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Un autre regard sur Noël

Parmi les fêtes liées au calendrier, Noël est indubitablement la fête de famille la plus riche d'inspiration. Elle remonte culturellement à la famille bourgeoise du XIXe siècle, ce qui a des incidences à la fois positives et négatives.

Au cours du siècle dernier, les familles bourgeoises ont en effet réussi à développer une fête tout à fait charmante dont le centre est le sapin de Noël et ses décorations ainsi que les cadeaux aux enfants. Elles célébraient Noël dans la plus stricte intimité. Extérieurement, la fête semblait modeste, ce qui correspondait aux goûts de la bourgeoisie qui n'aimait pas l'ostentation. Le désaveu du matérialisme était à la base de tout cérémoniel, comme le montre le plus clairement le Père Noël représenté sous la forme d'un pater familias surfait, qui peut masquer le matérialisme et notamment l'origine et le prix des cadeaux. Comme un magicien, il sort les cadeaux de son sac, emballés, les plus petits comme les plus onéreux, dans du papier cadeau. Non seulement il cachait ainsi les cadeaux, mais il dissimulait aussi le don lui-même sous sa ritualité et son infaillibilité, ce qui évitait les critiques. Le Père Noël dispose également d'une omnipotence pédagogique; il connaît les péchés des enfants et peut les blâmer devant tout le cercle de famille. Depuis le premier dimanche de l'Avent, la période précédant Noël devient donc à la fois une période de sagesse forcée et d'attente fiévreuse récompensées le soir de Noël.

Avec ses semaines de préparation, le Noël bourgeois éveillait chez tous les membres de la famille un tel degré d'attente que leur pleine satisfaction était quasi impossible, de sorte que la fête se terminait souvent par un certain nombre de déceptions. Sans oublier qu'à côté de la famille bourgeoise qui fêtait en vase clos, il y avait tous les pauvres et les isolés qui ne profitaient en rien de ce qui réjouissait les privilégiés.

Ambivalence de la culture et du cérémoniel

Dans les années 70, nombreux furent ceux qui commencèrent à critiquer vertement la magie du Noël traditionnel dans le droit fil de la remise en cause du patriarcat d'autrefois au profit d'une nouvelle répartition des rôles au sein de la famille.

De telles réflexions témoignent de l'ambivalence de la culture et de tout cérémoniel: la fête tisse des liens familiaux et stabilise la cohésion sociale de la famille, mais elle peut aussi séparer, décevoir et isoler lorsqu'elle est liée à trop d'espoirs et de contraintes. C'est alors que la fête devient traumatisme. Pour qu'elle soit fructueuse, la fête doit se célébrer dans le respect, l'affection et le dialogue.









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