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A propos d'argent
Ordre ou Laisser-aller
L'argent est une grande chose qui rend souvent les gens bien petits.
Education religieuse et argent. A première vue, ces deux sujets semblent aux antipodes. N'est-ce pas un manque de tact de les traiter dans un même numéro de «Aux Mères»?
L'argent représente, pour nous, ce qu'il y a de plus matériel de plus terre-à-terre. Et, cependant, quelle place il tient dans notre existence, comme nous y tenons, combien nous en parlons, il n'est presque pas d'heures où nous n'en touchions, où nous n'ayons à y penser. Pour cette raison, il mérite d'être respecté.
L'argent est indispensable à travers toute la vie. Le plus pauvre, comme le plus riche de nos enfants aura à s'en servir. Tous, ils devront gagner, dépenser, donner, épargner. Tous, par conséquent, doivent apprendre de nous à en faire un bon usage. Comment l'apprendraient-ils, si ce n'est en nous voyant nous en servir, en nous en entendant parler.
En proportionnant ses dépenses à son revenu, on introduit dans son existence et dans la vie de toute la famille un calme, une sérénité que ne connaîtront jamais ceux qui ont sans cesse recours à des expédients pour faire face aux besoins les plus pressants.
Les exemples suivants, pris dans la vie quotidienne de divers milieux, sont la preuve évidente qu'il y a toujours deux manières d'envisager les choses, et que le tout est de savoir choisir la bonne.
Ces savonneuses sont d'un exigeance! Croirais-tu que Z. m'a demandé encore un franc de plus pour sa journée? Avec ça ses enfants sont toujours aussi mal tenus et déguenillés. Je lui donne pourtant tous nos vieux habits; mais quand on est désordre!
Que c'est ennuyeux ce système de payer tous les jours le laitier; autrefois, on pouvait attendre d'avoir de l'argent pour règler le carnet.
- Eh! Pierre, cours vite me chercher un kilo de macaronis.
- Alors, donne-moi de l'argent.
- Prends-le dans mon portemonnaie.
Pierre rentre. - Cela a été bien long, tu as encore lambiné. Donne vite, je n'ai que le temps de les mettre sur le feu.
Le soir, la mère fait ses comptes.
Je ne comprends pas comment l'argent disparaît. Ce matin, j'avais encore deux pièces de 5 fr. et maintenant, il n'en reste qu'une. Non, j'y renonce; jamais, je ne pourrai avoir des comptes justes… Ah! j'y pense! Pierre, combien as-tu pris ce matin pour les macaronis?
- Une pièce de 5 fr. Tiens, voici la monnaie.
- Rien que ça? décidément la marchandise ne cessera pas d'augmenter! Voilà un sou pour ta peine.
Z. m'a dit qu'elle était obligée de me demander encore un franc de plus par journée. C'est bien ennuyeux; mais quand j'y réfléchis je ne comprends pas comment elle peut nourrir et vêtir ses trois enfants avec six francs par jour?
Comme c'est plus commode de payer le laitier chaque jour: autrefois, on avait souvent des erreurs dans les comptes.
- Pierre, voudrais-tu me rendre le service d'aller acheter un kilo de macaronis. Attends, je vais te donner l'argent. Je n'ai pas de monnaie, voici 3 fr., tu regarderas bien les pièces qu'on te rend, et n'oublie pas de demander d'abord combien tu dois payer. La semaine dernière, ils coûtaient 1 fr 40, mais, maintenant, les prix changent souvent.
Pierre rentre. -Voilà les macaronis.
- Pose-les sur la table et faisons nos comptes.
- Ils ont baissé, c'est seulement 1 fr. 30.
- Tant mieux, espérons que bientôt tout sera moins cher.
Tu es un bon petit commissionnaire! Merci, mon garçon.
Avez-vous vu, on vient encore d'ouvrir, à la Rue Neuve, un de ces grands magasins de vente à crédit?
J'ai envie d'y entrer cet après-midi pour m'acheter une robe. Car pour me la payer au comptant, c'est impossible.
Oh! que ces réclamations mensuelles sont désagreables! Jamais, je ne trouverai l'argent nécessaire pour la prochaine échéance. Au fond, ces gens sont des voleurs, ma robe n'a rien valu et je n'ai pas fini de la payer!
1, 2, 3, 4, 5 factures, jamais je ne pourrai les payer toutes!
Voyons lesquelles peuvent attendre: Le cordonnier, et puis ce marchand de poterie qui m'a envoyé au choix. J'ai pris plusieurs choses; on casse tant et c'est si difficile de réassortir!
J'avais promis à la couturière de lui donner au moins un acompte. Mais c'est impossible, elle est toujours plus exigeante. Bientôt, elle m'enverra un commandement de payer, comme le ferblantier, l'année dernière, parce que j'avais oublié de lui régler une petite réparation.
Mon mari dit que c'est juste, mais il ne se rend pas compte de ce que coûte la vie, il croit toujours que j'exagère.
Je ne comprends pas à quoi tu emploies ton argent. Si ton père savait que tu as déjà dépensé celui qu'il t'a donné dimanche, il te gronderait joliment. Tu sais pourtant que tu dois acheter tes fourniture d'école toi-même. Mais tu trouves plus agréable de manger des petits pains et des bonbons.
On vient encore d'ouvrir, à la Rue Neuve, un de ces magasins de vente à crédit! Quel système détestable et comment y a t-il encore tant je gens qui s'y laissent prendre. Ce n'est pourtant pas bien difficile de calculer et de voir que la marchandise coûte à la fin beaucoup plus cher et qu'un vêtement est usé avant qu'on ait fini de le payer.
Est-ce qu'on ne pourrait pas interdire ce système? Les magasins qui ne vendent qu'au comptant rendent un grand service à leur clientèle.
Eh bien, j'ai eu une bonne matinée et je me sens légère comme un oiseau.
Boucher, boulanger, couturière, je ne dois plus rien.
J'ai laissé au cordonnier une paire de souliers à racommoder et lui ai dit de me les envoyer contre remboursement à la campagne; je ne voudrais pas qu'il eût à attendre notre retour.
J'ai passé aussi chez le confiseur payer l'excellent biscuit de la fête de papa et lui ai demandé pourquoi il ne m'avait pas envoyé la facture. «Je n'ai pas osé, m'a-t-il répondu. Et comme je le regardais avec étonnement, il m'a raconté que certaines dames n'aiment pas que leurs maris sachent ce qu'elles dépensent chez le confiseur.
Maman, voudrais-tu me prêter 20 ct. pour acheter un cahier?
Comment n'as tu déjà plus d'argent? tu aurais dû penser d'avance que tu aurais besoin de ce cahier.
Vous avez chacun votre argent de poche et devriez arriver à savoir proportionner vos dépenses à votre avoir.
Enfin, Voilà 20 cent. pour ce cahier, mais tâche que cela ne recommence pas. Et puis, ne le dis pas à tes frères, ils voudraient tous que je leur paye quelque chose.
Tu vas être en retard, voilà pour prendre ton tram. J'ai beau faire, plus je t'éveille de bonne heure, plus tu lambines. Et tu n'as pas tes «dix heures» tu achèteras un petit pain.
Nous verrons à midi, avec papa, ce qu'il en pense; tu sais qu'il tient à ce que tu sois économe.
Dépêche toi, sans quoi tu seras en retard. Voilà un jeton de tram pour remonter à midi s'il pleut.
As-tu pensé à prendre du pain pour tes «dix heures»?
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