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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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Il paraît que la montagne est belle...
Eté 1958. Il fait beau, les enfants crient et jouent autour d’un spacieux chalet, sur le flan d’une bien verte montagne, du côté de Villars. Une petite fille frisée comme un mouton, âgée de 7 ans et peu habituée à ce décor, observe ceux qui, comme elle, ont été amenés ici pour le grand air pur, la bonne éducation suisse et en prime, paraît-il, pour passer de merveilleuses vacances.
Seulement voilà, elle est fille unique, a des parents plutôt âgés et se confronte soudainement à une réalité communautaire complètement inconnue et terriblement angoissante. Enfin, l’absence prolongée de ses proches achève de la déstabiliser.
Elle flotte dans des vêtements gris kaki, aux couleurs des enfants de ce home. De ses shorts descendent deux jambes allumettes, dont les genoux écorchés laissent deviner que l’apprentissage de son chemin de vie est encore bien chancelant.
Mais si au coucher comme au réveil des traces de larmes sillonnent son coussin, c’est aux heures des repas que son angoisse atteint son paroxysme, son corps ne formant plus qu’un long noeud, très serré. Au début, elle est intégrée au milieu des 23 autres enfants, autour d’une énorme tablée. La vue de ces 23 orifices, mastiquant à qui mieux mieux, lui donne une telle nausée qu’aucune bouchée, nulle miette, pas un grain de riz ne passent le cap de la glotte.
Par téléphone, elle tente d’expliquer aux parents déçus «qu’il y a trop de monde et que ça fait peur».
Les éducatrices acceptent de l’asseoir à une petite table séparément avec trois autres fillettes de son âge. Les choses vont mieux si l’on peut dire, puisque la brave chienne du home vient, discrètement mais très efficacement, finir tous ses plats.
Au bout de 18 jours, son calvaire cesse et elle retrouve son «home sweet home» à elle, avec un environnement des plus citadin, des pelouses pas du tout aussi vertes et un air bien moins pur certes, mais... ô combien familier!
Depuis je n’aime pas vraiment la montagne... Faut-il s'en étonner?
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