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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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Intimidation

Henri, âgé de cinq ans, fut envoyé un jour chez des amis plus âgés pour y passer l'après-midi. En rentrant chez lui, il était l'heureux possesseur de cinq billes neuves, qu'il s'empressa de montrer à sa maman et à tous les autres membres de la famille. Mais quelqu'un insinua que son ami n'avait peut-être eu l'intention que de lui prêter ces billes, et qu'Henri ferait bien d'aller les rendre le lendemain. Pauvre Henri ! On l'eût accusé de vol qu'il n'eût pas été plus malheureux ? Sa véracité ainsi soupçonnée, il commença à avoir à son tour des doutes sur la légitimité de ce cadeau.

- Henri, d'où viennent ces billes ? lui demanda à son tour le père.

- C'est Samuel qui me les a données.

- Prêtées plutôt ! Il n'avait pas l'idée que tu les emporterais n'est-ce-pas ?

- Mais si, je crois bien que si.

- Comment te les a-t-il données ?

- Il les a mises par terre . . .

- Et tu les as ramassées ? A-t-il dit quelque chose ?

- Il a dit : Tiens, Henri.

- Eh ! bien, il faut aller les rendre, je suis sûr que Samuel compte dessus.

Mais Henri n'accepte pas si aisément cette conclusion. Il se met dans une violente colère. Sur quoi nouvelles questions et nouvelles réponses, toujours plus embrouillées. L'enfant souffre autant de devoir rendre les billes qu'il est embarrassé maintenant de les garder. Enfin une des personnes présentes s'offre pour aller chez Samuel et revient bientôt après disant qu'Henri a raison; les billes lui ont été vraiment données.

Témoin de cette petite scène, je compris combien il est facile d'intimider les petits enfants, de les rendre malheureux et même de compromettre leur véracité ! Les parents d'Henri avaient raison de se renseigner pour être sûrs qu'aucun tort n'avait été fait à Samuel. Mais ils auraient dû le faire d'une manière délicate: écouter patiemment ce que le petit garçon avait à dire et ne pas transformer leurs questions en accusations.

Tel enfant d'un caractère hardi, indépendant peut supporter le plus sévère examen sans dévier de la stricte vérité. Il est sûr de lui-même et de l'exactitude de ses récits. Tel autre d'une nature plutôt timide croit volontiers que ses aînés ont raison; leurs suggestions le troublent et l'amènent facilement à douter de ses propres affirmations.

Qui a fait cela ? Est-ce toi ? Dites-vous brutalement à un petit coupable. L'enfant effrayé, n'ayant le temps ni de réfléchir, ni de rassembler toute son énergie pour dire la vérité, répondra peut-être par un mensonge. Et c'est vous qui dans votre prière répétez journellement: "Ne nous induis pas en tentation," qui avez placé sur le chemin d'un plus faible que vous la tentation à laquelle il a succombé.

Si vous saviez déjà que c'était lui, mieux eu valu constater le fait, et punir s'il y avait lieu, que de donner au coupable l'occasion d'ajouter un mensonge à sa faute.









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