Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

(Sans titre)

Mme Adolphe Hoffmann, aux écrits de laquelle nous empruntons les fragments qui vont suivre, nous a été enlevée le 6 novembre. Elle fut notre précieuse collaboratrice pendant plus de vingt ans. Mieux qu'aucune de nous, elle fit connaître notre petit journal en en parlant dans tous les milieux où elle était appelée à donner des conférences.

Si sa voix chaude et convaincue était écoutée, c'est qu'elle avait beaucoup vécu, souffert, lutté, comme aussi beaucoup aimé et prié. Et c'est pour cela que, non seulement elle vibrait si puissamment à nos joies et à nos difficultés, mais qu'elle nous réconfortait par un optimisme né d'une foi indéfectible, d'autant, plus frappant qu'elle avait le tempérament tragique.

L'atmosphère de nos réunions de mères était changée quand elle était là; elle animait l'entretien, l'élargissait et d'un coup d'aile sa prière portait nos préoccupations à Dieu.

Prodigieusement active, persévérante, endurante, elle partageait avec son mari les soins d'une paroisse, recevait sous son toit au cours de longues années des centaines de jeunes étrangères et élevait ses propres enfants… avec quelle tendresse, quel souci d'intimité! Le témoignage d'une émotion poignante que son fils lui rendit au service funèbre, le donne à penser: «Aucun de nos camarades ne posséda sa mère comme nous la nôtre! …»

Etaient-ils malades, elle les veillait avec une sollicitude inlassable. Toujours prête à les entendre, elle laissait, tout dès qu'ils manifestaient le désir de converser avec elle. Elle était alors tout à eux, qu'il s'agit de jeux, d'études ou d'autres préoccupations, comme si rien ne la sollicitait nulle part.

Tandis qu'elle vaquait à tout cela, elle songeait encore que «nul n'a le droit de traverser la vie et de la quitter, sans avoir amélioré quelque chose ici-bas» et comme elle était persuadée que les enfants - les hommes de demain - sont ce que leurs mères les font, qu'elle avait un haut idéal du bonheur familial, elle en fit sa cause comme de tant d'autres (relèvement moral, condition sociale de la femme, œuvre de la paix etc.); car, lorsqu'elle voyait une activité en souffrance, elle ne se demandait pas si quelqu'un autour d'elle pourrait s'y consacrer, mais si elle avait une raison pour ne pas s'en charger elle-même.

Alors, par la plume, par la parole, sans se lasser, elle chercha à réveiller le sentiment de la responsabilité dans tout cœur maternel. Elle n'imposait pas des méthodes, elle apportait des expériences vécues, des faits, des convictions ardentes.

Ferme adepte de l'obéissance volontaire, abhorrant les moyens d'obtenir une soumission servile, elle se fit l'apôtre du respect et de l'amour de l'enfant; non d'un amour égoïste - son soin de socialiser l'éducation de la jeunesse en était la preuve - mais d'un amour joyeux, viril et saint.

«Etre heureux, c'est se donner tout entier» avait-elle dit. Elle se donna tout entière, au dedans et au dehors.»

«Ses fils se lèvent et la disent heureuse». (Prov. 31, 28).

*****

Surtout montons vers l'idéal, dans notre vie de famille, dans notre mariage. «L'union de l'homme et de la femme, disait un pasteur, c'est le saint des saints ».

Oh le Roi du ciel et de la terre au milieu de nous, dans notre ménage, dirigeant tout, réglant tout, bénissant tout!

L'enfant de ceux qui vivent dans le Seigneur est sans cesse mis en face d'inestimables privilèges. Il est membre de l'institution royale créée par Dieu, qu'on appelle la famille chrétienne. Bien heureux enfant, enfant béni, il possède ce que le monde peut offrir de plus précieux, en attendant la félicité de l'au-delà: un coin sur terre du paradis dont ses parents l'ont fait citoyen en le consacrant au Sauveur dès avant sa naissance. Leur amour, leur exemple, leurs prières incessantes, pleines de foi, exaucées d'avance par Celui qui veut qu'on laisse venir à lui les petits, ont acquis à cet enfant le droit de bourgeoisie dans la maison où il y a plusieurs demeures, la maison du Père.

*****

Quand nos enfants s'échappent de nos bras, il faut qu'ils aient appris plusieurs grandes leçons dont ils auront besoin pour leur route, entre autres celle de la tendresse. A la mère de nouer un lien très doux entre les enfants qu'elle possède déjà et le bébé qui arrive et qui réclame sa place au nid. Une joie intense pour des parents, c'est la contemplation de celle qu'éprouvent les aînés à l'apparition, d'un petit nouveau-né. Cette joie est naturelle, elle peut avoir sa source spontanée, mais elle dépend beaucoup aussi des sentiments du père et de la mère. Accueillent-ils cette naissance comme un précieux don d'en haut, leur gratitude s'étendra à la famille entière, qui, consciente de sa mission, se recueillera, se resserrera pour recevoir dignement l'hôte fragile qui vient la couronner.

*****

Certes l'obéissance est nécessaire. Un des premiers devoirs de l'éducatrice, c'est d'accoutumer bébé à faire ce qu'on lui dit et à laisser ce qu'on lui défend.

Les ordres reçus doivent être suivis. Avant de savoir marcher, la petite créature doit avoir compris que la volonté maternelle est absolue, qu'il lui faut s'y conformer. Ce point acquis vous aurez posé une des bases, une des assises les plus solides de l'éducation.

Est-ce tout? Oh! non, loin de là! Nos devoirs sont plus complexes et plus difficiles: autorité parentale ne signifie point tyrannie; l'enfant aussi possède une volonté propre. C'est même un élément essentiel de sa fortune morale, qu'il s'agit de ne pas anéantir, ni de diminuer. Pour cela la liberté lui est indispensable. Il doit se sentir à son aise, maître de quelque chose et indépendant dans la mesure du possible.

La mère n'a ni le droit de beaucoup commander, ni celui de souvent défendre. Ah! si les mères voulaient s'en rendre compte, comme tout irait mieux Permettez tout ce que vous pouvez permettre défendez peu et seulement à bon escient, vous souvenant que c'est le joug qui crée la révolte. Singuliers parents, qui ne s'en doutent même pas! Puis ils s'étonnent de l'indiscipline enfantine! Peut-on davantage manquer de sagesse?

*****

Il y a beaucoup de victoires décisives que seul l'enjouement maternel rend possibles. L'enfant, surtout s'il est mal disposé, vous en voudra pour la moindre parole maussade on irritée, tandis qu'un peu de jovialité eût triomphé de ses caprices. Les sourcils froncés, vous réclamez quelque chose de difficile. L'enfant s'y refuse, il boude ou se rebelle. Le même effort demandé avec une figure souriante eût été tenté de bonne grâce et accompli sans maugréer.

Oui, une physionomie renfrognée ou même seulement soucieuse peut jeter un voile funèbre sur une vie d'enfant.

*****

Nous devrions nous promettre de ne jamais laisser aucun des nôtres s'éloigner de nous sans lui avoir adressé une parole affectueuse. Le monde est plein de fondrières, dans lesquelles nos bien-aimés peuvent s'enliser. Notre amour sera, par la grâce de Dieu, leur meilleur préservatif. Il le faut à tous, à ceux qui grandissent et qui nous quittent tout comme à ceux qui demeurent sur nos genoux. A l'heure de la tentation, ce qui retient, c'est une caresse maternelle. Lorsq'un fils commence à glisser, il a besoin de tendresse. Chaque adieu devrait se dire dans un baiser, dans un sourire ému, comme nous voudrions que soit le dernier adieu. Car combien de maris, de fils, de bien-aimés qui partirent au matin et qui jamais ne repassèrent le seuil du logis désolé!

Savons-nous si nous les posséderons encore ce soir? Si nous pourrons retirer les paroles désobligeantes que nous leur avons adressées tout à l'heure? Je vois devant moi une veuve à laquelle on rapporta vers midi son petit garçon de huit ans, mort. Il était tombé d'un sapin. Sans un cri, sans une larme, elle se jeta sur le corps et y resta étendue. Nous essayâmes de l'éloigner, de lui dire des paroles de consolation. Rien n'y fit, elle restait sourde comme un caillou. Enfin les autres s'en allèrent et je demeurai seule avec elle. Les heures passèrent; il commençait à faire sombre. Soudain, au moment où je m'y attendais le moins, elle se releva. Ses yeux brûlaient, son pauvre visage avait vieilli de vingt ans, il était livide, effrayant. Elle ouvrit la bouche et dit d'une voix creuse, complètement changée: «Je l'avais battu avant son départ pour l'école, à cause d'une bagatelle. J'étais en colère et je lui ai dit qu'il faisait mon tourment. Ses lèvres tremblèrent, il leva les mains vers moi pour me supplier, mais je me détournai. Alors il sortit de la chambre en pleurant. Il n'a pas su que j'avais tout de suite après regretté mon injustice, que je l'aurais volontiers rappelé. Oh! pourquoi ne l'ai-je pas fait? Il ne me regardera plus jamais. Et je l'aimais tant mon fils! mon fils!».

Je serrai ses pauvres mains, je pleurai avec elle. Quel réconfort pouvais-je lui donner? Christ seul, le Sauveur, peut panser de pareilles blessures.

*****

Il faut rendre nos enfants heureux coûte que coûte même quand ils sont peu attrayants le long de l'âge ingrat. Car c'est alors, alors, surtout, qu'ils ont besoin de bonheur.

*****

J'aime à croire qu'il est superflu de prémunir les éducatrices contre certaines paroles imprudentes et dangereuses telles que: «Ne fais pas cela, tu vois bien que c'est trop difficile pour toi, tu n'y arriveras jamais!» N'est-ce pas chose odieuse que de détruire ainsi une des meilleures facultés des tout-petits, en les décourageant, en leur faisant perdre cette inestimable confiance en eux-mêmes, cet optimisme indomptable, cette vigoureuse et touchante ardeur, mise aujourd'hui au service d'un jeu, d'une illusion, mais qui, plus tard, le long de la vie, après avoir été modérée par ses âpres leçons, les rendrait capables de nobles luttes, de victoires décisives parfois? Pourquoi toujours leur faire part de nos doutes? Pourquoi ne pas les laisser essayer, essayer encore, avec entrain et zèle? Pourquoi, entre leurs efforts et les leçons inévitables de l'expérience, interposer nos tristes désenchantements?

Certes il serait souvent plus facile, plus commode aussi de faire l'ouvrage nous-mêmes; nous épargnerions de la sorte notre temps et notre peine. Mais est-ce juste ou équitable d'enlever à un être en voie de formation les moyens de se développer! N'appauvrit-on pas le prochain chaque fois qu'on lui ôte une responsabilité? et nous avons le devoir imprescriptible, pour son plus grand bien, de viriliser dans toutes les occasions le caractère et les facultés de la petite créature qui dépend de nous, dans une si large mesure, pour le succès de son voyage terrestre.

Une fillette de quatre ans s'évertue à nouer seule son petit soulier. Elle fronce les sourcils, elle pousse de gros soupirs bruyants, elle transpire sur sa grave entreprise, mais elle persévère. Peut-être réussira-t-elle. Et si non, n'aura-t-elle pas du moins fait de son mieux? Survient sa mère, ou sa bonne, ou une sœur aînée.

Voyons, Madeleine, tu vas faire des nœuds aux cordons, veux-tu bien me laisser fermer tes chaussures moi-même! ce n'est pas ton affaire.

La fillette entend et elle se le tient pour dit. Désormais elle ne s'appliquera plus si volontiers, elle se gardera de peiner pour rien. Ah! cette contagion de nos découragements, quel poison funeste pour ces futurs travailleurs, qu'au contraire il aurait fallu stimuler pour d'ardents combats.

La mère en toute occasion, n'aidera donc que juste assez pour que l'enfant ne se rebute pas, pour qu'il puisse triompher gaiement des obstacles.

L'ignorance prépare la chute, la jeunesse tombe plus souvent par légèreté que par sensualité, par imprudence que par la décision bien arrêtée de se mal conduire. Ayons grand soin que ce soit de nos lèvres qu'elle reçoive les premières leçons de pureté. Quand les admirables lois qui gouvernent la vie ont été dévoilées et reçues dans un esprit de recueillement, une œuvre immense a été accomplie…

Comment parlerons-nous?

Brièvement, sans emphase, avec la plus entière simplicité, nous souvenant que tout est pur pour ceux qui ont le cœur pur, en implorant de notre Père céleste sa pureté qui nous rendra capable d'être une initiatrice de la vertu. Pourquoi reculerions-nous devant ce devoir? La mère consciencieuse qui ne s'y est pas soustraite, mais qui l'a accompli, sous le regard de son Dieu, en est parfois sur-le-champ récompensée. Emue et surprise, elle contemple la candeur avec laquelle l'enfant écoute. Elle l'entend sécrier plein d'une nouvelle tendresse: «Maman tu as souffert pour moi!…»

Quand parlerons-nous?

La première fois que l'enfant interrogera vous répondrez à sa question et c'est tout. Ne manquez cependant jamais d'ajouter: «Si tu as quelque chose d'autre à me demander, viens vers moi, je te le dirai».

La curiosité de l'enfant,- qu'une première information satisfait d'ailleurs presque toujours pour longtemps - sera votre orientation la plus sûre elle vous indiquera ce que vous devez faire.

Si l'enfant vous quitte pour aller vivre loin de vous, alors prévenez ses interrogations, c'est une mesure de prudence et de sûreté. De deux maux, il faut choisir le moindre, mieux vaut parler trop tôt que trop tard. Car une révélation malsaine peut l'atteindre comme un dard meurtrier. Un enfant qui n'a pas été instruit selon la vérité et la sainteté c'est un enfant en péril.

*****

Il n'y a rien de plus bête ni de plus malfaisant qu'une vie médiocre. Ce ne sont pas les méchants qui nuisent le plus ici-bas, mais ceux dont, la volonté est débile dont la conscience est muette, ceux qui sont sans cesse ballottés entre le bien et le mal. L'indifférence, la lâche et veule inertie des «braves gens», surtout celle des femmes «très bien», paralyse le progrès et la sanctification de l'humanité.

*****

J'ai la ferme conviction que le bien est plus fort que le mal, c'est-à-dire que Dieu règne et que ses enfants régneront avec lui quand ils se seront, sans la moindre réserve, consacrés à son service.

*****

Inutile de s'attendre à être heureux aussi longtemps qu'on accomplit moins qu'on ne pourrait et qu'on remplit sa vie d'occupations secondaires, inférieures, de peu d'utilité.

*****

Deux mignonnes fillettes étaient assises un après-midi sur l'épais tapis aux mille couleurs de la chambre des enfants, jouant à la poupée.

Au beau milieu de la toilette de son bébé en porcelaine, la plus petite s'arrêta et fixa ses grands yeux rêveurs - ils sont souvent presque insondables, les yeux de cet âge - du côté du plafond.

- Quand on meurt, est-ce qu'on n'emporte rien? La plus grande des deux petites couchait justement son nourrisson et songea un instant.

- Non, rien, répondit-elle, sauf ce qu'on a donné aux autres.

Dans ce simple mot d'enfant, il y a une profonde vérité. Ce que nous avons donné en fait de patience, de pardon, de bonté, d'amour, cela nous suivra dans l'éternité. Rien d'autre.

«Bienheureux les morts qui meurent au Seigneur. Oui dit l'esprit, car ils se reposent de leurs travaux et leurs les suivent» (Apoc. 14, 13).


Ces quatre derniers fragments sont tirés de: Plus près de l'idéal, ce volume, spécialement destiné aux jeunes filles, est d'une lecture facile (3 fr.) Les autres extraits font partie du Livre des mères (4 fr.). Ces ouvrages sont tous deux encore en librairie.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève