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Familles recomposées ou pluricomposées

«La famille recomposée est une famille mosaïque. La mosaïque implique que l’on récolte de petits éléments, pour les assembler dans un second temps et en faire une oeuvre, un ensemble qui unifie les divers éléments. L’ensemble est d’abord morcelé, pour être ultérieurement recomposé.» (1)

«Il est important de préciser que toutes les familles recomposées ne sont pas le produit du 20ème siècle. Auparavant, il y avait beaucoup de veufs ou de veuves qui se remariaient par exemple, mais ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que ces familles naissent à la suite de la séparation ou du divorce des parents de la précédente famille.» (2)

Les périodes sensibles: le cycle de recomposition

«Vivre, c’est pour les groupes comme pour les individus, sans cesse se désagréger et se reconstituer, changer d’état et de forme, mourir et renaître. Et toujours ce sont de nouveaux seuils à franchir.» (3)

Si vivre c’est cela, alors ceux qui sont engagés dans la trajectoire d’une recomposition familiale vivent intensément!

«En effet, ils sont confrontés à une succession de transformations dont la première est inaugurée par la séparation ou le divorce auxquels succède, selon les cas, une période plus ou moins longue où l’enfant est seul avec un parent, le plus généralement avec la mère. Une seconde période sensible, génératrice de problèmes, est celle de l’intrusion d’un tiers (nouveau compagnon ou nouvelle compagne du parent). Un troisième temps est celui de la rencontre et de la recomposition des fratries lorsque chacun des partenaires a des enfants d’une union antérieure. Une quatrième période sensible est celle du mariage (lorsqu’il a lieu). Et un cinquième et dernier seuil est celui de la naissance d’un enfant du nouveau couple. Ce dernier temps est souvent vécu comme une étape irréversible couronnant en quelque sorte le cycle de la recomposition et marquant du poinçon de vraie famille, la famille recomposée.» (2)

Comment parents et enfants construisent-ils leur parenté?

«L’étude de ces parentés plurielles démontre que certaines questions sont présentes et relevées autour de trois grandes axes:

- celui du vécu angoissant dont il faut parler: «Quelque chose a changé entre Nagel (fils de ma nouvelle femme) et moi depuis notre premier entretien, dit un père. Parler avec quelqu’un de tout ça a réveillé quelque chose en moi et aujourd’hui, j’arrive à mieux m’entendre avec Nagel. J’arrive à mieux lui parler».

Il s’agit du côté des adultes de créer de la parenté, c’est-à-dire de régler des liens affectifs dans des structures de parentés non confuses et du côté des enfants de s’y retrouver dans les alliances et la filiation.

- celui de l’unité d’une famille, vécue comme famille-puzzle et morcelée, du côté des adultes, et les moyens mis en oeuvre pour structurer les relations: «Il y a trois noms de famille chez nous. C’est pas pratique, il n’y a pas assez de place sur la sonnette, alors je n’écris rien» dit une mère.

La sonnette ou la boîte aux lettres sont pourtant des lieux privilégiés où s’inscrit la trace symbolique de chacun de ceux qui constituent la famille.

- celui de l’appel à la différenciation généalogique chez les enfants: Julia (7 ans) fait une crise lorsqu’elle apprend qu’un petit frère va naître. Elle dit: «Mais alors lorsque j’irai chez mon papa, je ne pourrai pas emmener le petit frère? Et le bébé pourra dire papa à Baudoin, et moi pas?» (2)

La famille recomposée est confrontée à des questions complexes et elle se doit d’y répondre si elle ne veut pas se retrouver dans des liens compliqués. Plus ce qui est dit aux enfants est clair, plus cela est rassurant pour eux. A partir de là les enfants savent qu’ils sont autorisés à avoir des liens multiples et ils peuvent aussi choisir avec qui ils voudront avoir les liens les plus importants. Du point de vue de l’enfant, il faut aussi parler d’une richesse de relations, il peut devenir riche d’une nouvelle fratrie, d’un beau-père ou d’une belle-mère ainsi que de grands-parents. Dans son livre, Irène Théry parle de la parenté aux frontières de l’amitié. Elle dit que le beau-parent a des atouts: la confidence, la complicité.

Voici quelques citations qui illustrent cela:

«Je ne serai jamais ta mère, mais tu seras toujours mon enfant.»
«Je suis un peu papa, un peu ami.»
«Je l’appelais mon grand, je lui disais: je suis ta maman de coeur.»

La famille recomposée est-elle vraiment différente de la famille nucléaire (papa, maman et les enfants)?

«Nous avons noté la tendance générale des personnes interrogées à nier toutes différences par peur de se sentir marginalisées. Nous avons également ressenti de leur part une appréhension à parler de leur particularisme, comme si ce dernier allait être perçu en terme de problèmes. Nous pouvons nous poser la question suivante: pourquoi la différence est-elle si souvent perçue comme négative, voire anormale? Nous en revenons à la représentation idéale que notre société véhicule et que chacun de nous a intégrée, c’est-à-dire la famille nucléaire.

Après avoir rencontré ces familles, nous avons spontanément envie de répondre: «Oui, la famille recomposée n’est pas semblable de par sa structure et la nature de ses liens», mais également «elle n’est pas si différente d’une famille nucléaire, dans la mesure où elle couvre les mêmes besoins fondamentaux de ses membres».

Parmi la liste des différences qui existent, nous avons relevé celle-ci: l’enfant, généralement symbole de la relation amoureuse liant le couple, rappelle ici parfois douloureusement un passé qui n’a pas été partagé par les deux conjoints.» (1)

Le thérapeute de famille Robert Neuburger, qui préfère parler de familles pluricomposées, écrit:

«Nous voyons en consultation une proportion importante de familles pluricomposées. Cela ne signifie pas à notre sens qu’elles soient plus dysfonctionnelles, mais qu’elles consultent plus aisément. Cependant, sans pouvoir l’affirmer avec certitude, il paraît vraisemblable qu’il n’y a pas plus d’enfants à problèmes dans les familles pluricomposées que dans les autres familles.

Dans notre expérience, les difficultés sont plus marquées quand les familles recréées essaient de mimer une famille classique, c’est-à-dire de renier leur spécificité. Les familles pluricomposées que nous sommes amenés à rencontrer pour des problèmes variés, sont souvent convaincues que la source des difficultés est en fin de compte la pluricomposition elle-même, et quelques fois elles ont rencontré des intervenants qui le pensaient aussi.

Elles vont, logiquement, penser que nous partageons les mêmes convictions. Il est donc utile, voire nécessaire, dans un premier temps, de valider ou de revalider les groupes familiaux pluricomposés, et pour cela d’essayer de repérer le ou les mythes qui ont assuré leur fondement. Dans un deuxième temps, il sera plus facile, la famille étant reconnue comme groupe valide d'aborder les problèmes auxquels elle est confrontée.» (4)


Références bibliographiques:
(1) Travail de diplôme de l’Institut d’Etudes Sociales de Genève, Stéphanie Davoli et Myriam Fornari, 1996
(2) Les recompositions familiales aujourd’hui, Irène Théry, Nathan, 1993.
(3) Rites de passage, A. Van Gennep, 1909.
(4) Le mythe familial, Robert Neuburger, ESF, 1995.









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