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Comment pousser à l'action nos jeunes filles molles, passives, inertes?
En essayant de répondre à la question du dernier numéro, je pense à la jeune fille en général, à celle qui se trouve dans de bonnes conditions physiques; les délicates ou les maladives avant besoin d'être traitées d'une façon toute spéciale. Il me semble qu'à cette question, troublante pour beaucoup de mères, il n'y a qu'un moyen: donner à nos filles une responsabilité, les atteler à une tâche bien définie où elles devront coûte que coûte mettre en oeuvre leurs énergies. Point de travail à bien plaire qu'on délaisse pour un mal de tête, une invitation ou la moindre excuse, mais le travail avec toutes ses exigences et toutes ses récompenses, le travail qui n'a de valeur, pour le riche comme pour le pauvre, que s'il est rétribué.
A la maison, il est souvent bien difficile de déterminer une certaine tâche: il y a l'oeil indulgent de la mère qui épie la moindre fatigue, qui a pitié des peines de son enfant; il y a les domestiques qui détestent l'ingérence dans leur domaine et qui ne pardonnent guère les bévues de jeunes ménagères, il y a le sentiment un peu humiliant qu'a la jeune fille de faire le travail de la bonne, etc.... Ce sont de grosses difficultés dans la pratique, je vous assure, et il y a des mères qui ont renoncé à cause de cela à tout effort, et dont les jeunes filles mettent en pratique le "va comme je te pousse" du vieux dicton. On pourrait à la rigueur supprimer l'emploi d'une bonne ou d'une journalière et remettre cette tâche à la jeune fille, ce serait un moyen ! Pourtant il vaut mieux je crois, laisser notre enfant voler de ses propres ailes, l'envoyer au loin remplir une place répondant à ses aptitudes; quelques mois dans un milieu étranger font toujours du bien et la jeune fille, livrée ainsi à ses propres ressources ne pourra qu'y gagner à tous égards. Voyez-la maintenant toute seule, obligée d'occuper ses heures par un travail suivi qui demande la pensée, la réflexion, l'application, l'intelligence, la sagesse, le désir de faire pour le mieux; elle n'ose plus se plaindre de fatigue, de maux de tête, il faut agir malgré tout. Quelle empire sur elle-même ! quelle leçon d'endurance! Puis il y a les vexations, les observations qu'il faut supporter... comme cela fait du bien, comme c'est sain! Elle sent sa responsabilité, elle comprend que la loi est là pour elle aussi "six jours tu travailleras et tu feras toute ton oeuvre", mais elle n'en est pas malheureuse ! c'est la vraie vie ! elle se sent utile, elle se sent quelqu'un ! et bientôt ses facultés s'épanouissent et son horizon s'élargit. Ce ne serait pas peu de chose non plus qu'elle apprît à décider par elle-même, a arranger ses moments de loisir, à rejeter tel amusement, à accepter tel plaisir, à faire ses achats, etc.
Au point de vue spirituel, que de douces expériences pour celle qui est arrivée à la foi, plus d'appui que Jésus seul ! comme il fait bon alors le prendre pour Confident, pour Ami, pour Consolateur! Pour celle qui n'a pas encore fait le pas décisif, la solitude la poussera peut-être à chercher le secours de Celui que ses parents lui ont appris à connaître. Il va sans dire qu'on ne va pas jeter la jeune fille dans n'importe quel milieu. Les jeunes filles de bonne famille sont tellement recherchées de tous les côtés que certainement bien des intérieurs sérieux se trouveraient. Et puis il y a ces maisons de foi, ces orphelins qu'on recueille; là il faut des bonnes volontés à l'oeuvre, il faut des dévouements de jeunes filles; plusieurs l'ont compris et se sont rendues utiles, pour un temps, dans de telles oeuvres et en ont remporté un gain précieux pour toute la vie.
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