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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURAmour et mariage Rien n'est plus révoltant que les notions inspirées à la jeunesse sur l'amour en général; on divague sottement sur cette phase capitale de la vie; on la juge avec le plus souverain dédain, ou l'on craint d'en parler; aveuglés par des préjugés qui blessent toute morale, les parents laissent leurs fils flétrir leur jeunesse dans des écarts que rien n'excuse, et, avec une exagération opposée de pruderie, ils refusent à leurs filles (jusqu'à l'heure du mariage) tout échange de sentiment, toute communication avec le sexe auquel ils prétendent cependant les confier et dont ils veulent bien qu'elles dépendent entièrement. Etrange et inconcevable contradiction ! En résumé, on n'enseigne pas à la jeunesse, quel que soit son sexe, ce qu'il faut entendre par l'amour et le mariage; on sépare même la notion, que l'on veut donner du mariage, de cet idéal légitime que toute créature humaine aspire à rencontrer dans le sentiment qui doit l'unir à une autre. Si l'espérance de trouver un être digne d'être aimé préoccupe la jeunesse, les parents uniquement absorbés par le soin d'assurer des avantages matériels, s'efforcent de l'éteindre. En fait de liberté, la plus naturelle est d'aimer, et c'est la plus contestée. Les hommes ont dépravé, ont souillé l'amour, car ils ont fait de la femme non une fin, mais un moyen; ils ont fait du mariage une spéculation. La femme leur est indispensable; mais, quoiqu'on puisse dire, elle n'est pas aimée, car elle n'est pas respectée; elle n'est pas respectée, puisqu'elle n'est pas traitée en égale; le mariage est une combinaison d'intérêts, la femme un jouet passager, et une subordonnée toujours, Dans, ces conditions c'est mensonge de parler d'amour; voilà pourquoi on se tait, ou on le dénigre, ou on le nie. Nous, bien au contraire, parlons-en à nos enfants. Disons-leurs qu'aimer, c'est donner le meilleur de soi-même, c'est échanger des sentiments que l'on croit et que l' on veut éternels. Disons-leur que, des engagements souscrits par la conscience, celui qui est dicté par l'amour est de tous le plus sérieux; disons-leur que l'amour sincère et désintéressé est la seule condition du mariage, sa condition expresse, sans laquelle, quels que soient ses avantages prétendus aux yeux du monde, le mariage, nous oserons le dire parce que cela est vrai, n'est qu'une profanation! Que toute conscience droite s'interroge donc elle-même avant de se présenter au magistrat, et qu'elle vérifie scrupuleusement la sincérité des sentiments qui l'autorisent à nouer les liens sacrés qu'elle veut respecter. C'est la mère qui éclairera le mieux ces questions intimes et délicates que la fille ou le jeune homme lui adresseront, si elle a su les y amener par ses communications volontaires sur des sujets que les mères évitent avec tant de soin d'ordinaire. Ce qu'elles ont coutume de taire suivant la règle des convenances vulgaires, il faut qu'elle sache le dire avec simplicité, avec sincérité et aussi avec l'autorité morale que lui prêtent son expérience et sa tendre sollicitude. Nous avons, tout à l'heure, nommé l'amour: c'est à la mère surtout d'en parler à ses enfants. Son fils recevra de ses lèvres des avis, des principes élevés de justice, d'égalité et de respect à l'égard de l'autre sexe, que nul autre ne pourrait lui exposer avec la même force. |
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