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L'enfant heureux

Est-il quelque chose de plus beau qu'un enfant heureux? Pour moi je ne sais rien qui me touche davantage, qui me donne plus de joie que la vue d'un enfant heureux. Lectrices, avez-vous été des enfants heureuses?

Moi je l'ai été jusqu'à l'âge où un enfant d'ouvrier commence à connaître les soucis de ses parents. Et quand je me demande: De quoi était fait mon bonheur jusqu'à dix ans? j'aperçois l'amour tendre de ma mère et sa gaîté, l'amour moins expansif et pourtant facilement ému de mon père; je me souviens de mon implicite confiance dans l'honnêteté, la droiture, la sincérité, la fidélité de mes parents.

Je sais aussi que jamais dans notre modeste logis, les deux petites filles n'ont entendu un mot grossier, et que les médisances, la critique des voisins n'avaient aucune place dans les conversations.

Je me souviens d'avoir désiré avec une délirante ardeur l'Histoire de Cadichon, une boîte de couleurs, et un certain petit manteau à capuchon; et il fallait attendre des mois et des mois - les mois étaient très longs dans ce temps-là - jusqu'à Noël, pour recevoir enfin dans l'extase l'objet merveilleux.

Maman avait dit: «N'y compte pas trop. C'est un peu cher pour nous. Tu n'es pas une petite fille riche comme Elvina. Il faudra voir comment va l'ouvrage...» Mais dans le ton de ces paroles, il n'y avait rien qui pût nous instiller le poison de l'envie. Elvina était riche, nous ne l'étions pas, c'était un fait naturel, comme d'être brune ou blonde.

Je sens bien maintenant que le bonheur de mon enfance était fait de cette paix où elle baignait. Il n'y avait aucun remous de méchanceté ni de jalousie, d'aigreur ni de défiance, dans l'atmosphère qui enveloppait les enfants. Pour moi, les grandes personnes étaient parfaites et indiscutables, bien que parfois incompréhensibles.

Et je me dis qu'en somme, le bonheur d'un enfant est fait d'éléments fort simples que chaque maman possède et peut donner.

La tendresse d'abord, ah! il en faut. L'enfant qui s'est blotti au creux de l'épaule, sur le sein de sa maman, qui a senti le bras maternel le serrer bien fort, qui a vu de tout près ce sourire tendre, cet enfant en gardera la douceur jusqu'à la fin de sa vie. Il entendra toujours le petit nom que sa maman lui donnait et l'accent qu'elle y mettait; quand il rentrait de l'école, ce n'était pas un mot indifférent qui l'accueillait, mais une question, une sollicitude et un baiser.

Très peu de mères n'aiment pas leur enfant - même y en a-t-il? - seulement elles ne sont pas toutes tendres; quelquefois elles ne savent pas l'être, ou bien elles n'osent pas... Elevées durement, la tendresse s'est figée en elles...

Ah! cette excellente mère, que j'ai connue, dévouée, pleine de mérite, et qui n'avait jamais pu prononcer ce mot: «Mes chéris!». Un jour, elle pensa tout à coup: «Si je mourais demain, mes enfants sauraient-ils que je les aimais?...» Alors elle fit un effort inouï, elle s'arracha le mot: «Mes chéris!», puis elle sortit, trop émue pour dire autre chose, mais elle put entendre son petit garçon murmurer à sa soeur: «Hein! c'est chic, quand maman nous dit mes chéris!».

Vraiment, ce n'est pas tout à fait assez d'aimer, il faut savoir le dire; on n'a pas d'argent à laisser à ses enfants, mais on peut leur laisser un baume de tendresse et un parfum qui les accompagnera au long des années.


T. Combe l'infatigable défenseur des bonnes causes nous autorise à reproduire ces pages. Elles sont tirées de la feuille populaire Notre Samedi Soir que nous recommandons.









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