Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Justice et éducation.

Justice. «Ce mot, écrit Bouillet dans son dictionnaire, désigne la vertu morale qui fait que l'on respecte les droits de chacun. Tous les devoirs qu'elle impose sont résumés dans ce précepte de l'Evangile: «Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît». Dans la morale, l'exposé des devoirs de justice se borne à énumérer les droits naturels de l'homme: Droit à l'existence, à la liberté, à la propriété à la jouissance de tous les biens licites, etc., puis à défendre de porter atteinte à aucun d'eux.» La vie toute entière des parents, leurs actes et leurs paroles, doivent être dirigés par ce haut idéal de justice.

Cependant en matière de punitions pouvons-nous toujours nous en inspirer? La méthode des punitions naturelles qui est si recommandée, et qui paraît si juste ne tient nul compte de la charité, ni même des circonstances atténuantes: Le feu brûle à la première désobéissance comme aux suivantes; le vêtement bien mince de l'indigent est même plus vite déchiré que celui de son camarade riche. Les parents feront bien de ne pas soustraire leurs enfants à ces conséquences naturelles par une surveillance exagérée, et des recommandations constantes, mais s'ils veulent appliquer eux-mêmes ce genre de sanctions il leur faut prendre bien garde de ne pas outrepasser la justice. Se venger, par exemple, sur un enfant de sa négligence en mettant comme on le faisait autrefois des pièces bleues à un habit gris, c'était peut-être une punition méritée, mais cruelle et le résultat ne devait pas en être bien profitable.

Fœrster, le pédagogue bien connu, conseille aux maîtres de confier à leurs élèves le soin de faire eux-mêmes la discipline dans les classes, leur donnant ainsi l'occasion de décider quelles sont les punitions qui doivent être infligées. Dans des entretiens auxquels le maître prend part, l'on discute du genre de châtiment que méritent: le paresseux, le distrait, le babillard ou le négligent, de l'opportunité qu'il y a à punir la classe en bloc, les innocents avec les coupables.

De telles conversations devraient aussi avoir lieu dans les familles, non pas seulement pour décider des peines à infliger mais pour s'habituer à examiner sous toutes leurs faces les questions souvent complexes qui se présentent dans la vie de l'école ou de la famille. Parents et enfants tireraient un grand profit de ces discussions. «Sans doute, comme le fait remarquer Fœrster, c'est dans des entretiens de ce genre avec des adolescents que nous sentons le mieux le vague où nous sommes nous-mêmes dans les questions fondamentales de la conscience, combien peu nous sommes capables de rendre compte d'une façon concrète des vraies raisons de nos convictions les plus hautes», mais cette constatation ne doit pas nous arrêter; loin de nous mépriser, nos enfants nous saurons gré de nos hésitations, ils comprendront mieux que leurs jugements précipités ne sont pas toujours sans défaut. Nous choisirons pour ces entretiens des sujets qui intéressent les enfants et entrent dans le champ de leurs expériences ou de leurs préoccupations. Ils pourront varier à l'infini suivant les familles et les occasions.

A titre d'exemple, voici quelques problèmes qui pourraient être posés pendant les repas ou les loisirs du dimanche:

1. Est-il juste de punir un enfant nerveux (1) qui fait sans cesse du bruit avec ses pieds et empêche d'entendre la lecture? - Est-il juste que toute la famille soit dérangée par le garçon qu'on laisse libre de faire tout le bruit qu'il veut?

2. Un maître doit-il tenir compte des capacités et des circonstances de ses élèves lorsqu'il corrige et classe leurs thèmes? - Serait-il plus juste en les traitant tous de la même façon?

3. Est-il juste de punir un enfant parce qu'il a voulu aider son camarade? - Est-il possible à un maître de juger justement les devoirs si les élèves peuvent travailler ensemble ou être aidés à la maison?

4. Est-ce une injustice de punir les innocents avec les coupables lorsque la majorité de la classe a désobéi? Est-ce un bon moyen pour faire comprendre les lois de la solidarité?

5. Est-ce juste de faire payer à une domestique les objets qu'elle casse? faut-il tenir compte de son âge, de son éducation, de son gain, de la fragilité des objets qu'on lui confie?

6. Est-ce juste de faire faire à une domestique un travail que l'on ne voudrait pas faire soi-même?

7. Est-ce juste de permettre à Jules de sortir le soir et de le défendre à Jacques qui est délicat, ou serait-il plus juste de le défendre à Jules parce que son frère ne peut pas le faire?

8. La Société des Nations pourra-t-elle être juste dans toutes ses décisions et envers tous les peuples? - Pour des écoliers cette question peut être envisagée du point de vue de l'histoire et de la géographie. On se demandera s'il faut rétablir les frontières d'il y a 50, 100, 200, 500 ans, et l'on viendra tout naturellement à conclure qu'il vaut mieux recourir au plébisicité. Puis le plébiscite examiné il faudra discuter du droit des minorités et de la nécessité où elles sont de se soumettre et de supporter l'injustice.

Si les parents savent mener ces discussions avec entrain, sans parti-pris et en n'intervenant que le moins possible, leur conséquence sera de convaincre jeunes et vieux que si la justice absolue n'appartient qu'à Dieu, nous devons pourtant toujours y tendre.


(1) Eviter cette question en présence d'un enfant nerveux.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève