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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOUREnfantillages " Quand j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je jugeais comme un enfant, je pensais comme un enfant, mais quand je suis devenu homme, j'ai quitté ce qui tenait de l'enfant." I Cor., 13, 11. J'ai souvent remercié Dieu de ce que ce verset se trouvait dans la Bible, car, de nos jours, on recherche tellement les progrès brillants et précoces, que je ne saurais comment m'y prendre si je voulais satisfaire à de pareilles exigences. Ces paroles de l'apôtre contiennent deux enseignements : 1° On doit permettre les enfantillages et les espiègleries dans le jeune âge. 2° On doit savoir attendre avec patience le moment où les enfants s'en dépouilleront d'eux-mêmes. Plusieurs raisons concourent à faire méconnaître ce double devoir et amènent les parents à défendre l'enfantillage. Les uns ne se souviennent plus de ce qu'ils ont été dans leur jeunesse, et pensent que leurs enfants devraient être semblables à ce qu'ils sont eux-mêmes dans leur âge mûr. D'autres répriment l'espièglerie, parce qu'elle leur est désagréable et qu'elle gêne leur disposition morose et chagrine. Les enfants, en général, leur déplaisent. D'autres tiennent à honneur d'avoir des enfants posés et raisonnables. Ils défendent les amusements, de crainte que l'enfantillage ne demeure indéfiniment attaché au caractère du jeune homme. D'autres enfin ne raisonnent pas, et, soit ignorance, soit désir de plaire aux gens du monde, soit préjugé, s'en tiennent uniquement à la routine. Il est cependant des personnes qui comprennent que, dans l'enfance, les enfantillages sont chose toute naturelle; mais elles ne peuvent attendre le moment où les enfants les "quitteront" d'eux-mêmes. Elles font leurs efforts pour les en guérir prématurément, soit par la contrainte, soit en leur inculquant un certain sentiment de honte, où en faisant appel à leur vanité. Les conséquences de cette fâcheuse méthode sont graves; les enfants deviennent tantôt timides, chagrins et maladifs, tantôt insensibles, orgueilleux et sournois, et souvent, lorsque plus tard ils s'émancipent, ils sont d'autant plus enfants et espiègles qu'on les a davantage empêchés de l'être au moment voulu par la nature. Il faut distinguer soigneusement ce qui est péché d'avec ce qui n'est qu'enfantillage ou espièglerie. Tandis que la tendance aux enfantillages diminue et finit par disparaître, la tendance au péché se développe et s'enracine toujours plus. D'autre part, l'enfantillage et l'espièglerie ne doivent pas non plus être abandonnés à leur cours naturel; autrement ils engendreraient le désordre. Mais, certaines nécessités, qui résultent des circonstances, finissent toujours par transformer l'enfance, lorsque l'heure est venue. De même qu'il y a deux sortes de jeunes gens, les bons et les mauvais, relativement parlant, bien entendu, il y a aussi deux sortes d'enfantillages, suivant le mélange de bien et de mal qui s'y trouve. Quoiqu'en devenant hommes, nous devions quitter ce qui est de l'enfant, il faut néanmoins que l'enfantillage ait sa place, car la nature ne fait rien en vain. On pourrait même se demander si l'on peut devenir jamais un homme complet sans avoir passé par une enfance complète. |
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