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La leçon de Dani

Le temps des miracles n'est pas passé.

Il n'y a qu'à ouvrir les yeux, réfléchir un peu sur ce qui se passe autour de nous, chez nous, et on est tout de suite forcé de reconnaître qu'il s'en fait encore de nos jours.

J'en connais un, très réel, en matière d'éducation et qu'il n'est peut-être pas inutile de signaler.

Que nos enfants sachent faire quelque distinction entre le bien et le mal, qu'ils aient une certaine notion du vrai et du faux, du juste et de l'injuste cela tient bien un peu au miracle, étant donné la façon dont nous nous y prenons avec eux.

Leur donnons-nous l'exemple de toutes les vertus que nous voudrions leur voir pratiquer ? La question est superflue. Aussi n'est-ce pas de cette inconséquence de notre part que je veux parler, mais de cette déplorable habitude à laquelle nous cédons si souvent, cette terrible manie de gronder pour un rien beaucoup plus que pour une chose sérieuse, de punir pour une maladresse, un accident, avec bien plus de sévérité que pour une désobéissance, un manque de droiture.

Un mensonge! Une désobéissance! Certainement nous trouvons cela très mal en théorie, mais au fond il n'est pas si sûr que nous ne préférions de tels méfaits a un manque de soin ou de propreté. Pensez donc, aussi. Un petit mensonge, cela ne laisse de trace visible nulle part, tandis qu'un accroc à un habit neuf, cela en laisse beaucoup.

Oh ! ces gronderies interminables à propos d'un verre cassé, d'un encrier renversé, ces récriminations, ces criailleries à cause d'une tache ou d'un accroc! Qui pourrait dire tout le mal qu'elles font, le trouble qu'elles peuvent jeter dans ces âmes neuves qui nous sont confiées. Le mal, le péché ... mais comment voulez-vous que nos pauvres petits en aient une conception réelle et vraie, en comprennent la gravité, l'importance, alors qu'une maladresse, un accident dû à la petite main encore inhabile, soulève bien un autre orage qu'une désobéissance, un mal grossier.

Comme si cela ne nous arrivait pas à nous-mêmes de casser, ou renverser ... à nous dont les mouvements sont pourtant plus calmes, et dont les mains plus exercées doivent être nécessairement plus adroites et plus sûres.

Oui, certainement, cela nous arrive; et pour moi je n'oublierai pas certaine leçon reçue à ce sujet de la bouche de mon dernier enfant, mon petit Dani.

Je venais de laisser choir sur le parquet une jardinière de porcelaine à laquelle je tenais beaucoup, et je considérais mon ouvrage d'un air rien moins que réjoui, lorsque mon petit garçon qui jouait dans la chambre voisine, attiré par le bruit, accourut sur le théâtre de l'accident. Pauvre petit Dani! La veille je l'avais grondé bien fort pour un sucrier cassé, et il avait beaucoup pleuré. Que devait-il penser maintenant, me voyant coupable d'une catastrophe autrement plus sérieuse ? je me le demandais tout en ramassant piteusement les morceaux de porcelaine épars sur le plancher, lorsque je l'entendis tout à coup soupirer profondément.

"Qu'as-tu donc, Dani", lui demandai-je un peu intriguée et inquiétée de son air pensif. Est-ce à cause de la jardinière que tu soupires ?

Il secoua la tête gravement.

"Oh ! non, dit-il, c'est seulement que je pensais . . . Il s'arrêta, réfléchit encore un peu. Comme tous les penseurs, Dani n'est pas bavard, et puis à cinq ans, n'est-ce pas, on n'est pas encore très habile à démêler ses idées et à les exprimer. Il se tut, baissa la tête et parut se plonger dans une nouvelle méditation.

J'insistai pourtant. Les idées de Dani valent quelquefois la peine de voir le jour; et je ne sais quel instinct secret m'avertissait qu'il s'agissait dans ce cas d'une réflexion peu commune.

- Que pensais-tu donc, Dani ?

Cette fois il leva sur moi son beau regard d'enfant, limpide sérieux, mais où il me sembla lire comme une sorte de reproche muet.

- Oh! dit-il enfin, le pensais que c'est bien heureux les mamans . . .

- Pourquoi donc ?

- "Ça" n'a personne pour les gronder quand "ça" casse !

Il soupira encore, mais pour cette fois je n'en demandai pas davantage; la leçon me suffisait. Je l'empochai en silence, me promettant à part moi d'en profiter et d'être un peu moins sévère à l'avenir.









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