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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURDu rôle du jeu en éducation Pour les petits. - Jusque vers 6 ans le jeu est un travail, il est le principal agent de développement; la vue, l'ouïe, le toucher, l'adresse, l'imagination, l'intelligence y sont tour à tour mis en action. Il faut donc que l'enfant joue autant qu'il le veut. «Les jeux sont la partie sérieuse de la vie des enfants, et constituent pour eux le travail le plus important… Il leur faut donc des instruments dont il puissent eux-même faire quelque chose. Par conséquent très simples, incassables, et se prêtant aisément à toutes les fantaisies de leur imagination. La pensée, l'activité créatrice ne sont pas stimulées par des objets achevés mais par des objets en formation» (H. Lhotzky). Les charmants volumes de Tom Tit donnent une quantité de suggestions charmantes pour l'utilisation des matériaux les plus simples: bouchons, allumettes, marrons, glands, etc. Même si nous demandons à un enfant de nous rendre quelques services, de mettre la table, d'ôter la poussière, il le fera plus volontiers sous forme de jeux. «Faire les choses en se jouant» n'est-ce pas une utile leçon, et qui peut éclairer l'existence la plus difficile? Pour les moyens.(1) - Le jeu devient un délassement, il est alors nécessaire d'en limiter la durée; de fixer les moments qui lui seront consacrés. La vie d'école laisse sans les exercer des facultés que le jeu développera. Besoin d'activité musculaire, sociabilité, liberté, et jusqu'à un certain point conscience trouvent dans les jeux l'occasion de se développer. Excellents pendant les récréations, les jeux organisés par les écoliers avant et après les classes présentent quelques dangers. C'est une bonne habitude à prendre de ne partir de la maison ni trop tôt ni trop tard, et d'y rentrer directement. Il vaudra mieux autoriser quelquefois un rendez-vous à heure fixe et surtout, lorsque cela est possible, réunir chez nous dans notre jardin ou notre cour les petits camarades de nos enfants. Les jeux peuvent être un excellent préservatif en remplaçant les mauvaises conversations par des intérêts plus sains. Les parents qui ne peuvent pas défendre à leurs enfants de jouer dans la rue feront bien de favoriser l'organisation de ces jeux collectifs et de s'y intéresser. Certains enfants sont portés à tricher, il faut les surveiller et leur montrer que c'est là une forme de mensonge, et que par conséquent un homme d'honneur ne peut se le permettre. «Il est nécessaire d'intervenir quand on voit le penchant à la lutte se manifester d'une manière brutale ou méchante; qu'on prenne garde ici aux simples taquineries, l'abus qui en est fait peut causer les dommages moraux les plus graves aussi bien à ceux qui s'y livrent qu'à ceux qui en sont victimes, engendrant, chez les uns, un esprit de domination, de contradiction, de querelle, chez les autres la timidité ou l'animosité.» (Frédéric Queyrat). M. Pierre Bovet qui a fait une étude approfondie du sujet estime que l'instinct combatif existe à des degrés divers chez tous les garçons; il ne pense pas qu'il soit possible, ni même utile de chercher à le supprimer mais il faudrait le faire concourir au bien de l'enfant en le «sublimant», c'est-à-dire en le transformant en un désir de lutter contre tout ce qui est laid ou mauvais, en réveillant l'esprit chevaleresque. C'est ce qu'a bien compris Baden Powell lorsqu'il a créé le corps des éclaireurs, cette institution qui compte à l'heure qu'il est plus d'un million et demi de membres dans le monde. Il y a sans doute des patrouilles d'éclaireurs qui ne suivent que de très loin les principes de leur fondateur et parmi les éclaireurs des garçons qui ne font pas honneur à leur uniforme, mais il ne faut pas juger d'un système par les exceptions. «Provoquer plutôt qu'imposer une bonne conduite est d'une sage politique. L'association est à cet égard une excellente école. Aussi est-il à souhaiter qu'à partir d'un certain âge les adolescents se groupent en société sportives, intellectuelles, philantropiques ou morales. Ils y acquerront, en même temps qu'une expérience concrète de la solidarité qui lie l'intérêt de chacun à celui de tous, des qualités de discipline volontaire, d'économie, de travail en commun, d'altruisme qui forment le fond de bien des vertus sociales et privées… les petites sociétés qui visent en fait, au moins tacitement à réaliser un idéal moral, infusent de la moralité sociale dans la chair et dans le sang de leurs membres.» (Paul Gaultier). Pour les grands. - Sous la forme de Sports le jeu a encore un rôle important à jouer dans la vie des jeunes gens et des jeunes filles. A cet âge où les forces bouillonnantes que l'on sent en soi vous incitent à se croire déjà des adultes, les exercices du corps sous quelque forme que ce soit sont un puissant dérivatif. Il est bon que jeunes gens et jeunes filles aient l'occasion de se rencontrer ouvertement dans quelque association ayant un but défini. Leurs rencontres revêtent ainsi un caractère de simplicité qui apaise les sens au lieu de les exciter. Courses, patinage, alpinisme, football, tennis etc. font vivre au grand air, fortifient le corps et détendent les nerfs. «Il faut au corps une certaine dose de volupté… Or le sport produit de la volupté, c'est à dire du plaisir physique intensif. De là vient que le jeune homme appelé à choisir entre le plaisir qui le mettra bas et le plaisir qui l'exaltera en arrive à préférer le second au premier. Ainsi l'ivresse musculaire pacifie les sens non pas seulement par la fatigue mais par la satisfaction. Elle ne se borne pas à les neutraliser elle les contente.» (Pierre de Coubertin). «Mais la pratique des jeux à règles fixes présente des avantages d'un autre ordre, elle est une bonne école de discipline, elle force à obéir promptement et sans penser à soi». Le cricket et le football, (on pourrait en dire autant d'autres exercices comme le canotage, la gymnastique d'ensemble etc.) ne sont pas destinés seulement à développer les poumons et les muscles. Le but est plus élevé; ils font l'éducation de la volonté. Un garçon apprend à obéir et plus tard à commander… Le meilleur joueur n'est pas toujours le plus brillant; c'est celui qui est le plus utile à son équipe, celui qui au risque de manquer lui-même un beau coup donne à un camarade l'occasion de jouer à coup sûr. Le jeu ainsi compris est la meilleure école, de discipline morale.» (M. Minssen) S'adonner au jeu en ayant en vue le bien moral de ses camarades, dans un but réfléchi de solidarité c'est lui assigner son plus beau rôle éducatif. Baden Powell en donnant à des jeunes la charge de leurs cadets, leur rend le plus grand des services, car ils sont précisément à un âge où l'on se préoccupe plus volontiers de soi-même que des autres. Il leur fournit une occasion unique de faire un apprentissage d'éducateur. La charge de chef de patrouille volontairement et joyeusement acceptée contribuera à développer les qualités les meilleures d'un jeune homme.. Il est d'autres sociétés qui offrent les mêmes avantages: Unions chrétiennes, groupes d'espoir, groupes de missions, etc, nous ne citons que les éclaireurs parce que leur but est bien le développement corporel et moral par le jeu, qui a fait le sujet de ces lignes. (1) Voir dans le No 2, 1917 de Aux Mères l'article Jeu et travail. |
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