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Éducation et Vocation

Sous le titre d'«Union Sociale» s'est créé à Genève une société qui se propose entre autres choses de donner à chacun, quels que soient sa fortune et son rang, la possibilité de se préparer à la carrière pour laquelle il se sent fait.

Pour y parvenir, certaines réformes devraient être réalisées dans l'organisation des écoles.

Le projet de l'Union Sociale donnerait aux instituteurs primaires la charge de découvrir les capacités de leurs élèves. On assurerait ainsi un meilleur recrutement de l'élite professionnelle dans le commerce et l'industrie spécialement. Une aide suffisante ne devrait-elle pas être aussi accordée pour les apprentissages professionnels?

Chaque enfant aurait dès son entrée à l'école un carnet où seraient systématiquement notés les renseignements qui fixeraient ses capacités et le désigneraient pour telle ou telle carrière. On ferait ainsi reposer sur les instituteurs une très grande responsabilité et l'on peut se demander s'il leur sera possible de rester parfaitement impartiaux. Il leur faudrait en tous cas, comme l'a bien vu l'Union Sociale, une préparation bien supérieure à celle qu'ils reçoivent en général et un sentiment profond de la grandeur de leur tâche.

Nous sommes persuadés que jeunes gens et jeunes filles doivent être mis à même par leur éducation de vivre une vie indépendante, que les uns et les autres doivent pouvoir se vouer à une carrière pour laquelle ils se sentent du goût et des capacités; cependant, la question ne se pose pas tout à fait de la même façon pour la jeune fille que pour le jeune homme. Tandis que pour ce dernier le mariage sera plutôt un stimulant, pour la jeune fille, il entraînera probablement l'abandon de la vocation, surtout si c'est une vocation libérale. On ne peut donc pas faire un reproche à des parents qui ne sont pas riches, s'ils ne se prêtent pas au désir de leur fille et refusent de lui laisser entreprendre de longues et coûteuses études. Il faudrait en tous cas que la vocation fût en quelque de sorte irrésistible et que la santé ne laissât rien à désirer.

Le plus souvent, la jeune fille vise seulement à se rendre indépendante, ou bien elle veut se soustraire aux soins du ménage, à la vie terre-à-terre ou à la vie futile que l'on mène dans son entourage.

Tous ces désirs sont légitimes, mais ils ne sont pas suffisants pour se lancer dans les études. Qu'elle choisisse donc une carrière qui contribue à la rendre meilleure ménagère, meilleure épouse, meilleure mère, tout en donnant satisfaction à son besoin d'activité et à son désir de gagner sa vie.

Présente-t-elle des dons spéciaux pour la pédagogie? Alors, mais alors seulement, poussons-la dans l'enseignement. Cette carrière très encombrée ne devrait être choisie que par une élite et jamais parce que c'est un gagne-pain assuré.

La situation de maîtresse à l'école enfantine, de même que l'éducation et les soins aux enfants dans les maisons privées, les orphelinats, les hôpitaux, les oeuvres de relèvement, ne devrait pas être considérée comme inférieure. La préparation à ces carrières serait moins longue et moins fatigante que celle de garde-malade et répondrait aux besoins de dévouement qu'ont beaucoup de jeunes filles.

Les agents des offices d'orientation professionnelle, cette autre création récente, rendront des services en proportion du nombre de cas qui leur seront présentés. Ils deviendront toujours plus habiles pour discerner les capacités physiques, intellectuelles et morales des jeunes gens et des jeunes filles et toujours plus aptes à les diriger vers une carrière qui ne soit pas encombrée et présente des chances suffisantes de gain. Ils sont en outre mieux placés que les parents pour demander des renseignements et servir d'intermédiaire.

Réformes dans les programmes scolaires, corps enseignant comprenant sa responsabilisé vis-à-vis de l'avenir des élèves, office d'orientation professionnelles pourront contribuer dans une grande mesure à une utilisation plus judicieuse des forces et des capacités humaines, mais pour qu'ils puissent faire oeuvre utile et vraiment féconde, il leur faut la collaboration des parents. Souvent ceux-ci, par orgueil, préjugés ou indolence, ne tiennent aucun compte des conseils que leur donnent des personnes bien informées.

M. A. Aubert donne à cet égard les conseils suivants dans le Bulletin social des Messagers paroissiaux.

«Il faut prendre garde à ne pas encombrer certaines professions au détriment d'autres, qui sont à tort déconsidérées et délaissées: diriger, par exemple, du côté des carrières libérales, un trop grand nombre de jeunes gens, c'est préparer pour beaucoup de ces derniers les plus amères déceptions s'ils n'arrivent pas à y gagner leur vie, s'ils deviennent des déclassés et des ratés; la contre-partie du projet de l'Union sociale sera donc d'éloigner de ces carrières les incapables et les inaptes, quels que soient leur fortune et leur rang. Notre dernier article parlait avant tout de l'éducation à donner aux milieux ouvriers pour les rendre aptes à leurs nouvelles responsabilités, nous croyons que, parallèlement à cet effort, il s'agit de faire aussi l'éducation des classes dites aisées ou bourgeoises, afin de remettre en valeur parmi elles les métiers manuels et les diverses branches du commerce. Combien d'élèves, en effet, qui travaillent péniblement et sans succès au collège, parce que leurs familles n'envisagent pas pour eux d'autres carrières possibles que les carrières libérales, seraient plus à leur place et sans doute plus heureux dans des ateliers d'apprentissage, à l'Ecole des métiers, ou comme apprentis dans des bureaux ou maisons de commerce. Beaucoup sont très habiles de leurs doigts s'ils sont peu experts en grec ou en latin; ils deviendraient d'habiles horlogers ou graveurs, de bons mécaniciens, des menuisiers ou des ébénistes, artistes dans leur domaine. Mais l'habitude, la tradition, certains préjugés et le poids mort de la routine, empêchent les parents envisager même une telle solution. Nous ne nions pas que l'hérédité et le milieu ne jouent un grand rôle dans la formation professionnelle; il est naturel que les enfants issus de familles d'avocats, médecins, de professeurs, de pasteurs ou de banquiers possèdent certaines qualités innées qui les orientent naturellement du côté des professions de leur entourage, et nous condamnerions un système qui tendrait à les en empêcher: liberté et possibilité d'arriver pour tous, tel est notre principe… Chacun reconnaît sans doute qu'il n'y a pas de sot métier, pourvu qu'il soit fidèlement et intelligemment exercé, et pourtant l'idée de voir son fils devenir mécanicien ou ébéniste paraît étrange à l'avocat, au professeur ou au médecin; il a de la peine à ne pas considérer la chose comme une déchéance; mais existe-t-il vraiment une échelle des valeurs en ce qui concerne les métiers qualifiés, ne se valent-ils pas les uns les autres, n'ont-ils pas tous leur beauté et leur utilité, comme leurs petits et mauvais côtés… Envisage-t-on peut-être la question des gains et estime-t-on que les chances de réussite à cet égard sont supérieures dans les carrières libérales; ce fut vrai autrefois, mais c'est loin de l'être aujourd'hui et ce sera peut-être encore moins vrai demain: le mécanicien habile gagne souvent plus que bien des avocats ou des professeurs, en tous cas plus que des avocats ou des professeurs sans talent, qui, orientés autrement, auraient rendu plus de services et mieux réussi financièrement. D'ailleurs tous ne resteront pas de simples ouvriers, beaucoup pourront à leur tour devenir patrons ou chefs d'usines, ou contremaîtres d'ateliers. Enfin, la journée de huit heures ne permet plus de parler d'un surmenage redouté par plusieurs; nombreux sont ceux qui dans les professions libérales travaillent bien davantage, par exemple les médecins qui doivent sans cesse être sur la brèche.

Nous croyons que si la barrière factice dressée par l'opinion courante entre les professions libérales et les autres carrières venaient à tomber, nous assisterions à une collaboration et à une mutuelle compréhension entre les divers éléments de notre population qui seraient extrêmement bienfaisantes. Les nouveaux venus dans les professions libérales y apporteraient peu à peu un esprit neuf, hardi, fécond, et les nouveaux venus, dans les usines, ateliers et bureaux contribueraient à transformer l'atmosphère de ces derniers, à élargir les horizons bornés et terre à terre, à relever certains métiers, à leur rendre la valeur artistique que le machinisme leur a fait perdre. La possibilité de suivre des cours après le travail permettrait à chacun d'acquérir les connaissances générales dont il sentirait le besoin.

«Il s'agit ici d'une réforme des mœurs et des habitudes qui ne saurait se faire en un jour, mais à laquelle nous devons nous préparer et habituer nos esprits; nous ne croyons pas que son exécution, faite dans le sens du plus grand libéralisme, crée beaucoup de malheureux; elle est susceptible, en tout cas, en brisant certaines chaînes de faire beaucoup d'heureux…»

Partout, on se préoccupe des réformes à opérer en matière d'instruction et d'éducation, mais les parents ne sont pas toujours consultés et cela peut-être parce qu'ils ne s'intéressent pas suffisamment à ces questions importantes. La tendance à leur enlever la responsabilité pour la mettre entre les mains de l'Etat présente un sérieux danger, désirons que les changements se fassent avec leur appui, c'est par une union plus intime entre tous les éducateurs que l'on pourra voir s'accomplir de véritables progrès.









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