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Télévision et responsabilités
La télévision prend de plus en plus de place dans notre société, donc dans les familles et elle n’est pas facile à gérer.
Elle ne nous offre bien sûr pas que des mauvaises choses, mais c’est un domaine où l’intervention des parents me semble particulièrement importante pour se protéger de certaines des valeurs qu’elle transmet et qui ne sont pas forcément les plus bénéfiques. Je pense, entre autres, aux séries qui ne finissent jamais et où la morale véhiculée est l’argent, le pouvoir, les intrigues et l’individualisme. Ou aux dessins animés qui baignent dans le manichéisme le plus pur: celui qui regarde s’identifiant forcément avec les bons, il apprend qu’il peut taper tant qu’il veut, puisque les autres sont irrémédiablement et simplement méchants. Sans parler de la publicité pour enfants qui sème ses messages stéréotypés (pour les garçons des jeux de combat, pour les filles des jeux tellement «choux», roses et avec des coeurs...).
Les parents arrivent-ils encore à contrôler ce que leurs enfants regardent, surtout si ces derniers ont la télévision dans leur chambre, ce qui est de plus en plus courant?
Autre problème avec les films sur cassettes: à la maison, il n’y a plus d’âge minimum légal à observer, sauf si l’on joue soi-même le rôle du censeur.
Quand un enfant est totalement libre de jouer à des jeux violents, au Nintendo ou à l’ordinateur ou qu’il peut regarder, à satiété, la télévision, sans recevoir de la part d’une personne adulte des explications sur ce qu’il voit, je me demande comment il peut se rendre compte des limites qui existent entre le bien et le mal et apprendre à gérer ces forces-là.
Au sein de la famille, c’est le parent qui représente la loi, la ligne de conduite et les valeurs à respecter. Il est non seulement responsable envers son enfant mais aussi envers les amis de celui-ci. Et je remarque que, parfois, à ce niveau-là, cela ne se passe pas très bien. Si un grand enfant est en train de regarder un film de son âge et qu’un plus petit s’arrête devant l’écran, peu de monde pense ou ose intervenir. Nous avons vécu plusieurs fois ce genre de situation avec nos enfants très jeunes.
A vrai dire, le climat ambiant y est pour quelque chose. La société accepte la télévision sans restriction et avec très peu de sens critique. Elle est même une baby-sitter très appréciée. Tout le monde la regarde, achète des films vidéo, presque personne ne s’occupe des âges conseillés, alors nous, parents, nous nous laisserions porter par le mouvement général, sans oser réagir à ce que les autres nous imposent comme mode de vie et de pensée?
De plus, la liberté à tout crin est actuellement une des valeurs imposées. A-t-on le droit d’interdire?
Dans la pratique, comment peut-on faire?
A la maison, nos deux enfants (7 et 9 ans) ne regardent que des cassettes achetées ou enregistrées que nous choisissons au préalable. Dès le départ nous avons été très stricts. Ce n’est que vers 5-6 ans qu’ils ont eu le droit de regarder la télévision.
Actuellement ils le font très peu, car ils pensent plus souvent à créer eux-mêmes leurs aventures en jouant, plutôt que de les vivre par intérim.
Tant qu’ils étaient encore trop jeunes pour assimiler n’importe quel film, nous avons fait passer le message suivant à notre entourage géographique et familial: nous demandions aux adultes de nous téléphoner au cas où nos enfants arrivaient chez eux en pleine séance TV afin de s’assurer qu’ils avaient le droit de regarder le film qui passait. Ou bien nous demandions à nos enfants de rentrer si les voisins étaient devant le petit écran ou l’ordinateur. Je leur promettais alors de faire un jeu avec eux pour atténuer leur déception de ne pas être avec leurs amis.
Au début, cette position était dure à tenir, tant cela était inhabituel comme comportement. Heureusement, nous étions deux (mon mari et moi) pour nous soutenir mutuellement dans nos résolutions. Nous avons tenu bon. Maintenant, le message a passé. Nos connaissances sont attentives, car elles sont au courant de nos exigences. Parfois même, leurs enfants arrêtent la TV quand les nôtres arrivent. Avec le temps, ces derniers savent ce qu’ils ont le droit de regarder. Ils arrivent aussi à refuser de regarder un film quand il leur fait trop peur. Ils se rendent également compte quand ils ont abusé de la télévision ou de l’ordinateur. Bref, ils sont dans tous les cas conscients que ces engins audiovisuels ne sont pas que bénéfiques et nous avons pu leur épargner plusieurs fois des expériences qui auraient pu être néfastes. C’est évident que, souvent, ils ont souffert de nos résolutions, mais ils ont aussi rencontré d’autres enfants qui «subissaient» le même sort qu’eux.
Je pense qu’on ne peut pas éduquer les enfants sans se mouiller, sans prendre des risques, sans oser intervenir quitte à se faire mal voir de ses enfants ou de son entourage. Eh oui! C’est le thème récurant de notre époque, oser dire non, oser enfreindre le désir ou l’obligation (?) de liberté illimitée.
Le Dr Nahum Frenk, pédiatre, disait lors de l’une de ses conférences que «l’enfant doit sentir l’existence d’une hiérarchie claire dans la famille». Et ce sont, bien entendu, les parents qui sont au haut de celle-ci et non pas les enfants... ni la télévision!!
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