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Jouer pour grandir

Dis-moi comment tu as joué, je te dirai qui tu es. Le jeu fait grandir les enfants et sociabilise les adultes. Il est un pont entre la réalité et notre imaginaire.

Tout le développement de l’individu passe par des phases de jeu qui correspondent à des apprentissages indispensables de l’existence. Par exemple, le droit à l’erreur et l’expérience de l’échec. Lorsqu’on est confronté à l’échec, on a deux possibilités: soit on renonce à sa tentative, soit on rit parce qu’on est capable d’un recul ludique par rapport à sa propre situation. Si on rit, on est capable de recommencer. Le jeu est révélateur de la capacité d’adaptation d’une personne.

Quand un enfant joue au docteur ou qu’il manipule des monstres, il apprend à surmonter ses craintes, s’adaptant à la réalité par le biais du jeu. C’est un processus semblable à celui du rêve, lorsque nous transformons en images les choses qui nous préoccupent. Le jeu est une adaptation au monde du possible. Il est toujours symbolique. Certaines activités ludiques existent depuis l’aube des temps, comme les jeux de construction. Autrefois l’enfant entassait des pierres ou des bouts de bois comme aujourd’hui il empile des Lego. Que fait-il? Il simule la construction de sa maison. Il représente le foyer, la sécurité et se prépare inconsciemment à faire son nid plus tard.

Dominer ses angoisses

Le psychanalyste Bruno Bettelheim a consacré une partie importante de son oeuvre à la signification du jeu dans l’aventure humaine. Il rappelle notamment que jusqu’à une date récente les adultes comprenaient instinctivement le jeu des enfants et s’y livraient eux-mêmes avec plaisir.

Par exemple le jeu de colin-maillard, qui a longtemps constitué un divertissement très apprécié, quel que soit l’âge des participants. Cité pour la première fois il y a six cents ans, ce jeu a été évoqué plus tard par Shakespeare dans «Hamlet», ainsi que par Dickens et Rabelais. La peur du noir est la plus ancienne des terreurs éprouvées par l’homme et les enfants sont angoissés à l’idée qu’ils pourraient se perdre dans le noir. Des jeux comme colin-maillard reproduisent cette expérience d’une manière plaisante et permettent à l’enfant de sentir qu’il peut dominer l’angoisse de l’obscurité.

Ce que l’enfant apprend de plus important par le jeu c’est que, lorsqu’il perd, le monde ne cesse pas d’exister. S’il perd une partie, il pourra gagner la suivante. Mais pour qu’il puisse apprendre cela, ses parents doivent insister sur le plaisir du jeu et lui faire comprendre que le fait de perdre ne constitue pas une infériorité personnelle, de même que le fait de gagner n’indique pas une supériorité.

Autre valeur des activités ludiques: le plaisir qu’elles procurent au corps et à l’esprit. Le jeu partagé, précise Bettelheim, donne une des grandes satisfactions de la vie: celle de bien fonctionner avec autrui.

S’adapter à la réalité

Un aspect non négligeable de l’apprentissage lié au jeu est la possibilité d’essayer de mettre en scène ses fantasmes... Elle oblige l’enfant à accepter ou à fixer lui-même des limites. Il peut jouer à être un roi, à condition que ses camarades de jeu acceptent de faire semblant eux aussi. Et ces derniers n’accepteront que si le roi ne se conduit pas en despote tyrannique!

Le jeu est une tentative d’appréhender le monde des adultes. Un gosse joue à l’épicier, à la poupée, à conduire une voiture, à imiter ses parents. Mais l’enjeu est plus important: il s’agit de concilier le monde imaginaire et le monde réel. Ainsi, lorsqu’il construit une tour avec des cubes de bois avant de la démolir, l’enfant n’est pas simplement victime de pulsions destructrices. En construisant son édifice, il a dû s’incliner devant les limites imposées à son imagination par la nature des matériaux et les lois de l’équilibre. C’est en raison de sa révolte contre ces restrictions qui l’empêchent de matérialiser la tour de ses rêves que le gosse renverse les plots: une manière de réaffirmer sa domination sur un monde qui ne veut pas se laisser faire.

En imagination, il peut décider d’être tout-puissant. Mais s’il souhaite affirmer sa maîtrise sur son environnement réel, le voici obligé d’accepter un compromis entre son désir et la réalité.

La thérapie par le jeu

Le jeu est le monde naturel de l’enfant. Le comportement ludique peut refléter ses désirs et ses joies, mais aussi ses préoccupations ou des tensions inconscientes. Une manière douce pour le thérapeute d’entrer en communication avec l’inconscient des enfants. Cette méthode présente l’avantage, n’étant pas fondée exclusivement sur la parole comme l’analyse traditionnelle, de laisser l’enfant choisir son mode d’expression: jeux de rôle à l’aide de petites figurines, construction, dessin, théâtre de marionnettes, jeux de société.

A travers l’objet, un enfant peut aussi développer des aspects de sa personnalité qui sont encore en veilleuse. Ainsi la figurine sera capable de faire des choses que lui n’est pas encore en mesure de réaliser. A travers elle, il anticipe son développement. Quand un enfant joue avec la maison de poupée, il reproduit des images familiales qui sont l’occasion pour lui de représenter des situations vécues, d’exprimer ses propres sentiments.

Tous les jeux ont une signification symbolique. Même le Mikado, jeu d’adresse par excellence, est intéressant. Qu’est-ce qu’on y apprend? A déplacer des choses délicates sans que tout soit détruit. On retire ces fines baguettes d’un savant enchevêtrement... un peu comme si on retirait de notre psyché des éléments fragiles, un par un, sans que le reste s’écroule. En jouant au Mikado, l’enfant n’exerce pas seulement son développement cognitif, mais également son développement psychique.

Le respect des règles

Eminent spécialiste du développement de l’enfant, le psychologue Jean Piaget a montré combien il est capital pour la socialisation de l’enfant d’apprendre la règle du jeu. Entre un enfant qui joue seul à la balle et deux enfants qui s’amusent ensemble avec la même balle, il existe une différence de taille. Un gosse qui se distrait tout seul peut le faire selon sa fantaisie. Mais deux bambins sont obligés, pour que le jeu se poursuive, de se mettre d’accord sur les règles à respecter.

Sans règle du jeu il n’est pas de jeu de société. Avec leurs partenaires qui deviennent également des adversaires, les petits s’initient à la maîtrise des tendances agressives. Impossible d’y arriver du jour au lendemain. C’est le fruit d’une longue évolution, permettant de comprendre que les règles n’ont pas une signification abstraite, mais qu’elles sont la condition même pour que l’activité se poursuive dans de bonnes conditions. Une leçon de démocratie, en quelque sorte.

Les règles du jeu peuvent être modifiées, à condition que les participants soient d’accord. En observant des enfants, on constate qu’il passent un temps fou à choisir le jeu qui les occupera, puis à en discuter longuement les règles avant d’en distribuer les rôles. Au point qu’il ne leur reste plus beaucoup de temps pour le jeu proprement dit. Mais ils se seront perfectionnés dans l’art du consensus.









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