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Les besoins religieux du jeune garçon

Marcher pieds nus dans l'eau est tout autre chose que de nager. La traversée d'une rivière à la nage ne ressemble guère à un voyage sur mer. Dans ces trois exercices, l'eau joue un rôle primordial, mais on s'en sert de diverses manières. Celui qui patauge marche dans l'eau, mais son pied repose sur la terre ferme; le nageur avance dans l'eau grâce à son adresse et à l'énergie qu'il déploie, et le voyageur navigue sur l'eau en compagnie d'autres passagers et, grâce aux efforts combinés de milliers d'hommes, qui, par un travail persévérant, ont rendu la navigation possible. De même l'âme humaine, dans les étapes successives de son développement, entre en relations de différentes manières avec cette chose immense et merveilleuse qu'est la religion.

Le garçon au-dessous de douze ans patauge, l'adolescent nage, l'homme voyage sur mer. Les besoins religieux ne sont pas les mêmes dans ces trois périodes de la vie.

Ce qu'il faut au jeune enfant, ce sont tout simplement de bons parents et une vie de famille normale au milieu d'autres enfants. Avant même qu'il soit capable d'attacher un sens à la parole articulée, l'atmosphère de paix, de sécurité, d'amour dont il sera enveloppé contribuera à former son âme… Il a besoin de marcher et de patauger le long de cette grève unie et sans danger, où l'eau est tiède et fait entendre un doux clapotis, où le sol est ferme et propre sous ses pas, où ses petits pieds ne risquent pas d'enfoncer dans les gouffres du vice et de l'abjection ou de se meurtrir contre les pierres de la misère sordide. La société doit à chaque enfant un foyer familial sain, et la vie de ce foyer sera pour lui sa première initiation à la religion.

Mais le petit être se développe peu à peu; il s'essaie à parler, il comprend ce qu'on lui dit et il ne tarde pas à imiter le langage et les gestes de ceux qui l'entourent. Les actes qui nécessitaient de sa part un effort conscient tendent à se transformer en habitudes. En vue de sa formation religieuse, il est nécessaire qu'on lui inculque l'obéissance, le respect, l'habitude de la prière, qu'il apprenne par cœur quelques beaux spécimens de notre littérature religieuse, des passages de l'Ecriture, quelques cantiques bien choisis. Le bon exemple, les bonnes habitudes, de bonnes choses emmagasinées dans la mémoire, jouent un rôle prépondérant dans cette première phase de l'éducation religieuse.

Mais ce qui a une importance plus grande encore, c'est l'expérience que fait le jeune garçon de l'harmonie intérieure qui résulte pour lui de l'action bonne, tandis que le développement progressif de sa conscience lui fera éprouver un sentiment pénible de désharmonie lorsqu'il aura enfreint les lois morales qui régissent sa famille, son école, ou un groupement quelconque dont il fait partie.

Dès son enfance, il faut que le jeune garçon comprenne que le devoir ne lui est pas imposé du dehors par quelque autorité arbitraire, mais qu'il doit obéir à des lois inviolables auxquelles obéissent aussi ses parents. En matière d'honneur et de loyauté, on lui apprendra, non seulement que Dieu connaît parfaitement tout ce qui le concerne et qu'il veut l'aider à bien faire, mais qu'agir sans droiture, tromper, dissimuler, c'est se rendre coupable envers son prochain. Si l'ingénieur qui construit un pont ment en employant des matériaux de mauvaise qualité ou une main d'œuvre inférieure, le train sera précipité dans l'eau, et il y aura des victimes. Si le fabricant de conserves vend des denrées avariées, les consommateurs seront empoisonnés; si le lait est de mauvaise qualité, les petits enfants mourront, etc. Voilà les conséquences sociales et concrètes du mensonge, et le petit garçon peut les comprendre mieux que n'importe quelle doctrine abstraite ou qu'un simple commandement.

Le garçon dont nous avons parlé jusqu'à présent, celui qui patauge sur la grève, se contente généralement d'une vie religieuse faite d'imitation, qui s'exprime naïvement et avec expansion. Mais vers douze ans, quand le jeune garçon commence à nager et à perdre pied, une sorte de pudeur l'empêche de parler de ce qui touche à sa vie intérieure. La crise de la puberté détermine chez lui le besoin d'une vie religieuse personnelle. Il doit apprendre à nager. C'est pour lui une nécessité, non un entraînement auquel il se soumet. Ses premières expériences de vie religieuse personnelle sont souvent trop chaotiques pour qu'il puisse les formuler; l'extérieur débraillé de l'adolescent n'est certes pas chez lui un indice de paix intérieure. Quand il passe de la vie religieuse imitative à une vie personnelle et active ou, en d'autres termes, quand il fait l'expérience de la conversion, l'enjeu de la bataille est en général quelque problème moral d'ordre concret. Sa conscience s'est réveillée sur un point spécial: l'habitude de jurer, le mensonge, l'impureté ou quelque autre défaillance morale, et c'est sur ce point que convergent ses efforts. Comme il est souvent vaincu dans cette lutte,… il cherche tout naturellement de l'aide… L'adolescent qui traverse une crise de cette nature a besoin d'un grand ami sur lequel il puisse compter, d'un ami qui se tienne prêt à le secourir, mais qui n'intervienne pas hors de saison, et dont l'ascendant vienne surtout de ce qu'il est. Celui qui est revêtu d'un semblable sacerdoce auprès des jeunes sait qu'il suffit de quelques mots, et qu'une poignée de main donnée avec une affection virile peut exprimer tout un monde de choses. Il sait aussi que la porte du coeur ne s'ouvre que de l'intérieur…

Bien entendu, les besoins du jeune garçon se transformeront à mesure qu'il sortira de la période émotive de l'adolescence pour entrer dans une phase plus intellectuelle. Il se peut que sa volonté - qui est le facteur le plus important -garde la même direction que celle qui lui avait été imprimée dans son jeune âge - mais son intelligence, stimulée par l'école, le collège, les conversations entendues ça et là, cherchera à s'élever vers une conception toujours plus élargie du christianisme. Cette évolution l'amènera à se poser des questions et à réviser ses jugements. Il interprètera autrement les affirmations toutes simples qu'il avait acceptées autrefois sans discussion, sur la foi de ses aînés. Heureux si, à cette période de son développement, il bénéficie du privilège attaché à une éducation première dans laquelle on a su distinguer soigneusement entre les vérités fondamentales et éternelles de la religion et ce qui n'est qu'accessoire et passager… Il est probable qu'après ces années de doutes, de recherches et de reconstruction, ce qui lui restera comme lui appartenant en propre, sera ce qui l'aura aidé, au milieu des peines et des tentations, à demeurer fidèle à un haut idéal.

C'est pourquoi le jeune garçon a besoin qu'on lui présente un christianisme appliqué, une religion d'action, non de sentiments ou de pensée… Il s'agir-ait avant tout de lui montrer comment il peut vivre sa religion, dans son existence quotidienne, et de lui confier quelques tâches définies qu'il accomplirait en collaboration avec d'autres garçons mûs par un idéal semblable au sien. Il serait dangereux de le laisser nager seul, cela ferait de lui un être à part, morbide, une espèce de saint qui n'est pas du tout celle dont le XXme siècle a besoin.

La religion des garçons est collective; elle se développe dans la mesure où leur attention est détournée d'eux-mêmes et dirigée vers des tâches glorieuses accomplies pour Christ, leur Capitaine.

Et ils n'ont pas besoin seulement de Christ, le Capitaine, mais d'un de ses lieutenants, un grand ami, un idéal vivant, un homme qui soit plus heureux qu'une doctrine ou qu'une institution, et dans lequel soit incarnée d'une façon tangible et conforme à leurs espoirs et à leurs possibilités leur conception de ce que doit être un disciple de Christ.









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