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Amour maternel

Le véritable amour maternel n'est pas aussi commun qu'on le croit; car cet amour, s'il est vrai, doit être désintéressé et renoncer tout d'abord à ses propres excès. Combien de mères, en croyant se sacrifier à leur enfant, sacrifient, au contraire, le pauvre enfant à leur folle idolâtrie, le fatiguent et l'énervent par leur surveillance inquiète, et n'en font que la poupée de leur âge de raison! Le dévouement appartient aux femmes; elles s'en vantent à juste titre; et pourtant ce dévouement lui-même, à le bien examiner, n'est-il pas trop souvent de l'égoïsme sous une autre forme ? Aux moindres cris d'un enfant, on accourt, on le prend dans ses bras. Le dévouement voudrait qu'on eut le courage de le laisser crier pour lui apprendre à se taire et à rester dans son lit, où il dort mieux que sur les genoux de sa mère ou sur ceux de sa nourrice.

Il est si commode de se débarrasser des importunités d'un enfant en lui cédant toujours!

Il faut distinger, en un mot, deux amours maternels l'amour d'instinct et l'amour de raison. Le premier ne manque guère et n'a pas, à mon sens, grand mérite. On aime son enfant comme ou s'aime soi-même: c'est une passion comme une autre, qui se paye par ses propres jouissances des prétendus sacrifices qu'elle s'impose. La sensibilité s'y donne carrière, cette sensibilité machinale qui vient des nerfs plutôt que de l'âme. Les dehors brillants de cette passion contentent la vanité: on ne dort plus, on ne sort plus, on mange à peine : n'est-on pas une bonne mère ? On nourrit soi-même son enfant; il est vrai que l'enfant pâtit; mais la mère est fière de remplir, comme on dit, son devoir, et de ne pas avoir recours à une nourrice étrangère. On donne ainsi à l'amour-propre ce que l'on croit donner à sa conscience, et sous prétexte de vivre pour son enfant, c'est l'enfant qu'on fait vivre et quelquefois mourir pour soi!

L'amour de raison, avec ses apparences sévères, est cent fois plus méritoire, car il est au fond cent fois plus pénible. La vanité n'y a pas grande part; la sensibilité en souffre. On ne veille pas moins sur l'enfant sans en avoir l'air; mais on veille, avant tout, sur soi-mêmeà On comprime douloureusement ses propres émotions pour ne pas éveiller celles
de l'enfant. S'il souffre sans que sa santé soit en danger, on le laisse souffrir ; on ne l'accable pas de soins et de remèdes; on prend patience. Il voudrait rester à la maison, on le fait sortir. Il demande à mains jointes qu'on ne l'envoie pas coucher à l'heure ordinaire; ses cris et ses supplications sont inutiles ; l'heure est venue ; il faut qu'il aille se coucher. Point de spectacle, point de jeux excitants qui l'agiteraient et troubleraient la paix de son sommeil ; point de vêtements trop chauds, de précautions excessives contre le froid et le mauvais temps. Une éducation ferme, régulière, suivie : voilà le vrai sacrifice pour la plupart des mères.

J'en sais quelque chose, moi qui ne suis que père : Un tout petit enfant malade me demandait une boîte remplie d'épingles; c'était là ce qu'il voulait, précisément parce qu'on le lui refusait toujours. L'avouerai-je ? c'est un vieux péché; il y a dix-huit ans de cela. J'ai mieux aimé donner la boîte, en gardant l'enfant sur mes genoux et le surveillant de près, que de résister à ses cris. L'enfant était si malade ! La mère ne m'en a pas moins grondé, et l'enfant, très aimable d'ailleurs, est resté longtemps sujet à de cruels caprices; et voilà ce que j'appelle un mauvais père, une bonne mère, et un enfant gâté.

Que chacun fasse sa confession comme je viens de faire la mienne !









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