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Le chant au foyer
Un foyer où ne l'on chante pas est comme un jardin sans fleurs. Longtemps avant que l'enfant puisse attacher un sens au langage articulé, il est sensible à une mélodie chantée. Je me rappelle un jour où mon premier-né âgé de six semaines, était gravement malade. Il ne supportait aucune nourriture et la faim qui le tenaillait lui arrachait des cris lamentables. Je le promenais dans mes bras sans parvenir à l'apaiser, quand j'eus l'idée de lui chanter, très doucement, une berceuse de Mozart. Ses cris s'arrêtèrent et, tant que dura la chanson, il tint ses regards fixés sur moi sans faire entendre un gémissement. Plus tard et pendant bien des mois, une certaine mélodie, assez mélancolique, le faisait invariablement éclater en sanglots.
Mieux vaut, évidemment, surtout pour des enfants doués d'une pareille sensibilité, choisir des chansons gaies. Il n'en manque pas, et du meilleur aloi. Qui dira l'influence exercée par le chant sur de jeunes enfants pendant ces années si importantes où les impressions reçues se gravent en caractères indélébiles et contribuent à former la personnalité? Certaines natures maussades ou chagrines pourraient, peut-être, se transformer, si l'on savait tirer parti de ce moyen d'éducation et entamer à propos une chanson joyeuse ou drôle, certaines disputes pourraient être évitées ainsi. Une berceuse, chantée à demi-voix le soir près du lit, un cantique très simple accompagnant on remplaçant la prière du soir pourront avoir une influence apaisante et rendre le sommeil plus doux.
Apprenons à nos enfants à chanter, non pour eux seulement, mais pour les autres. Quel bien ne peut pas faire un beau cantique chanté par une fraîche voix d'enfant, près d'un lit de maladie ou dans une maison visitée par l'épreuve?
Malheureusement, un trop petit nombre de beaux cantiques sont à la portée des enfants (les amusantes bévues qu'ils commettent souvent dans leurs essais de psalmodies en feront foi), il en existe pourtant quelques-uns. Confions-les à leurs mémoires; ils s'y graveront aisément. Qui sait? plus tard, à l'heure de la tentation ou de l'épreuve, telle strophe de cantique, depuis longtemps oubliée, leur reviendra peut-être et leur apportera l'aide ou la consolation dont ils auront besoin.
Mettons à part chaque semaine, si nous le pouvons, le dimanche de préférence, quelques moments pour le chant en famille. Nous nous constituerons ainsi un répertoire qui s'enrichira toujours plus. Dans ma famille, nous avions l'habitude de chanter chaque dimanche, à la fin de l'après-midi. Chacun à son tour choisissait une chanson, en commençant par le plus jeune et en finissant par le père de famille. Parfois celui-ci, trop occupé, restait dans son bureau. Nous avions alors un moyen infaillible de le faire sortir de sa retraite, c'était d'entonner «Le Ranz des vaches». Il ne manquait jamais alors de venir joindre sa voix aux nôtres. Parfois, il fallait recommencer le tour deux ou trois fois. Certaines chansons d'un caractère plus grave, des chants patriotiques ou le bel «Ave, Maria Stella» de Botrel, nous servaient de transition avant d'aborder la seconde partie de ce petit concert familial qui était réservée au chant sacré. Les cantiques, comme les chansons, étaient choisis par chacun à tour de rôle. Cela contribuait à donner à nos dimanches un caractère particulier, si bien que, quand, pour une raison ou pour une autre il avait fallu renoncer à la séance de chant, nous avions tous le sentiment que «ce n'était pas un vrai dimanche.»
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