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Etre père, c'est avoir peur tout le temps

Hervé BAZIN, père de sept enfants, grand-père et arrière-grand-père nous dit à propos de son dernier roman. L'école des Pères* comment il conçoit le métier de chef de famille.

Extrait d'une interview

- Au départ, je voulais écrire "L'Ecole des Parents" et je me suis rendu compte, au fil des pages, que c'est le père qui exprime son point de vue, qui accepte son évolution, même s'il lui arrive de rouspéter souvent! Depuis mai 68, il y a eu une telle évolution des moeurs, l'éducation et le comportement du père ont complètement changé. Les femmes travaillent, les profs en savent souvent plus que le père, d'autres voix couvrent la sienne et il est de moins en moins indispensable, ce qui l'oblige à réviser son rôle.

- Comment remplit-on son rôle de père quand on a l'âge d'être grand-père?

- L'éducation est le fruit d'une longue réflexion, qui se fait des années durant sur toutes les situations qui se présentent. On n'a pas "une", mais des expériences. On ne peut faire abstraction ni de son tempérament, ni de son humeur, on fait des erreurs à tout âge, mais il y en a tout de même un bon nombre que je ne ferai plus. Je suis donc un père qui s'améliore avec les années bien que, avec le petit dernier, je sois victime de mon expérience: cette paternité est délicieuse et j'aurais tendance à lâcher du lest.
Nous pouvons faire beaucoup pour nos enfants, mais les directions qu'ils prennent nous échappent complètement et c'est d'ailleurs beaucoup mieux ainsi. Ce n'est pas réduire le rôle du père, c'est le transformer. C'est faire ce à quoi devraient s'employer tous les éducateurs des collèges: aider les enfants à savoir vraiment ce qu'ils ont envie de faire et, à partir de là, les pousser de toutes nos forces dans la direction choisie. On a le devoir d'armer ses enfants, de favoriser leur vocation et ensuite, de les laisser faire.

- Même quand ils ne veulent rien faire?

- Etre père, c'est avoir peur tout le temps, c'est aussi avoir toutes les raisons de garder espoir. Un de mes fils m'a donné des sueurs froides mais, après avoir erré longtemps, il a fini, grâce à son mariage, par très bien retomber sur ses pattes. Sauf incident majeur, il faut toujours rester confiant.

- Vous sentez-vous très concerné par les problèmes de notre époque?

- Bien sûr! Ma génération est celle qui aura connu la plus importante et la plus rapide évolution des moeurs, qui va de pair avec celle des sciences et des techniques. Ça crée d'énormes difficultés dans les rapports sociaux, mais c'est très excitant de se dire qu'on est né avec le cheval et qu'on meurt avec la fusée.
Dès l'instant où on participe à la vie de l'enfant, il fait partie de la vôtre et c'est magnifique. L'expérience prouve que celui qui donne est celui qui reçoit le plus, car la vie se rembourse, même si c'est démodé de le dire, et le refus de paternité, fréquent chez les intellectuels, n'est que le masque de l'égoïsme. Quand Taine dit: "J'aime trop mes enfants pour leur donner un père", je traduis: "J'aime trop ma vie pour me donner des enfants" et j'ajoute: "L'abominable!"

- Pourquoi parlez-vous si peu du rôle de la mère ? N'est-ce pas un peu de la misogynie?...

- Au contraire! Je n'en parle pas parce que c'est un rôle considérable. Ne serait-ce que par ce que j'appelle le pouvoir du sein. Celui du père, dans toutes les races animales, exception faite de l'escargot, de l'hippocampe et de quelques oiseaux, n'est jamais vital. Sa manière de se rembourser, en quelque sorte, c'est l'éducation, qui lui permet à son tour d'accoucher de l'enfant, par la porte, le jour où il le fait voler de ses propres ailes. Mon père, qui n'avait rien d'un créateur, mais qui possédait une très grande culture, m'a appris énormément. Par nature, le père est toujours adoptif et n'est réellement adopté que si ses enfants le reconnaissent comme tel. Ma plus grande fierté, c'est d'avoir été adopté par mes sept enfants.

*L'Ecole des Pères, Hervé Bazin, éd. du Seuil, 1991









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