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Au fil de notre mémoire
Jouets antiques?
Dans l’antiquité, les amusements des petits Grecs et Romains ne différaient guère de ceux d’aujourd’hui. Certains symbolisaient très fortement l’appartenance de l’enfant à son sexe et à sa classe d’âge.
Grâce à l’étude iconographique des représentations figurées sur les sépultures d’enfants, grâce aussi aux objets retrouvés à l’intérieur des tombeaux, nous pouvons savoir aujourd’hui quels étaient les jeux des enfants dans l’antiquité. Ces témoignages directs complètent heureusement les descriptions littéraires et les témoignages des inscriptions funéraires; le recoupement des indices fournis par ces différentes sources permet de se faire une image assez précise d’un univers ludique qui n’est pas sans offrir de multiples ressemblances avec les amusements d’aujourd’hui.
Il s’agissait tout d’abord d’éveiller et de capter l’attention des tout petits en agitant devant eux des crécelles ou des figurines remplies de cailloux. Les hochets mis à jour lors de fouilles archéologiques ressemblent fort à ceux décrits dans nos manuels classiques de puériculture contemporaine. Un peu plus tard, lorsque l’enfant était à même de se tenir debout, il tirait derrière lui des animaux en bois ou en terre montés sur roulettes, puis il attelait les souris ou des poneys à des chariots en miniature.
Lorsqu’il s’amusait avec les autres, un roseau ou un camarade devenaient vite une monture idéale et c’était alors le temps des galopades à la poursuite d’une balle remplie de poils, de plumes ou de sable, d’une toupie en buis, d’un cerceau muni d’anneaux ou de clochettes, joliment qualifié de «babillard» par le poète Martial. Au repos, on jouait à «pair-impair» ou à «pile ou face». Les amusements des petits Romains étaient très proches de ceux des petits Grecs: élevés souvent par des nourrices grecques ou entourés d’esclaves de la même origine, les bambins de Rome n’ignoraient rien de la façon hellène de s’amuser.
Lorsqu’à 7 ans, le mode d’éducation changeait et se caractérisait par une différenciation sexuelle, deux jouets distincts accompagnaient garçons et filles jusqu’à l’adolescence. Certes, beaucoup de jeux se pratiquaient encore en commun et il arrivait très certainement aux frères et soeurs d’échanger leurs objets favoris. Mais jusqu’au mariage, la poupée servait d’emblème à la jeune fille (puella ou virgo). Bébés mous en chiffon, petites demoiselles nues ou habillées en terre cuite ou en cire colorée, poupées articulées en terre, en bois, en os ou en ivoire ont été retrouvées en nombre dans les tombes. Lorsque les filles sortaient de l’enfance, à la veille de leur mariage, elles offraient leurs poupées à Junon, mère des dieux et divinité du mariage, ou à Vénus, déesse de l’amour, manifestant par là qu’elles abandonnaient le monde du jeu.
Le jeu de noix, aux multiples variantes qui rappellent nos jeux de billes, caractérisait la pueritia des garçons entre 7 et 17 ans. Le poète Ovide, prêtant voix à un pauvre noyer fatigué d’être gaulé par tous les passants, énumère quelques-unes des possibilités offertes par ces fruits: visée, adresse et hasard se combinaient ainsi au gré de l’imagination enfantine. «Abandonner les noix», qu’il jetait symboliquement le long de son cortège nuptial comme d’antiques dragées, signifiait que le jeune homme quittait l’enfance. Cette association symbolique d’un amusement donné et d’une période de la vie était d’ailleurs tellement forte que dans toute l’iconographie le jeu de noix figure toujours la même tranche d’âge.
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