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Distraction - Inattention
La plupart des observations suivantes sont extraites du volume que L. F. F. Gauthey consacre à l'éducation; elles concernent principalement le travail intellectuel mais peuvent s'appliquer aussi au travail manuel auquel certains enfants ont de la peine à s'astreindre, et à tous les apprentissages.
L'extrême mobilité de certains enfants est une des difficultés que rencontre l'éducateur. Il faut se souvenir que tout acte d'attention exige un effort; si l'on demande à un enfant de s'intéresser à ce qui sort du domaine matériel, cet effort lui coûte beaucoup et cela est naturel, mais bien des hommes faits restent à cet égard enfants toute leur vie.
Il importe donc tout en n'exigeant d'un enfant que l'attention dont il est capable, de ne pas lui laisser prendre de mauvaises habitudes qui causeraient dans la suite de très grands désagréments à lui-même et à ceux avec lequels il sera appelé à vivre. Nul ne peut dire ce que le distrait fait perdre de temps et de force, ce que lui coûtent ses étourderies, à quelle épreuve de patience il met son entourage.
Distraction et inattention ne sont pas toujours synonymes.
Ce qu'on appelle distraction n'est souvent qu'une attention tellement concentrée sur un objet qu'elle laisse l'esprit dans une sorte d'insensibilité pour toute autre chose. C'est la distraction des penseurs.
D'autre fois, la distraction n'est que le défaut d'un esprit qui glisse sur tout et ne se fixe sur rien.
Chez d'autres enfin, la distraction est une sorte d'absence de l'esprit, qui nage dans le vague, qui rêvasse, sans avoir aucune idée distincte. Le distrait a l'air d'être profondément absorbé dans ses pensées, mais demandez-lui ce qui l'occupe, et il semblera que vous le réveillez comme d'un songe.
La première espèce de distraction est indispensable lorsqu'on se livre à des recherches difficiles. On peut se demander cependant si cette distraction des savants, des intellectuels n'est pas trop souvent pour eux une mauvaise excuse pour se libérer de petits devoirs ennuyeux peut-être, mais auxquels tous les membres d'une famille doivent se soumettre pour le bon ordre qui fait, il faut le reconnaître, une partie du bonheur.
Respectons donc la tranquillité des jeunes travailleurs, mais lorsqu'ils ont quitté leur table de travail demandons-leur de petits services et surveillons-en l'exécution ponctuelle. Laissons-leur aussi supporter les conséquences, même graves, de leurs irrégularités: rendez-vous manqués, paletots ou parapluies perdus, livres égarés, mécontentement d'un professeur ou des grands-parents, voire même taquineries des frères et soeurs, sont autant de leçons qui ne porteront leurs fruits que si on les laisse se renouveler aussi souvent que cela est nécessaire.
Les mères sont très souvent tentées de penser pour leurs fils, de faire elles-mêmes ce qu'ils ont oublié; elles leur rendent ainsi un très mauvais service.
C'est dans la première jeunesse qu'il faut combattre la disposition qu'ont certains enfants à papillonner, à sautiller, à sauter d'un sujet à l'autre, mais au commencement il ne faut pas tenter de fixer longtemps leur attention. Si une première fois vous ne l'obtenez que quelques minutes vous prolongerez un peu la seconde leçon.
Au début éloignez l'enfant de ce qui pourrait le distraire, ne lui donnez pas une leçon dans la chambre où ses frères et soeurs s'amusent et font du tapage. Son esprit et son coeur seraient avec eux et vous ne seriez pas écouté.
Une fois qu'il a pris goût à l'ouvrage, on peut fortifier son attention en le faisant travailler quelquefois au milieu du bruit et des causeries, cela l'obligera à un effort plus grand. Il ne pourra d'ailleurs pas toujours avoir à sa disposition une chambre d'étude; il faut donc qu'il apprenne à ne pas se laisser distraire par ce qui l'entoure.
Si un enfant persiste dans son inattention cherchez-en les causes pour découvrir le remède qui doit le guérir.
S'il est inattentif par défaut d'intérêt pour les leçons, occupez-le d'abord de ce qu'il aime et venez par degrés à du plus difficile.
S'il est inattentif par suite d'une mauvaise habitude prise, changez complètement de méthode, rompez la routine dans tous les sens, commencez un travail tout nouveau.
S'il est inattentif par suite de mobilité, de légèreté, diminuez le nombre de ses occupations. Ne lui donnez qu'un seul livre, une seule gravure, un seul jouet à la fois, et exigez qu'il vous rende compte de ce qu'il a vu et entendu. Mais graduez les difficultés; contentez-vous, pour une première fois, de faire observer un objet à un seul point de vue. S'il s'agit d'une fleur, que l'enfant remarque d'abord sa corolle, ses divisions et son riche coloris; une autre fois l'intérieur, de la fleur, le pistil, les étamines et le parfum; puis successivement la tige, les feuilles, les racines etc. En procédant ainsi l'enfant ne s'apercevra pas des difficultés.
C'est par de petits progrès journaliers qu'on arrive à accomplir les plus grandes choses. Le défaut de la plupart des maîtres et des élèves c'est- de vouloir tout achever en une fois.
Si l'inattention provient de simple mollesse et qu'il n'y ait pas là une faiblesse corporelle qu'il faudrait faire traiter, obligez l'enfant à des exercices du corps, entourez-le de camarades actifs, qui le stimulent et l'encouragent; faites lui des questions directes, qui fassent appel à son activité; placez-le dans quelque situation difficile qui l'oblige à réfléchir, à agir, à développer une certaine énergie.
Il ne faut pas craindre d'exiger des efforts et de présenter l'attention comme étant un devoir. C'est ce qu'a si bien compris le génial fondateur du mouvement des éclaireurs, Baden Powel.
Pour que l'attention devienne facile et soutenue il faut qu'elle soit sous la discipline d'une volonté étiergique et persévérante.
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