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Parents et enfants
"On peut mal user des choses les meilleures". Cette phrase de T. Combe nous est venue à la mémoire en pensant au conseil si judicieux de Ligthart: L'enfant doit être libre de dire sa vérité(1). A laisser ainsi la bride sur le cou des enfants, on risque fort de voir décliner le respect, tandis que l'esprit critique, la médisance, les "potins" sont le fond des conversations.
Comment garder un juste équilibre?
Seuls les parents, qui sont maîtres de leur langue, qui savent juger, critiquer même avec amour et indulgence, sont capables de maintenir leur autorité dans la liberté, et, même à ceux-là, il arrive d'établir quelques règles restrictives.
Pour les uns, il y a des mots méchants ou grossiers, des tournures de phrases irrespectueuses qu'il est interdit de prononcer. D'autres diront avec l'auteur déjà cité: "Le bien qu'on sait, il faut le dire. Le mal qu'on sait, il faut le taire (sauf obligation formelle). Le mal qu'on suppose, il faut en attendre la preuve. Le mal qu'on nous révèle, il est fâcheux de le propager plus loin. Là où il y a une tache, pourquoi mettre un trou?" D'autres encore, ne permettront pas qu'on discute de toilette ou de nourriture.
Les parents doivent écouter l'enfant qui a quelque chose à raconter, le laisser émettre son opinion et lui donner le temps de la défendre en toute liberté, mais que ce soit dans le tête-à-tête plutôt que devant témoins.
Veillons à ce que la critique, l'esprit de contradiction, le besoin d'avoir raison ne gâtent pas notre vie de famille et encourageons, autant qu'il est en notre pouvoir, l'agréable causerie, les récits, les bonnes plaisanteries.
"Mon neveu n'a pas encore le don de nous communiquer ce qu'il fait ou ne fait pas. Il ne cherche pas à nous cacher l'emploi de son temps, mais il a cette paresse d'esprit qui empêche de faire connaître un peu aux autres ce qu'ils ne savent pas.
C'est un beau don que ce besoin de communiquer quand il est accompagné de tact; on ne saurait croire combien de choses nous laissons perdre pour n'avoir pas cultivé cette faculté. Certes, ce n'est pas du commérage que je parle, c'est bien plutôt l'antidote du commérage, c'est le beau don de se donner les uns aux autres tout ce qui a quelque valeur dans nos pensées, nos observations, dans l'instruction journalière que nous puisons dans la vie ou dans les livres; c'est de nous juger dignes mutuellement de ces sortes de communications."
Nous nous associons tout-à-fait à ces réflexions, mais n'oublions pas que les enfants sont très communicatifs à un certain âge et réservés, impénétrables plus tard. Quelquefois, on peut attribuer ce manque d'expansion à la manière peu encourageante dont on les a écoutés quand ils étaient de petits "bavards", le plus souvent ce n'est que le résultat tout naturel de leur développement intérieur. Trop presser les confidences dans ces moments-là, c'est faire plus de mal que de bien. Respectons la pudeur des sentiments.
Evitons les manques de tact et attendons avec patience l'heure d'intimité qui viendra d'autant plus sûrement que nous ne l'aurons pas provoquée dans une hâte maladroite. Nous ne saurions croire assez à la sensibilité délicate de l'enfance, qu'il faut éduquer sans la froisser jamais. Le meilleur moyen de faire naître ou renaître la confiance, ce sera d'en donner l'exemple en partageant avec nos jeunes nos propres sujets d'intérêt et même nos préoccupations.
(1) Voir le numéro de décembre de Aux Mères.
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