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(Sans titre)
Ce que nous contrarions le plus souvent et choquons tous les jours dans l'enfant, c'est son sérieux. Je ne serais pas étonné que cette remarque surprit plus d'un lecteur. Car il y a, hélas! un mur épais entre l'état d'âme de la plupart des adultes et celui de l'enfant. Nous ne prenons pas l'enfant au sérieux. Il est entendu que ce qui le concerne est insignifiant. Cela se borne à quelques petits événements miniature, des choses qui se passent là-bas, bien loin de notre hauteur, où se déroulent les faits seuls conséquents. C'est enfantin, c'est une bagatelle, ce n'est rien, dit-on tous les jours. Oh! gens de courte vue, de sentiments obtus, âmes ossifiées que nous sommes! Comme avec nos lourds souliers, nous piétinons les fleurs gracieuses de ce jardin de Dieu, qui s'appelle un coeur d'enfant! Nous nous trouvons sérieux, nos affaires sont les grandes affaires, celles de l'enfant ne sont que jeux et puérilités. Mais nous nous trompons. Personne n'est plus sérieux que l'enfant. Ni le négociant qui fait ses comptes, ni le juge qui prononce des arrêts, ni le sage méditatif, ni le croyant en prières n'est plus sérieux que lui. On pourrait dire: sérieux comme un enfant. Regardez ces yeux ouverts, francs, attentifs, qui nous fixent, boivent nos paroles et disent qu'ils croient, qu'ils ont confiance, et puis allez leur comparer la création matérielle et la création spirituelle. Vous ne trouverez rien de pareil à ses yeux. Ce n'est pas pour rien que le Christ, devant les scribes, les pharisiens, les disciples et les apôtres, devant tout ce que le monde des adultes offre de plus imposant, de plus solennel, comme aussi devant toutes ces vieilles hypocrisies et ces roueries barbues, a prononcé un jour cette parole: "En vérité, je vous dis que si vous ne changez et ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez point au royaume des cieux".
Prenons l'enfant au sérieux. Ne nous jouons pas de lui, ne nous moquons pas de lui, ne rions pas de ce qui l'étonne, l'indigne, l'attendrit. Pensons à ce contraste; d'un côté, le monde immense, prodigieux, et en tant de façons méchant, corrompu, stupéfiant; de l'autre côté, les yeux de l'enfant, vierges, innocens, purs. Pensons à ce contraste et ayons pitié. Cela nous fera passer un peu notre orgueil de grandes personnes et nous guérira de notre frivolité.
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