Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Semailles

Tout éducateur est un semeur. Dans le plus humble, le plus pauvre ménage, une oeuvre est poursuivie dont l'influence s'étendra jusque dans l'éternité. Voyez ce père, cette mère, sous le regard et avec le secours de Dieu, ils sont parvenus à bien élever leurs enfants; n'eussent-ils fait que cela, ils n'auraient pas perdu leur vie.

Je ne sais pas à quel âge précis la mère parlera de Dieu à son enfant; je sais qu'avant de lui en parler elle le lui fera sentir, elle le lui montrera en quelque sorte. Le tout petit enfant verra déjà sa mère agenouillée près de son berceau, il suivra ses regards tournés vers le ciel il y aura du ciel dans ses premières pensées, il respirera une atmosphère tout imprégnée de piété.

Les mères chrétiennes, qui croient que le but suprême de l'éducation c'est le salut de leur enfant, ne s'occupent guère à discuter des théories. Que Rousseau ait fixé à 6 ans l'âge avant lequel les questions religieuses ne doivent pas être abordées, qu'ailleurs il ait voulu supprimer d'une manière absolue l'action religieuse des parents, elles ne s'en inquiètent pas. Leur théorie à elles consiste à suivre l'impulsion de leur conscience et de leur coeur. Ce qu'elles ont de plus précieux, elles ne le donneraient pas tout de suite à leur enfant! Elles attendraient froidement l'heure où les faiseurs de systèmes les autoriseront à guider vers le Sauveur ces âmes bien-aimées ! Elles retarderaient le jour où se joindront ces petites mains, sous prétexte que certaines notions théologiques ne sont parfaitement comprises que plus tard !

N'en croyez rien. Elles connaissent l'être si faible et si borné auquel elles s'adressent, elles suivent un à un ses développements et se mettent toujours à sa portée. Elles lui tiennent un langage qui est toujours entendu. Si vous pouviez lire comme elles ce qui se passe dans l'intelligence de l'enfant, vous seriez étonné de voir avec quelle sûreté les idées s'y forment; il conçoit déjà que Dieu est bon, que Dieu est puissant, que Dieu est toujours là et qu'il l'écoute lorsqu'il s'adresse à lui.

Avoir prié auprès de son enfant d'abord, puis avec son enfant, cela est immense. Non seulement on a obtenu pour lui beaucoup de bénédictions mais on lui a fait faire, dans les circonstances les meilleures, son premier cours de religion. Ce sera le plus important, d'ordinaire; rien dans sa vie ne pénétrera si avant, n'exercera une action si intime, si profonde. La théologie des mères n'est pas irréprochable; cependant à tout prendre, elle vaut bien je suppose, la théologie des docteurs. Ce Dieu vraiment père, ce Dieu qui aime, qui écoute, qui protège, ce Dieu penché vers les petits, c'est bien le Dieu vivant et vrai de l'Evangile.

Dans les maisons où l'on élève les enfants et où l'on connaît le prix de leurs âmes, quelque chose de sérieux se mêle à l'existence entière. Et ce sérieux n'y est pas l'ennemi qui vient menacer les joies naïves de la jeunesse. C'est un visage ami que chacun connaît, avec lequel chacun a vécu, et qui n'effarouche personne. Loin de mettre en fuite la gaîté et les plaisirs honnêtes, il les appelle et les encourage. L'âme loyale est aisément gaie et nous ne goûtons jamais mieux la joie que quand nous nous sentons au droit chemin.

Comment en venons-nous à redouter les idées sérieuses ?

Comment se peut-il que pour être heureux nous ayons besoin de ne pas penser à Dieu, à notre âme, à l'éternité ? Ah ! si vous voulez que votre vie soit désespérément triste, ôtez-en précisément ces pensées là. La vie sans sérieux, la vie qui se compose de quelques jours plus ou moins misérables et qui aboutit brusquement à la mort, la vie où les douces espérances et les grandes perspectives font défaut, vie où l'on tue le temps, où l'on fuit la vérité, où l'on se fuit soi-même, la vie qui n'a ni but, ni sens, ni intérêt, ni saveur, voilà ce qui est lamentable, ce qui glace l'élan, ce qui brise ou éteint le coeur.

Et les enfants, les jeunes gens l'éprouvent aussi bien que nous. De toutes les sottises qui ont cours la plus inepte c'est la théorie qui veut qu'on écarte le sérieux des premières années, afin de leur laisser leur charme. Les fraîches jeunesses sont celles où Dieu est. Le soleil, que je sache, n'attriste pas le printemps. Qu'il est beau le printemps de la vie, lorsque le soleil d'en haut l'échauffe, lorsque les regards en se fixant sur le ciel bleu s'essayent à pénétrer dans les profondeurs radieuses de l'infini !

Je ne veux rien cacher d'ailleurs; la piété en entrant chez nous amène aussi des tristesses avec elle, de bonnes et saintes tristesses. Il est une façon sentimentale de la considérer qui, ne lui laissant que sa douceur, lui enlève sa puissance; la religiosité donne des émotions et n'impose ni luttes ni sacrifices, la religion est chose plus grave. Or, nous parlons ici de la religion. Elle demande à tous, aux jeunes comme aux vieux, ce travail cette lutte contre le mal, qui ne va pas sans blessures. Elle nous contredit, elle nous gêne, elle nous humilie, elle nous attriste; comment n'en serait-il pas ainsi ? Les oeuvres profondes sont des oeuvres douloureuses, et pour changer le coeur il faut bien le chagriner un peu.

Mais cette bataille-là est le fondement de la vraie paix, mais cette tristesse-là est la source de la vraie joie. Entrez chez ceux qui se sont virilement engagés dans le sentier de l'éducation chrétienne, vous trouverez des enfants pleins d'entrain et de sève; la vie ne leur paraît pas moins belle pour être mêlée de devoirs, l'avenir ne leur semble pas moins brillant pour aboutir à l'éternité. Au-dessus de la terre ils voient le ciel, et la terre n'y perd rien. Ils respirent un air fortifiant, ils marchent dans la vérité, il fait clair autour d'eux. Je vous assure qu'ils sont bien enfants, que leurs rêves et leurs illusions dorées leur font cortège, qu'ils prennent feu pour leurs plaisirs, que leur rire s'entend de loin. L'Evangile, encore un coup, est venu transformer et non mutiler.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève