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Le dimanche de nos enfants. (Suite)
Le dimanche matin, en s'éveillant, l'enfant élèvera lui-même son coeur à Dieu, dans une courte prière, puis, après avoir fait sa toilette et son premier déjeuner, il prendra possession de son temps et l'emploiera selon ses goûts. Nous lui accorderons ce jour-là une liberté d'action, qu'il ne possède pas au même degré pendant les autres jours de la semaine et qu'il ne faut pas craindre de voir dégénérer en ennui. Ce ne sont que les enfants laissés habituellement à eux-mêmes, sans emploi fixe de leur temps, qui se montrent blasés sur l'emploi qu'ils en peuvent faire. Le contraire a lieu chez l'enfant qu'on n'abandonne pas à l'oisiveté. Voilà déjà une première joie à laquelle il sera loin d'être insensible, et il serait bien dépourvu d'imagination s'il ne trouvait le moyen, soit dans un coin de la chambre, soit au fond du jardin, seul ou dans la compagnie de ses frères ou de ses soeurs, avec ou sans jouets, de se faire une petite vie très heureuse dans laquelle le rêve et la réalité s'uniront pour accroître ses jouissances enfantines.
Beau jour du dimanche, où l'on peut converser avec soi et se créer un petit monde imaginaire qu'on fait et défait à plaisir, tandis que les jours d'école, il faut au plus vite réciter, avant de partir, son livret et conjuguer quelque interminable verbe.
Le culte de famille groupe bientôt parents, enfants et serviteurs. Tout a été combiné d'avance pour assurer le plus possible le repos relatif de tous. Aussi peut-on entrer dans des développements intéressants, auxquels le travail des jours ouvrables ne permet pas toujours de donner suite. On s'assurera que les enfants savent et comprennent leurs versets de l'école du dimanche.
Le reste du jour pourrait être partagé entre des heures de liberté, des visites à des parents, à des amis intimes, à quelque famille pauvre, à quelque personne âgée, qui aura été privée des bienfaits du culte public, et à laquelle on apportera comme un écho des choses divines; des promenades à la campagne, pendant lesquelles les enfants pourront prendre leurs ébats joyeux. Puis, quand lassés ils reviendront auprès de vous, mettez ce temps à profit pour éveiller en eux le sentiment des beautés de la nature; qu'elles ne passent pas inaperçues. Montrez-leur la délicatesse des fleurs, l'ombre des bois, le velouté du gazon, les nuances variées de la verdure, les côteaux ondulés, les nuages légers qui glissent sur le firmament, les rayons du soleil qui les dorent; Dieu est encore là!
Le dimanche favorisera les épanchements du coeur au sein de la famille. Affranchis des préoccupations de la vie matérielle, votre tendresse en deviendra plus expansive, les conversations sont plus intimes et plus prolongées.
Vous n'aurez pas pu, peut-être, soustraire entièrement votre enfant aux distractions qui troublent la solennité du jour du Seigneur; mais aux heures de calme, lorsque son esprit, délivré de la fascination qu'exercent sur lui les scènes d'étourdissante frivolité, sera mieux disposé à vous écouter, lorsque sa jeune âme s'ouvrira à vous dans sa naïve confiance, agissez dans le sens du bien, exercez délicatement votre influence, travaillez pour Dieu. Nous ne saurions trop le redire; pas de contrainte, pas de pression, pas d'affirmations arrachées. Ne précipitez rien, mais exposez aux yeux de votre enfant ce qui est vraiment digne d'être aimé. Multipliez les idées douces et pures, en les unissant à la pensée de ce Dieu saint qui nous suit partout et qui nous veut saints comme lui, de ce Jésus qui serre sur son coeur divin les plus petits, parce qu'il les aime et qu'il veut les bénir.
Courbons-nous souvent vers nos enfants pour partager leurs impressions, je le veux ; mais élevons-les plus souvent jusqu'à nous, pour qu'ils s'impreignent des nôtres. Si nous ne prenons pas à tâche de les fixer dans ce qui est puéril, ils deviendront, sans rien perdre de la candeur enfantine qui fait leur charme, capables de nous suivre dans un ordre d'idées plus élevées.
Un langage sérieux n'effarouchera pas votre enfant, lorsque la bienveillance et la sérénité l'accompagneront, lorsque le sourire sera à la fois sur vos lèvres, dans vos yeux et dans votre coeur.
Que l'enfant vous aime seulement, et il se montrera très honoré de votre confiance. Habituez-le à réfléchir, à penser; développez ses sentiments affectueux. Rien n'est triste comme de voir des enfants sur lesquels tout glisse, et qu'on a voués dès leur jeune âge, avec une coupable légèreté, à une médiocrité d'esprit et d'âme inévitable. Ces enfants ont été pour leurs parents des jouets gracieux, qui les ont égayés; ou des joyaux dont ils se sont parés vaniteusement; ou des êtres chéris qu'ils ont eu pour but bien moins de rendre bons que de rendre heureux, selon leurs vues terrestres; ils n'ont pas été ces êtres immortels desquels Dieu a dit: "L'âme de l'enfant est à moi."
Que de moyens de faire du dimanche un jour béni dont le retour sera attendu avec joie et salué avec reconnaissance!
Le soir, au culte de famille, on repassera les émotions de la journée, on reviendra en arrière sur la semaine écoulée, on s'humiliera pour ses fautes, on chantera de joyeux cantiques, on se réjouira pour le pardon, dont ce jour de paix nous est un symbole touchant ; on cherchera la force qui vient d'en haut, et on recommencera la vie, pleins de confiance dans cette belle promesse :
"Si tu retiens ton pied pendant le Sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, ... je te ferai monter sur les hauteurs du pays."
Nous serions heureuses que quelques-unes des nos abonnées voulussent bien nous faire part de leurs expériences quant au dimanche des enfants. (Réd.)
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