Entretiens sur l'éducation : historique du journal

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Correspondance

I.L'excellent article sur le dimanche répond en tout point aux expériences que j'ai faites avec mes enfants. Bien loin de trouver le dimanche long ou ennuyeux, mes enfants se réjouissent d'avance de sa venue.

En effet, n'est-ce pas le jour des jours, le jour de la famille, du repos, des bonnes causeries ? point de devoirs d'école, mes enfants n'en ont jamais fait ce jour-là.

Ceci est un grand bienfait pour le cerveau et nous ne saurions assez demander à nos amies de faire leur possible pour qu'il ne soit pas question de devoirs d'école le dimanche. Je connais une mère dont les nombreux enfants n'ont jamais étudié le dimanche et cela n'a nui en rien à leurs progrès et à leurs carrières diverses; bien des mères je suis sûre pourraient en dire autant.

Faisons aussi grande que possible la part des jeux, des lectures atrayantes, des promenades, mais tâchons d'inculquer à nos enfants que le dimanche n'est pas en tout semblable au jeudi, mais bien un jour consacré à Dieu. Sachons trouver une heure tranquille pour le chant des cantiques et l'étude de la Parole de Dieu. Pour cette étude j'ai trouvé bien utiles "les questions bibliques"; mes enfants aiment beaucoup les chercher et elles ont appris par là à bien connaître leur Bible. "Notre petite feuille" organe des Unions chrétiennes de jeunes filles et "la Messagère du Monde païen" en renferment d'excellentes tout à fait à la portée des enfants un peu grands. Comme moyens de délassement nous apprécions les "jeux de famille" bibliques et surtout le "Jeu des plaquettes bibliques" déjà recommandé dans notre journal. Ce dernier surtout jouit de la faveur de mes enfants et de leurs amis et intéresse aussi les grandes personnes. Avant tout apprenons à nos chers enfants à faciliter la tâche des domestiques ce jour-là, et que jamais un fournisseur ne prenne le chemin de nos demeures le dimanche. Aimons nous-mêmes le jour du repos et nos enfants en feront aussi leurs délices.

II. Je viens de lire dans le journal Aux Mères les articles sur "le dimanche de nos enfants." Combien n'y aurait-il pas à dire sur ce sujet, surtout dans nos pays, où nous comprenons si mal le dimanche. Dans ma jeunesse j'ai passé trois années dans un pensionnat. J'avais, et j'ai conservé une profonde vénération pour la piété et les vertus chrétiennes de cette institution. Un point noir seul s'est attaché à mes souvenirs : c'est qu'on nous forçait à préparer nos devoirs de classe le dimanche comme les autres jours. Exception était faite pour les Anglaises; et malgré mes réclamations, je ne pus obtenir la même liberté. Ma conscience n'était pas à l'aise. Aujourd'hui j'enseigné à lire à ma petite-fille, âgée de cinq ans, dont l'intelligence n'est pas remarquable. Cependant la petite vous charme par son application, sa docilité, arrivant d'elle-même et régulièrement à la même heure. Après la leçon je lui lis un chapitre de la "Vie de Jésus racontée aux enfants" ou de "Ligne après Ligne". Le dimanche elle accourt avec le même empressement, sachant fort bien qu'il n'y aura pas de leçon, mais seulement la suite de ma lecture. Son frère, de deux ans plus âgé, va à l'école. Il prépare toutes "ses tâches" le samedi soir, jamais le dimanche.

N'ayant d'autre autorité que ma longue expérience je crois que nous avons raison d'en agir ainsi, et qu'il faut absolument apprendre aux enfants que le dimanche diffère des autres jours de la semaine, qu'il doit être consacré à notre bon Dieu et Père céleste pour sa gloire et son saint service.

III. . . . Il est encore trop admis dans bien des milieux que nos enfants, tant écoliers, collégiens, qu'élèves d'institutions supérieures, peuvent travailler le dimanche, pour peu qu'il y ait retard ou presse à leurs leçons.

Bien plus, dans certains pays, il y a des devoirs dits "du dimanche", qui sont imposés officiellement à ces pauvres forçats intellectuels, dont dans bien des cas nous n'accomplirions pas de gaité de coeur la lourde besogne.

A notre époque d'excessive exigence, où on se plaint de toute part - et avec raison - de surmenage mental et d'indifférence religieuse, il nous semble peu convenable que des voix ne s'élèvent pas avec courage et autorité, pour dénoncer des abus aussi condamnables tant au point de vue économique qu'au point de vue moral, aussi préjudiciables à la santé du corps qu'à celle de l'âme.

Si toutes les mères savaient s'accorder, pour réclamer avec fermeté cette chose si légitimement désirable, si excellente: un jour par semaine de liberté absolue, complète, pour nos enfants, elle serait tôt ou tard obtenue, pour le grand bien de ceux dont nous sommes responsables devant la société humaine qu'ils devront servir, et devant le Dieu dont les antiques commandements sont aujourd'hui encore pleins de sagesse.

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