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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURComment il faut se conduire avec les enfants quand ils ont peur . . . Je viens de recommander de ménager l'imagination des enfants et de ne pas l'ébranler par des impressions trop vives; mais ce point mérite que j'y insiste d'une manière particulière; il exige de la part des mères beaucoup d'attention; une violente secousse peut avoir des suites fâcheuses pour l'avenir d'un enfant, dont le caractère est faible et l'esprit très facile à ébranler; il ne faut donc pas procéder brusquement pour le raffermir et pour l'habituer aux circonstances et aux objets qui l'émeuvent, ou qui lui inspirent une terreur vague. On n'est guère porté à ménager, chez les enfants, les craintes qui n'ont pas de prétexte raisonnable; ce sont pourtant celles qui tiennent de plus près aux secrets de l'organisation, qui sont le plus difficiles à détruire; et, si on ne les traite pas avec douceur et avec adresse, on risque de les voir persévérer longtemps sous les formes les plus variées. On ne saurait prendre trop de précautions pour familiariser peu à peu les enfants avec les objets et les idées qui les remuent et les effraient : cette conduite demande du tact et de l'habileté ; l'essentiel est de n'y mettre aucune affectation, mais de ramener les idées qui les frappent aux idées communes de la vie ordinaire, dans une conversation simple et sans apprêts. A plus forte raison doit-on éviter de les effrayer volontairement. C'est un détestable système que de vouloir les guérir de la peur par la force, en les contraignant, par exemple, à rester seuls et dans l'obscurité, malgré la terreur qu'ils en peuvent éprouver; c'est une disposition qu'il faut assurément tâcher de vaincre, mais sans avoir recours à aucun moyen violent: la prudence exige que l'on attende patiemment des progrès de l'âge ce qu'on ne peut obtenir du raisonnement et encore moins de la force: ici l'autorité serait impuissante, le sentiment de la peur ne fait que s'aggraver et se renforcer par la peur même; le mieux est de n'y pas exposer les enfants, tout en ne paraissant pas s'occuper de la leur épargner, car il ne faut pas non plus leur laisser voir qu'on tient compte de leurs petites terreurs. A plus forte raison doit-on soigneusement s'abstenir soi-même de toute démonstration de frayeur en présence des enfants. Cette précaution est indispensable, mais elle demande une certaine fermeté, surtout de la part des femmes qui ressentent vivement les émotions subites, qui éclatent en cris à la moindre surprise, ou qui s'effrayent de l'orage et du bruit du tonnerre: je ne puis trop leur recommander de se contraindre devant les enfants, disposés eux-mêmes, pour la plupart, à s'émouvoir de tous les phénomènes un peu extraordinaires, et qui ne se rassurent qu'en voyant les personnes qui les entourent rester calmes et indifférentes. |
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