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Mauvaise humeur

Il est une habitude dont, à mon grand regret, je suis obligé de parler; cette habitude a rempli d'amertume la vie de beaucoup d'hommes, quoiqu'elle paraisse, au premier abord, de médiocre importance. Je veux parler de la disposition à la bouderie ou à la mauvaise humeur. «T'es-tu donc levée du pied gauche»? demande-t-on à une jeune fille, si l'on remarque qu'elle prend tout en mal, qu'elle a une figure mausade, qu'elle est déplaisante et surtout qu'elle a l'air d'une âme en peine, dont la joie de vivre serait pour toujours partie. Elle est de mauvaise humeur, et tout le monde la fuit. C'est une bagatelle des plus insignifiantes qui provoque le plus souvent cette triste disposition. Une lettre attendue depuis longtemps ne se trouvait pas dans la boîte aux lettres, ou bien le lait était brûlé ce matin, ou bien son frère a frappé du poing à la porte de sa chambre avant son réveil, ou bien sa mère lui a donné à faire une commission ou une besogne désagréable - ou bien, que sais-je? sa mère ne lui a pas permis d'assister à un five o'clock donné par l'une de ses amies, etc., etc. Que faire? Je ne trouve pas bon que tous l'accablent et la surexcitent, ni que son frère, par exemple, lui dise en pleine table: «D'ou te vient aujourd'hui cet air lamentable? Tu nous enlèves l'appétit! …» et ainsi de suite. Ces reproches ne servent à rien; - car elle le sait bien, la pauvre enfant, qu'elle est désagréable à en faire perdre l'appétit aux autres! Oui, elle sait qu'elle est ridicule et qu'il est misérable de se révolutionner l'âme pour de si petites choses, tandis qu'il y a au monde nombre d'hommes, de femmes et de jeunes filles dont l'humeur reste enjouée au milieu de privations journalières, et le caractère aimable, même dans les plus grands malheurs. - Oui, elle sait même que son habitude, si elle s'enracine jusqu'à se graver sur sa physionomie, peut avoir de dangereuses conséquences et aller jusqu'à lui faire perdre ses amis; et pourtant elle ne peut pas se corriger, parce qu'elle n'en connaît pas le moyen. Un mauvais sort pèse sur elle pour le moment,… il s'en ira dans quelques heures, comme un mal de tête ou toute autre indisposition. Laissez-moi à ce propos vous donner un conseil; il pourrait être utile à vous ou à vos amis; et ne vous imaginez pas que la mauvaise humeur soit le monopole des jeunes filles; hommes et jeunes garçons y sont également sujets. Il en est de l'empire sur soi-même comme de la maîtrise des eaux d'un torrent; ce n'est pas assez de construire des digues - car les eaux les renversent souvent en passant par-dessus. - Mais il est très important de remonter à la source et une fois-là d'en diviser le cours, afin de parer au danger qu'elles sont parfois pour les habitations humaines. Que cette méthode soit la nôtre dans la guerre contre la mauvaise humeur; si la mauvaise disposition a déjà envahi l'âme au point de la submerger, il est souvent très difficile de se contraindre à être aimable, et la gaîté qu'on montrerait alors aurait quelque chose de forcé. Il vaut mieux s'attaquer aux eaux grandissantes de la mauvaise humeur tout au début et les diviser sans retard pour les dompter plus facilement.

Je m'explique: supposez que vous devez faire une excursion avec vos amies.. Dans la crainte que vous preniez froid, votre mère s'attarde dans la recherche de votre manteau le plus chaud, au point qu'elle vous met en retard. Néanmoins vous courez à la gare, mais vous y arrivez pour entendre le coup de sifflet de la locomotive et voir le train s'ébranler. N'est-ce pas désespérant! Et c'est votre mère qui, avec ses soins exagérés en est la cause. Alors quelque chose comme une averse grise s'abat sur l'âme pour former bientôt un torrent de mécontentement. On se propose de faire pendant des heures une figure de bouledogue. Pour des cas analogues - vous pouvez vous en figurer bien d'autres -je vous donnerai ce conseil: en face d'un insuccès, au moment où un obstacle se met à la traverse d'un projet qui vous est cher, dites-vous tout de suite à vous-mêmes: «Halte-là! Ce qui m'est désagréable en ce moment peut devenir une source de bénédictions. Je me guérirai de ma mauvaise humeur en contractant une bonne habitude… Ecoutez ce proverbe italien: «A qui Dieu ferme la porte, il ouvre une fenêtre». N'est-ce pas là quelque chose de bien consolant? Et, en vérité, chacune de nos mésaventures peut être la cause de quelque bien pour nous et pour les autres.

Mais, malheureusement, on ne voit que la porte fermée; on frappe du poing contre l'obstacle, et la rage est si forte que l'on ne voit pas du tout la fenêtre ouverte; comme on s'attriste, par exemple, si l'on tombe malade juste pour Noël, et s'il faut rester au lit ce jour-là. Et pourtant la fenêtre est largement ouverte; c'est le moment d'apprendre à être patient et aussi à se faire aimer par ses parents et ses frères et soeurs, plus encore qu'auparavant; n'a-t-on pas en outre de beaux et bons moments de calme pour réfléchir aux joies de ce grand jour, aussi bien qu'à ses propres affaires? Ces moments de réflexion paisible sont parfois aussi nécessaires à notre âme que le sommeil à notre corps.

Un autre moyen de faire diversion quand un accident nous arrive et que notre mauvaise humeur va éclater, c'est de penser le plus vite possible à tous ceux qui ont plus de chagrin que nous dans la vie…

Vous avez déjà certainement vu comment on s'y prend pour chauffer plus fortement la locomotive, quand il s'agit de gravir une pente rapide en pays accidenté. Eh bien! si nous nous sentons à notre réveil mal disposés et portés à l'irritation, échauffons doublement notre âme. Prenons une forte résolution et redoublons d'attention pour être d'humeur égale et aimable. Et qui échauffera notre âme, sinon les pensées et les sentiments d'amour dont je vous parlais tout à l'heure ? - il faut qu'il y en ait beaucoup, en vérité, pour suffire à la journée. Cependant, il est bien permis quelquefois de recharger la locomotive, même pendant le jour! La plupart des hommes se laissent aller et ont bientôt perdu leur bonne humeur. -Comme il est bon alors qu'il y en ait quelques-uns, ne fût-ce qu'un ou deux, chez qui les autres puissent aller se réchauffer et chercher un bon exemple!

Il y a auprès de Zurich une montagne, l'Utliberg. Le sommet de cette montagne est souvent illuminé par le soleil, quand les brumes d'hiver s'élevant du lac se traînent pour ainsi dire pendant toute la journée à l'intérieur de la ville et aux environs. Les nuages entourent la montagne comme les vagues entourent une île; mais sa cime s'élève fièrement au milieu des nuages gris. Il est d'usage de prévenir le public par une affiche: L'Utliberg est clair, et l'on se porte en foule vers le funiculaire pour se réjouir dans le soleil et se rassasier de ciel bleu. Soyez un peu comme cette montagne, élevez-vous au-dessus de l'irritation et des contrariétés, afin que par delà le plus épais brouillard, votre front paraisse avec l'enseigne: Suzanne sereine ou Antoine gracieux!

J'ai connu dans un pauvre village une petite orpheline, si joyeuse et si aimable, malgré ses souffrances, que tous les habitants s'intéressaient à elle comme à une reine. Cette enfant était devenue une bénédiction universelle. Pensez-y, et devenez de petites reines dans le royaume de la joie.









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