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Mensonge

Quand il n'a pas subi de mauvaise influence, quand il n'a pas été vicié par l'exemple, quand une discipline de répression excessive ne l'a pas conduit à chercher un refuge dans la dissimulation, l'enfant serait plutôt trop franc, trop sincère. Tout ce qu'il a sur le cœur, il le dit…; il le dit trop, au gré de ses parents, que sa franchise imprudente jette parfois dans l'embarras.

On connaît les indiscrétions des «enfants terribles». Ils le sont tous plus ou moins. lls disent tout: ce qu'ils ont fait eux-mêmes et ce qu'ont fait les autres. Et ce vilain défaut de «rapporteur» n'a d'autre origine, le plus souvent, que ce besoin de tout dire et de bavarder. «Un gamin de ma connaissance, écrit Guyau, vient toujours me raconter soit sur un ton de vantardise, soit parfois d'un air contrit, toutes les sottises de sa journée.» J'ai pu observer moi-même un enfant de sept ans qui n'avait jamais menti, et qui un certain jour, ayant commis une peccadille, venait me l'avouer, avant que je l'eusse découverte, me disant d'un air penaud: «Je crois, papa, que tu vas me gronder; j'ai commis une faute!»

Souvent les choses fausses et mensongères que débitent les enfants ont leur source dans le besoin d'inventer; et ces inventions n'ont aucun caractère malicieux. Elles ne sont qu'un jeu, un travestissement innocent de la vérité. L'enfant se plaît dans la fiction et il joue avec les mots, comme il joue avec le sable, avec des morceaux de bois. Il invente des histoires, des contes, pour s'amuser, de même qu'il construit des maisons, des châteaux imaginaires. Guyau cite ce trait d'espièglerie de son enfant: «Tout à l'heure, il se disait à lui-même tout haut: Papa parle mal, il dit sevette; bébé parle bien, il dit serviette: c'était naturellement le contraire de la vérité.» Une petite fille de deux ans et demi articulait, comme si elle eût sérieusement prononcé des phrases, une longue série de sons, dépourvus de toute espèce de sens: et elle concluait drôlement, par moquerie en disant: «C'est ça que tu ne comprends pas, papa!»

L'enfant ne naît donc pas menteur, à proprement parler: il le devient, et souvent avouons-le, c'est aux parents, à l'effroi qu'inspire leur sévérité (1), qu'il faut en faire remonter la responsabilité. Si nous traitons l'enfant avec douceur, à l'école comme à la maison, il restera confiant et sincère; mais terrifié par nos violences, par les châtiments dont nous le menaçons, il aura recours au mensonge pour se disculper. «Qui donc a brisé ce meuble? Qui donc a renversé cet encrier?» crions-nous avec colère et l'enfant apeuré répond: «Ce n'est pas moi!» - «Il faut» disait Miss Edgworth prendre son parti d'un verre cassé, plutôt que de mettre à l'épreuve la sincérité de l'enfant.» Et comme malheureusement ce conseil n'est pas toujours suivi, comme il se rencontre des parents et des maîtres qui grondent sans cesse, à tort et a travers l'enfant et l'élève couvrent leur faiblesse du mensonge comme d'un bouclier, pour se protéger contre les réprimandes et les punitions.

(1) Ou même à leur exemple. (Réd.)









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