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Accueil de l’enfant à la crèche: une formule appropriée

Mon propos est de vous entretenir de l’accueil du petit enfant à la crèche. Quel mode de garde adopter pour le bébé lorsque sa mère travaille? Pour moi toutes les formules sont bonnes: chez un parent (une grand-mère), dans une famille (une maman de jour) ou à la crèche pour autant que le bébé soit celui sur qui toute l’attention sera concentrée, le confort et le bien-être pensés et ses besoins remplis.

Tout au long de cet article je vais me référer au modèle de la Crèche de St-Gervais à Genève et à un article de sa directrice, Mme Marceline Galland-Theler, paru dans la revue de Pro Juventute, tiré à part «Petite Enfance», mars 1997. Le modèle proposé par cette crèche m’a paru intéressant car, d’emblée, il propose que la famille et la crèche soient des partenaires, ceci dès le processus d’intégration du bébé (ou du petit enfant). Le projet pédagogique est basé sur un double triangle:

enfant - parent - crèche

enfant - mère - éducatrice de référence

étant entendu que l’accueil de l’enfant dans la crèche est un processus interactif impliquant les parents, l’enfant et le personnel du lieu d’accueil.

Avant l’entrée de l’enfant, la crèche propose une visite et un entretien. Ce sont les deux temps forts qui vont souder le partenariat parents - crèche.

La visite: le temps de repère, la crèche comme lieu d’amour et de soins

«Parents et enfant visitent la crèche avec la directrice. Ils s’imprègnent de ce qu’ils voient, de ce qu’ils ressentent, entendent. Chaque membre de l’équipe aura un regard, dira bonjour, fera un geste à l’égard de ces visiteurs.»

L’entretien: le temps de la mise en confiance

«Après que les parents et l’enfant ont visité la crèche, seuls les parents (mère et père) seront conviés à un entretien en présence de l’éducatrice qui sera référante de l’enfant et de la directrice.

Les points forts qui seront abordés:

- grossesse de la mère,

- accouchement,

- allaitement (en lien avec la séparation),

- rythmes du sommeil.

Tout est noté dans un cahier qui sera utilisé par la suite pour suivre l’évolution de l’enfant.»

L’objet transitionnel

«Nous porterons une attention particulière à l’objet transitionnel, c’est un doudou ou une peluche que l’enfant apporte chaque jour avec lui. Cet objet sera son «petit-copain» qui l’accompagne à la crèche (aller-retour crèche-maison afin que l’odeur s’y imprègne). En effet, lorsque le bébé est séparé de sa mère, il perd ses repères, tels que sa «mère-odeur», sa «mère-voix», sa «mère-rythme», d’où l’importance de lui assurer une relation affective stable et privilégiée, une régularité et une fiabilité dans les soins.
Pour les premières siestes, on demandera d’apporter un foulard ou un T-shirt porté par la mère, la sieste étant aussi une séparation (jour-nuit). L’enfant pourra ainsi repérer l’odeur de sa mère et supporter son absence plus facilement.

Durant l’entretien, la crèche demande comment le coucher est ritualisé: musique, environnement, manière de dormir, sac de couchage, couverture, etc.»

Le temps d’adaptation

«Une fois le bébé admis dans l’institution, c’est le temps d’adaptation qui commence. Ce temps va durer plus ou moins quinze jours. C’est le moment de gérer les séparations. Cela va se faire progressivement et c’est l’éducatrice de référence qui sera présente tout au long de cette période.

Pour la crèche, il est important que ce soit toujours le même parent (souvent la mère) qui soit présent. L’éducatrice de référence va observer la dyade mère-enfant le premier jour plus ou moins durant l’heure qu’ils passeront dans le groupe. Le deuxième ou le troisième jour, si l’enfant accepte son nouveau milieu, l’éducatrice proposera à la mère d’aller boire un café et de laisser son bébé dans le groupe. Au fur et à mesure le temps de séparation du bébé d’avec sa mère sera prolongé.

Parallèlement, la mère instruira l’éducatrice en expliquant:

- comment changer l’enfant,

- comment lui donner à manger,

- comment le coucher.

L’éducatrice offrira un espace d’écoute car, ce qui est fondamental pour l’enfant, c’est la relation affective privilégiée et de confiance qui va pouvoir s’établir entre la mère et l’éducatrice.»

Comme vous pouvez le lire ci-dessus les liens établis entre les adultes autour de l’enfant vont permettre au bébé de sentir autour de lui un cadre sécurisant, créant un pont entre sa famille et la crèche. Il pourra transposer son vécu dans sa famille à la crèche et vice versa et entrer dans les apprentissages tant sur le plan affectif que cognitif.

Durant sa première année de vie en crèche sa venue se fait à la carte. Les heures d’arrivée, de départ, de manger, de se coucher sont établies en fonction du rythme de l’enfant, de ses besoins à lui et non en fonction de ceux de l’institution. Chaque enfant est respecté dans son individualité, ce qui nécessite une grande souplesse et adaptabilité de l’équipe. Ainsi le passage du bébé de sa famille à la crèche se fera en douceur et en respectant ses besoins. Les parents, eux, sont reconnus comme partenaires privilégiés.

La crèche, dans cet exemple, va poursuivre son travail de co-construction (sur l’axe du triangle enfant-parent-crèche) tout au long de l’accueil de l’enfant. Le cahier d’observations va suivre le bébé qui sera accueilli dans d’autres groupes avec plus d’enfants, au fur et à mesure qu’il grandit.

Pour ma part, je trouve ce modèle respectueux du besoin des parents d’être écoutés et de celui de l’enfant d’être accueilli et compris. Dans ma pratique professionnelle j’encourage les parents à faire confiance aux crèches qui ont à coeur de collaborer avec les familles et permettre aux petits enfants de se développer au mieux de leurs possibilités.









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