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Souffrance et joie
Les fragments qui suivent sont extraits d'un recueil de lettres qui vient de paraître sous le titre: «Mme E. Pieczynska: Ses Lettres». (Delachaux, Neuchâtel). Nous recommandons vivement ce volume à nos lecteurs. On y sent palpiter une âme qui a cherché, lutté, souffert, mais qu'aucune épreuve n'a pu abattre et qui s'est élevée toujours plus haut vers les sommets de la vie spirituelle.
La première de ces lettres est adressée à une amie qui, comme Mme Pieczynska elle-même, était atteinte de surdité.
... Oui, c'est dur pour vous, chère B., de vous sentir empêchée de participer aux réunions comme vous pourriez le faire sans cet obstacle! C'est dur... et pourtant, ma chère fille, cette croix spéciale qui est la nôtre peut devenir un instrument de bénédiction particulière. En la portant fidèlement, bravement, sans rechigner jamais, nous pouvons, sans paroles, aider les autres à porter les leurs. C'est la science suprême de cette école qu'est la vie: apprendre à souffrir. Tous doivent y faire leur apprentissage. Une expérience telle que la nôtre peut donner certaines qualifications pour comprendre autrui, d'abord, et ensuite pour lui venir en aide. C'est une sorte de sacerdoce, d'autant plus efficace que la prédication n'en est pas parlée. Ceux qui sont appelés à prêcher, les pasteurs par exemple, n'ont en réalité d'influence que dans la mesure de l'exemple manifesté par leur vie. A défaut de cet exemple, leurs exhortations sonnent creux et ne «prennent» pas. Au contraire, l'exemple à lui seul agit, même s'il n'a que très rarement l'occasion de s'accompagner de paroles.
Etre chargé d'une croix spéciale, c'est être élu à un ministère secret, d'autant plus efficace qu'il est secret. Le monde a besoin de ces vocations-là, un besoin intense, poignant, urgent. Il faut que Dieu choisisse ses candidats pour ces postes de confiance, qu'il les prépare longuement, patiemment, dans la solitude du tête-à-tête avec Lui. Au bout d'un long temps, Il leur donne quelques occasions de s'exercer à la pratique, mais le plus souvent sans qu'ils s'en rendent compte, car c'est le plus beau caractère de cette vocation que de s'exercer inconsciemment. Parfois, très exceptionnellement, Dieu leur accorde un petit coup d'oeil sur le service qu'ils ont pu rendre, pour les encourager. Le reste du temps, il faut qu'ils se contentent de savoir à quoi ils sont appelés et de le faire jour après jour. C'est ce que vous faites, ma chère fille, en toute modestie, je le sais et je le vois bien. Un jour, peut-être, quand vous serez dans la lumière surnaturelle «à Ta lumière, nous voyons la lumière» - vous verrez que ce travail fidèlement accompli a été de plus de valeur en ce monde que toutes les activités intellectuelles, artistiques, politiques, sociales - et très humblement vous rendrez grâce d'avoir été jugée digne d'y être appelée. Ne croyez-vous pas que je dis vrai?
... J'espère... que vos doutes se sont dissipés quant à la valeur et au prix réels de la joie? Ce que je vous ai dit du prix de la souffrance n'exclut pas cela! ...
N'allons pas... laisser s'obscurcir nos joies, nous reprocher les bénédictions qui nous sont échues - ce serait tarir la source des biens que nous voulons partager. Ah! non! respirons profondément dans les bonnes heures, aspirons la beauté, la paix, l'harmonie quand elles s'approchent de nous. Vivons le bonheur, aussi pleinement qu'à d'autres heures nous vivons la souffrance - car tout cela nous fait une âme humaine à donner, une âme telle qu'il en faut à nos frères et à nos compagnons de route.
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