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Le sacrifice des mères.

Le fils a grandi, il est désormais, par les soins de sa mère, mais définitivement, capable de marcher dans la vie; s'il a le devoir de ne pas mepriser les conseils d'une affectueuse expérience, il a le droit aussi de les contrôler à la lumière de sa lucidité personnelle.

Le sentiment que Dieu consacre par un sacrement de son Eglise est entré dans son coeur avec une jeune fille qui sous les spontanéités de la tendresse, l'orgueil un peu naïf de l'amour vainqueur possède déjà toutes les délicatesses d'une maternité virtuelle.

C'est à celle-ci qu'avec les joies conjugales et les délices de la vie commune, le jeune homme demandera aussi désormais, c'est d'elle au moins qu'il acceptera volontiers, affectueux et soumis, les solicitudes, les inquiétudes, les petites exagérations, les précautions trop minutieuses, les puériles terreurs qu'il demandait auparavant à sa mère ou qu'il lui laissait volontiers l'intense joie de manifester à son égard.

A partir de ce moment, à partir du jour où le jeune homme s'est complété par l'adjonction de cet être semblable à lui, créé et fait spécialement pour lui avec lequel désormais tout lui sera et doit lui être commun, le rôle actif de la mère est fini, son dévouement n'est plus indispensable.

L'heure de son véritable sacrifice a sonné.

Il ne s'agit pas ici d'en atténuer la grandeur, d'en diminuer la sévérité.

Celui-là seul pourrait douter de la grandeur de ce sacrifice qui n'aurait jamais compris le coeur d'une mère, qui n'aurait même jamais compris le coeur humain et le secret de l'amour.

Car le coeur de la mère s'il est fait de nuances plus fines, s'il est plus clairvoyant et plus noblement jaloux, s'il est plus dévoué que tout autre coeur humain, n'est cependant qu'un coeur humain comme les autres, et le propre du coeur humain quel qu'il soit, c'est de trouver son bonheur à se sacrifier, à la condition d'être, par ce sacrifice, le seul et indispensable artisan du bonheur des autres.

Le pélican ronge ses entrailles pour substenter ses petits; n'ayant trouvé que le vide et le désert autour de lui - «Pour toute nourriture il apporte son coeur» et sa souffrance atroce lui est une jouissance surexaltée puisqu'elle est la cause, la cause seule et unique du bien-être, de l'existence même de ses petits affamés. Ce raffinement est humain et c'est de cet égoïsme spécial que naît le plus absolu, le plus incomparable dévouement.

La cause de notre joie, c'est d'être l'artisan nous-mêmes et s'il se peut, nous seuls, du bonheur d'autrui. Car n'est-ce pas la reconnaissance formelle et précise par les autres que nous seuls possédons le secret de leur bonheur? N'est-ce pas l'affirmation inconsciente mais certaine de notre souveraineté: régner sur un coeur est une joie que l'on croit douce au coeur sujet, mais c'est aussi une fierté.

Il ne s'agit pas ici de faire un grief à celui qui éprouve cette fierté en même temps que cette joie. Cet égoïsme n'est pas méprisable, il se justifie puisque après tout il trouve sa joie à faire, ou du moins, en croyant faire le bonheur d'autrui...

Il a sa raison d'être jusqu'à un certain moment où la mère cesse d'être la seule femme à entourer son fils.

L'erreur de la mère, d'où procède son malheur, c'est de ne pas s'apercevoir de ce moment, c'est de le dépasser, et de ne savoir pas renoncer à temps à faire le bonheur de son fils.


L'homme laissera son père et sa mère...

C'est peut-être la mort dans l'âme que la mère fera ce sacrifice, mais elle doit le faire: toute révolte serait inutile et injuste. La mère doit se soumettre à cette loi; elle doit faire plus et mieux que s'y soumettre; car s'y soumettant seulement elle reste passive et esclave de ce qui pour elle est une fatalité barbare; la mère doit comprendre cette loi; elle doit la comprendre dans sa fin qui est la fondation par son fils d'un foyer et la réalisation pour lui d'un devoir, non opposé au devoir filial, mais le rayonnement de ce devoir, le devoir social, comme la société elle-même n'est que le rayonnement de la famille.

Or se soumettre à une loi que l'on comprend et parce qu'on la comprend, c'est déjà moins souffrir, c'est du moins ne pas souffrir en vain, ne pas souffrir en esclave, ne pas se considérer comme opprimé et diminué, mais au contraire grandi...


La mère qui accompagne.

Mais le rôle de la mère peut bien n'être pas seulement le rôle si appréciable et si doux de celle que l'on retrouve au retour sous la tente et qui vivant loin du monde n'en perçoit plus que des fruits harmonisés et vous fait une atmosphère d'irréalité très reposante à respirer.

Il se peut que ce rôle de la mère soit moins passif et que celle-ci se fasse, d'accord avec sa nouvelle fille, l'auxiliaire discrète de son fils dans ses affaires et dans son action sociale. Elle peut lui apporter ainsi un concours précieux dont personne ne prendra ombrage si, loin de chercher à s'en faire comme un tremplin pour reconquérir officiellement une place qu'elle a dû céder dans l'intimité, elle s'ingénie au contraire à faire valoir l'action combinée de son fils et de sa belle-fille; si elle veut n'apporter là encore que son action utile sans être encombrante, restant volontiers dans l'ombre par un raffinement de délicatesse et pour ne pas paraître, même de loin, mener son fils.

Travailler en union avec sa femme, savoir qu'elle vous comprend, voir qu'elle vous aide, être obligé même de retenir son zèle et de ménager ses forces, sentir son coeur battre à l'unisson du vôtre, recevoir le baiser de l'amour en rentrant du combat pour la vertu, c'est la légitime fierté du mari, c'est le bonheur de la vie, c'est l'ineffable récompense de Dieu.

Mais se sentir, dans la mêlée, en communion d'âme et de pensée avec sa mère, comprendre que l'on met en pratique ce qu'elle vous enseigna, deviner sa joie à vous voir agir pour toutes les causes justes qui enthousiasmaient sa jeunesse autrefois, recevoir en retour sa bénédiction silencieuse, dans le sourire approbateur de ses yeux, c'est la réponse d'en haut, c'est la sanction divine mise à nos humbles efforts, c'est, avec l'ardeur de l'amour qui entraîne, la splendeur de la paix qui inonde et récrée.

Mais de cette communion de vues, de cet accord au moins tacite, ne dépend pas seulement le bonheur du fils: le bonheur de la mère en découle incontestablement. Revivre en son fils, c'est, pour la mère, le seul moyen de ne pas se survivre stérilement et je ne parle pas seulement ici de la vie matérielle qu'elle peut avoir la grande joie de voir transmise à des petits-enfants, je parle de la vie intellectuelle, active et sociale.

Une âme, constamment repliée sur elle-même et incurablement souffre de ce repliement contre nature; la mère qui s'arrête net dans sa vie pour une raison même respectable comme un deuil sacré ne peut s'étonner de sa solitude; le monde en effet vit et marche et la loi divine est qu'il marche et qu'il vive.

Mais Dieu a toujours placé la récompense ou du moins le réconfort dans l'accomplissement du devoir, cela est palpable; entrer dans le sillage d'une vie d'un fils aimé quelle mère pourrait refuser elle-même d'y entrer.

D'ailleurs, pour la mère veuve comme pour n'importe qui, penser aux autres, non pour ce qu'on peut en attendre, mais pour ce qu'on peut leur donner, c'est en accomplissant le bien, en faisant le devoir, se ménager à soi-même la plus efficace des diversions contre l'ennui et le désoeuvrement.









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