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La voix douce

Ceux qui sont doués d'une voix douce (1) ont reçu un grand don de la nature. Ils sont tout-puissants au foyer pour le bien. Un mot tendre, une parole consolante dite de cette voix flexible et harmonieuse a bien plus de prix et d'accent, elle remue délicieusement le cœur, et, dans les crises sombres de la vie, elle fait entrer comme un rayon dans l'âme obscurcie.

Si vous êtes né avec une voix douce, gardez-la donc comme la prunelle de vos yeux; si vous avez reçu un dur organe, essayez de l'assouplir. Il faut veiller sans cesse sur sa voix, la maintenir constamment sur le ton juste et, par surcroît, on obtient un grand empire sur ses passions.

Si légitime que soit votre ressentiment, si grave l'offense qu'on vous ait faite, exprimez le reproche ou votre peine d'une voix mesurée, sans âpreté. Ce merveilleux instrument ne souffre pas d'être malmené une seule fois; une parole brève, sifflante, mordante, en voilà assez pour fausser à jamais l'organe.

Veillez bien sur la voix des enfants. C'est dans les jeux qu'elle perd sa douceur, son harmonie. Ecoutez les garçons et les fillettes, au moindre mécontentement de leurs camarades, c'est un grognement ou pire, peut-être, c'est une riposte sèche et, cinglante comme un claquement de fouet… et aussi blessante. Plus tard, à la première discussion conjugale, le jeune homme ou la jeune femme, dont la voix s'était adoucie dans les paroles d'amour, retrouvera ce ton… coupant, dont on n'oubliera plus jamais le son et qui aura, peut-être, détruit tout bonheur.

Une voix douce, c'est un chant d'alouettes au foyer, c'est au coeur ce que la lumière est à l'oeil: la lumière n'a-t-elle pas ses ondes et ses vibrations, comme le son? - Il n'est pas, pour la femme, de qualité plus charmante. Une bonne parole, pour avoir toute sa valeur, doit être dite d'une voix douce ou au moins affectueuse; un reproche juste, une plainte ne pourront blesser si on ne leur donne ni un accent de colère, ni un accent de dédain ou de mépris.

Pour mériter le renom d'une personne bien élevée, on ne manifeste aucune impatience avec les étrangers, on parle d'un ton poli, aimable, on diminue le volume de sa voix, etc. Pourquoi négliger ces ménagements au foyer? Une femme parlera avec douceur, avec tendresse à son mari, à ses enfants si elle a des observations, des réprimandes à leur faire. S'il lui faut gronder, ce sera encore d'un accent où l'on sente l'affection sous la tristesse et l'étonnement.

On surveillera également sa voix et son ton pour parler aux domestiques, à tous ceux dont on approche, et cette voix mesurée aura pouvoir sur tous. - Je n'entends pas dire que l'on doive parler d'une voix uniforme; ne supprimez aucune inflexion, sauf celle de la colère. Il y a des voix froides et blanches qui font frissonner.

Dans les grands mouvements de l'âme, la voix éclate, sans doute, mais qu'importe, si la douleur ou l'indignation généreuse ne lui communique pas cet accent grinçant, mauvais, qu'on s'est habitué à réprimer dès l'enfance…

Dans la discussion, ce n'est pas la déclaration d'une opinion contraire à la nôtre qui blesse notre fierté, c'est le ton de dogmatisme ou de supériorité de l'adversaire, le manque de sympathie, d'appréciation, de respect pour nos propres idées, le mépris autant exprimé par le son de la voix que par les paroles.

La vérité serait presque toujours acceptée, si la fermeté et la clarté du discours étaient soutenues par une voix douce ou au moins modérée, laquelle, autant que les mots, témoignerait d'une certaine considération pour l'interlocuteur, en même temps qu'elle indiquerait la bonté et la modestie de celui qui parle. Dans ces conditions, on pourrait discuter, sans violer aucune loi de la vraie politesse, celle du cœur.


(1) La voix douce dont il est question ici n'est pas cette voix doucereuse et chantante qui agace au lieu de charmer. (Réd.)









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