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La timidité

Est-il vraiment utile d'en parler? A une époque où l'enfant est si sûr de lui-même, si habitué à vivre dans la liberté complète, où il ne craint plus rien ni personne; où la jeunesse ne respecte plus ses devanciers et ne redoute pas d'affirmer ses propres idées à la table de famille, devant ses maîtres et même en public?

Cependant, si grâce à une éducation moins oppressive, plus libérale et judicieuse il y a moins de timides, on rencontre encore des jeunes gens et des jeunes filles que cette fâcheuse disposition fait beaucoup souffrir. Elle se manifeste assez fréquemment chez les personnes cultivées, et cause encore plus de désagréments aux hommes qu'aux femmes; sans doute parce que les premiers n'osent l'avouer et deviennent ainsi renfermés, taciturnes, ils usent de ruse et sont facilement entraînés à mentir pour ne pas se démasquer.

La timidité peut être causée par une faiblesse physique, mais aussi par la peur d'être incompris (orgueil); la crainte de faire de la peine (sensibilité exagérée); la peur du: «Qu'en dira-t-on?» (vanité).

Le timide ne l'est pas toujours depuis son enfance, c'est souvent en prenant conscience de sa personnalité qu'on le devient.

Ce que nous appelons timidité chez le petit enfant provient de causes diverses, il faut la combattre, surtout ne pas la provoquer, mais ne pas y attacher trop d'importance; nous y consacrerons notre «Coin des Petits.»

Les quelques conseils qui suivent sont extraits du volume «Les timides et la timidité», par M. P. Hartemberg qui, comme docteur, s'est occupé de cas nombreux de timidité maladive.

«On devra viser à fortifier la volonté, l'assurance, la con fiance en soi, l'initiative individuelle; habituer de bonne heure les enfants aux contacts sociaux avec les étrangers, développer le sentiment de responsabilité…

Un professeur très expert en psychologie pédagogique me suggère quelques avis fort intéressants.

Par exemple, beaucoup d'enfants n'osent pas répondre en classe, même lorsqu'ils connaissent la question, uniquement par timidité, par peur de se mettre en évidence parmi leurs camarades. Pour ceux-là on pourrait commander des exercices consistant à faire lire d'abord tous les élèves de la classe à haute voix, puis deux élèves seulement, puis le timide tout seul, de façon à l'habituer à émettre sa voix et à l'entendre dans la salle. On pourrait utiliser le chant dans la même intention: chœur des élèves d'abord, puis duo et enfin solo de l'élève timide.

Le même procédé, à l'égard des gestes, réussirait également, au moyen des exercices d'ensemble et de la danse. Ainsi peu à peu, par la répétition on habituerait le timide à agir, à parler, à chanter tout seul sous les regards de ses camarades et de son maître, en somme, devant un public; et peu à peu, il acquerrait cette assurance, cette confiance en soi, qui lui faisaient primitivement défaut.

En même temps le professeur userait habilement de son autorité et de son influence pour encourager, soutenir, réconforter le timide, lui persuader qu'il n'est pas plus maladroit et qu'il peut faire aussi bien que les autres. Il combattrait le penchant du timide à s'isoler il l'engagerait à se mêler aux causeries, aux jeux de ses camarades. Il veillerait aussi à ce que ceux-ci ne tournent pas en dérision les défauts physiques ou psychiques qui peuvent susciter la timidité. Car des détails minimes suffisent parfois pour rendre un enfant timide; le seul fait d'être le plus grand de la classe, le mieux ou le plus mal habillé, le premier dans la composition, produit de la gêne et du malaise; en principe tout ce qui le distingue de ses semblables et le met tant soit peu en évidence, est une cause possible d'intimidation. Le maitre clairvoyant découvrirait ces motifs cachés de timidité et
chercherait à en prévenir les conséquences. Mais il se gardera toujours de heurter de front la timidité de son élève; si ce dernier a commis une maladresse, il ne l'en reprendra pas directement, il ne le fera pas remarquer avec insistance; il s'efforcera, au contraire, de l'atténuer, de la faire passer inaperçue aux yeux mêmes de son auteur. C'est indirectement seulement et par voie détournée qu'on doit chercher à remédier aux désordres émotifs des timides. Et avec raison La Rochefoucauld a pu écrire: «La timidité est un défaut dont il est dangereux de reprendre les personnes qu'on en veut corriger.»

Voici un exemple des conséquences de cette faute psychologique des éducateurs:

«Quant à mon éducation, ma mère, la meilleure, la plus tendre des mères qu'on puisse imaginer, a beaucoup augmenté ma timidité, sans le vouloir, bien entendu. Chaque fois que j'avais été timide (souvent plus timide envers ceux que je connaissais, envers des parents qu'envers des étrangers), elle m'expliquait pourquoi c'était inutile, etc. Je la priais: «Ne le dis pas cela augmente le mal», mais elle n'a jamais pu le comprendre et mon trouble augmentait quand je voyais qu'elle m'observait. D'autres plaisantaient ma timidité; d'autres encore l'interprétant mal, me croyaient fier et froid et furent froissés, ce qui me troublait encore plus.»

Au même titre que la peur, la timidité est une émotion naturelle. Or nous connaissons des individus qui parviennent à maîtriser certaines émotions et à s'affranchir de leur empire. Tel est l'acrobate qui a vaincu son vertige et sa peur des espaces et qui évolue sûrement sous la coupole d'un cirque. Tel est encore le dompteur, qui affronte la férocité d'un fauve dans sa cage. Acrobate et dompteur ont maîtrisé leur émotion à force d'exercices répétés et d'entraînement assidu. Lorsqu'on voit sans cesse le danger on se familiarise avec lui. Eh bien! ce que ces hommes ont fait pour le péril vrai et la crainte justifiée, il faut que le timide le fasse pour le péril imaginaire et la crainte illusoire. Comme eux se sont familiarisés avec la peur des choses, il faut que lui se familiarise avec la peur des hommes. C'est par des contacts répétés avec nos semblables que la timidité s'atténue …..

Aussi les timides qui parviennent à se dominer et à triompher dans la vie active, loin d'être des faibles de volonté, des abouliques, sont au contraire des hommes d'une énergie supérieure… C'est pourquoi les timides qui ont surmonté leur timidité sont peut-être les plus énergiques des hommes …..

Depuis longtemps on a remarqué que la manifestation extérieure d'un état affectif, réalisée artificiellementi ne tarde pas à provoquer l'état affectif lui-même auquel elle correspond. Ainsi le rire, même simulé, finit par produire la joie; les larmes appellent la tristesse! etc. En conséquence il sera possible, en faisant réaliser sur commande aux timides l'attitude et l'allure de la décision et de l'énergie, de développer en eux ces sentiments véritables. Les sujets se tiennent en général dans une attitude humble, la tête fléchie, parlant à voix basse, ébauchant des gestes indécis et embarrassés, baissant le regard, etc. Il convient alors par des exercices systématiques de les inciter à redresser la tête et le buste, à regarder franchement et hardiment le visage de leur interlocuteur, à exécuter des gestes fermes et décidés, à parler d'une voix sonore et forte, etc… On parvient ainsi, au bout d'un certain temps, à créer chez les timides des attitudes cérébrales correspondantes aux attitudes musculaires et à développer la décision, la confiance, l'énergie volontaire.»

La disposition à rougir est une forme de timidité; il semble qu'elle soit inguérissable, mais les éducateurs l'ont souvent provoquée par leur manque de savoir-faire. Il ne faut jamais dire à quelqu'un qu'il rougit, c'est le plus sûr moyen d'augmenter son malaise et de lui en faire prendre l'habitude. L'exemple suivant est extrait du volume déjà cité:

«Pour la première fois, j'ai eu conscience de cette facilité extrême à rougir vers l'âge de 6 ou 7 ans. Je me souviens qu'un jour ayant rougi devant une personne étrangère, cette personne en fit la remarque et je me rappelle ces paroles textuelles d'une domestique de ma famille qui était présente: «A la maison c'est la même chose: à la moindre chose qu'on lui dit il rougit». Ces paroles me frappèrent et je me les suis toujours rappelées depuis… Plus j'avançais en âge plus cette facilité à rougir augmentait. Ma propre famille a, je crois, beaucoup contribué à développer cette affection… Ainsi au lieu d'avoir l'air de n'y pas faire attention, de ne pas s'en apercevoir, mon père, jusque vers l'âge de 14 ou 15 ans, avait sans cesse la malencontreuse idée de me dire: «Qu'est-ce que tu as à rougir? Qu'est-ce qui te fait rougir! Tiens ça le fait rougir que je dise cela. -Ah! regardez donc comme il est rouge! Il est rouge comme un coq! - Bon! voilà encore le rouge qui l'empoigne!» A force d'entendre dire que je rougissais, j'en ai pris l'habitude.»

Le jeune homme, la jeune fille, qui par le fait des circonstances seront appelés à vivre dans un milieu différent de celui de leur enfance, sont très exposés à devenir timides. A une époque où presque toutes les carrières sont ouvertes à chacun, le mélange des classes sera toujours plus fréquent, aussi les parents feront-ils bien de développer l'aisance des manières, le savoir-vivre, une simplicité de bon goût qui faciliteront les rapports entre personnes ayant reçu une première éducation très différente. Le fils d'ouvrier qui devient un intellectuel, pourra alors n'être pas plus gêné parmi ses camarades étudiants que le fils de l'intellectuel quand il se trouve en contact journalier avec des commerçants ou des ouvriers. Les efforts qu'ils auront fait pour être aimables, sociables, seront largement récompensés dans la suite; ils seront non seulement plus heureux mais plus utiles que le pauvre timide qui vit dans l'isolement. Qui pourra jamais compter les actes d'amour qui n'ont pas été accomplis par des personnes du reste bien disposées, à cause de leur timidité?









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