses plus intimes, puisqu'ensemble on a aimé des êtres, palpité de leurs souffrances et de leurs joies, et qu'on s'est enrichi des trésors de vie, de tendresse et de rêve.

Certaines lectures nous apportent quelque chose de précieux et de rare: un contact d'âme. Nous nous unissons par delà les siècles parfois à l'âme créatrice, et elle devient notre guide.

C'est la connaissance palpitante de l'esprit qui ne meurt pas, c'est la communication avec l'éternel. Et cet échange silencieux et secret a la douceur d'une présence invisible.

Les lectures? Ce sont des voix multiples où palpitent toutes les souffrances, les luttes, les désirs, les joies de l'humanité - toute la tragédie de son sort et toute sa beauté. Nous les écoutons, et parfois une voix plus pure et plus inspirée s'élève et nous révèle quelque chose de plus grand: elle dit la recherche passionnée de l'homme vers Dieu et la réponse qui lui est donnée.

Et devant nos yeux s'ouvrent les portes fermées de l'Eternité.









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