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Simple comme bonjour

Que l'éducation est donc une chose simple!

Nous étions en villégiature avec plusieurs pédagogues: un pasteur, deux professeurs, quelques instituteurs et institutrices.

Il était naturel que les questions pédagogiques fussent souvent le sujet de la conversation pendant le repas. Près de la pension, on venait de construire une dépendance. Les ouvriers, comme d'habitude, étaient partis en laissant passablement de désordre, et, notamment, le terrain de la propriété était parsemé de débris de verre, dangereux surtout pour les nombreux enfants des pensionnaires.

- C'est que les ouvriers n'ont aucun sentiment de responsabilité! s'écria une maman.

- Les ouvriers seulement? demanda quelqu'un. Sans l'entendre la dame continua: ils savaient pourtant que les enfants s'amusent dans le sable! Mais croyez-vous qu'un seul ait pensé à ramasser ces débris de verre? Bah! pourvu qu'ils aient leur paie, ils se fichent pas mal du reste. Ils sont comme cela.

- Eux seulement? redemanda la même voix.

Il s'en suivit une conversation pendant laquelle on discuta longuement sur les moyens de développer le sentiment de la responsabilité. A la fin, le débat prit un tour tout à fait philosophique, ou même la Bible et la question du libre arbitre entrèrent en jeu.

En attendant le sable restait parsemé de débris de verre, point de départ de cette discussion, mais dont on ne semblait plus s'inquiéter beaucoup.

La conversation n'avait pas l'air d'intéresser spécialement un des pensionnaires, un marchand de bois, vieillard célibataire, qui finissait son repas en silence.

Mais après le dîner, il s'en alla tout seul inspecter le terrain, puis se mit à ramasser les débris de verre. Les enfants furent les premiers à l'apercevoir. Ils ne tardèrent pas à suivre son exemple. Ça les amusait. Sans qu'il les avertît, ils étaient assez prudents pour ne pas se couper les doigts.

Arrivent les adultes, messieurs et dames. Ils se contentent de contempler le spectacle.
«Ne te coupe pas, Marianne!» s'écria une maman. Le vieillard se mit à sourire, comme s'il pensait: «En voilà une qui va se couper, car sa maman lui a enlevé sa confiance». C'est ce qui arriva: Marianne se coupa.

«Voilà ce que c'est, fit maman, ce n'est pas un travail pour les enfants. Viens ici ma petite!» Et elle s'éloigna avec Marianne pour laver le doigt saignant.

Cette maman avait sa pédagogie à elle.

Une deuxième maman fit autrement. Elle se mit à ramasser aussi, d'abord timidement, puis avec de plus en plus de zèle. Oubliant sa position, sa situation sociale, même sa robe, ne pensant ni à la valeur morale de ce travail ni à la responsabilité personnelle ou générale, ni même à la Bible ou au libre-arbitre.

Elle ne pensait à rien. Elle s'amusait seulement à ramasser ces débris brillants dans le sable; elle était devenue «comme les petits enfants»; elle était un enfant, elle jouissait, comme un enfant, de faire quelque chose, et aussi de voir le résultat de son travail.

L'un après l'autre, les adultes suivirent, quelques uns en s'excusant: «On était à la campagne, n'est-ce pas!» A la fin de l'après-midi, tout le terrain fut nettoyé. Et tout le monde s'était amusé. Les enfants regrettèrent même que ce fut fini.

Telle est la simplicité de l'éducation . Ce vieux marchand de bois célibataire nous avait fait un cours de pédagogie.









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