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Conte de Noël Mon beau sapin

La sapinière s'étendait à perte de vue, mer verte sous le ciel gris de l'hiver. C'est par milliers que se comptaient les sapins promis au marché de Noël. Des centaines avaient déjà été coupés, étiquetés, entassés dans le camion qui les emportait très loin, vers les cités surpeuplées. D'autres, plus chanceux, étaient seulement déterrés, mis en pot avec leurs racines et un peu de cette riche terre d'Alsace qui leur permettrait de survivre. Le seul qui restait, malingre et légèrement tordu, avait été jeté dans le camion par-dessus les autres avec un ricanement:

- Toi, mon pauvre, on te vendra au rabais, pour un Noël au rabais, dans une triste chambre.

Le voyage avait été long jusqu'à une grande ville au bord de la mer. Le marché aux sapins se tenait sur la place de l'église. Dans un grand remue-ménage, les gens s'arrachaient les arbres qui venaient d'arriver, les retournaient en tous sens sans ménagement; leurs aiguilles si fraîches au départ, commençaient à tomber.

Le petit dernier, heureusement, puisait force et courage dans la terre de sa forêt natale, contenue dans le sac de jute où plongeait ses racines.

Quand il ne resta plus rien sur le marché, un homme pressé s'empara du sapinet et sans le regarder le chargea dans le coffre de sa voiture, une limousine qui roula sans bruit vers une belle demeure où un valet ganté de blanc vint le prendre d'un air pincé.

- C'est tout ce que Monsieur a trouvé, un sapin gringalet qui sera difficile à orner, enfin...

Il fut interrompu par la voix douce d'une jeune fille:

- Je m'en charge, Louis, installez-le au salon et apportez-moi les cartons de guirlandes, de boules et de bougies.

La jeune fille fit le tour de l'arbre minable et se mit en devoir de l'habiller. De ses mains expertes, elle redressa une branche ici, une branche là, déplia les étoiles dorées et les ailes d'oiseaux poudrées d'argent, le coiffa d'une pointe effilée, plus brillante que le diamant, lança des fils d'ange sur sa carcasse ingrate, fit si bien, avec un tel amour, que le sapin fut transformé. A peine s'il se reconnut dans le miroir qui lui renvoyait son image.

Quand les bougies furent allumées, les cadeaux déposés à ses pieds, une agréable chaleur envahit ses veines habituées au froid de la forêt. Le chant des enfants groupés autour de lui le remplit d'une douce émotion.

Hélas, les plus belles histoires ont une fin! Adieu guirlandes, ailes d'ange brillant dans la clarté des bougies, parfum d'orange et de chocolat.

La jeune fille, une pelle à la main, vint le chercher pour le replanter dans le parc.
La maison, entourée de cyprès majestueux, était construite au bord de la mer. La mer, on ne la voyait pas mais on l'entendait. Les grands arbres orgueilleux barraient l'horizon et leur ombre froide couvrait de dédain le sapin si petit à côté d'eux.

- Ne sommes-nous pas conifères de la même famille, se disait ce dernier, et n'est-ce pas la même résine qui coule sous nos écorces?

La mer grondait au loin et les vagues venaient battre contre les falaises, le cri perçant des mouettes acheva de l'effrayer. La résine coulait de ses branches comme de grosses larmes. Si loin de sa sapinière natale, il se sentait seul, abandonné. La jeune fille et les enfants étaient repartis dans la limousine et le valet aux gants blancs avait refermé les volets de la maison.

Le lendemain, un camion entra par le portail resté ouvert et s'engagea dans la grande allée. Des hommes en salopettes bleues et chargés d'impressionnants outils, s'avancèrent vers la haie de cyprès et dans un vacarme assourdissant se mirent à les attaquer à la tronçonneuse.

Un, puis deux, puis trois. Tous y passèrent. Le carnage dura plusieurs jours et le petit sapin terrorisé attendit son tour en frissonnant.

Quand le travail fut terminé, les bûcherons repartirent en fermant le portail. Brisé par l'émotion, le petit sapin réalisa qu'il restait désormais maître des lieux.

C'est alors qu'il la vit. Etincelante. Immense. Le ciel se reflétait dans ses eaux calmes, aussi bleues qu'était verte sa forêt là-bas.

Voilà quel était son pays désormais: ce grand jardin, la mer au loin et l'espoir de revoir un jour la jeune fille et les enfants.

Plein d'énergie, le petit sapin décida de pousser ses racines le plus profondément possible et de devenir un arbre majestueux planté bien droit face à l'océan, sans oublier pour cela le sort réservé aux orgueilleux.









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