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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Savoir travailler

Nous venons de lire avec le plus grand intérêt «Le travail intellectuel et la volonté», de Jules Payot, qui fait suite à «L'Education de la volonté». Nous recommandons ces deux volumes que tous les jeunes gens à la veille d'entreprendre des études supérieures devraient lire. (On peut se les procurer à la Bibliothèque circulante de famille).
Les fragements que nous tirons du premier de ces volumes sont d'ordre tout pratique, ils peuvent être lus à de jeunes écoliers et les mères elles-mêmes y trouveront des conseils utiles.


Chaque fois que je regarde travailler un élève ou un étudiant, je suis frappé de l'énormité du temps et des forces qu'il gaspille par une mauvaise méthode de travailler par suite de l'ignorance des lois de l'esprit que nul ne peut violer impunément…..

Perdre son temps et une faute irréparable. Il est comme la substance dont est faite la vie… Combien les heures de véritable effort intellectuel sont peu nombreuses… Cependant avec ce temps si court, on dresse des œuvres immenses pourvu qu'on ne le gaspille pas. L'économie du temps est le principe de tous les succès et de la gloire; mais il faut croire de toute son âme que rien ne vaut d'être échangé contre lui. Si nous avons un profond respect du temps, de sa valeur incomparable, nous aurons toujours assez de loisirs pour faire ce que nous voulons, si nous le voulons bien …..

L'énergie n'allonge pas le temps, mais elle en décuple le rendement. Mais d'ordinaire, nous allons sans but, toujours songeant à de nouveaux projets et nous laissons le temps fuir sans faire nos provisions:

La cigale ayant chanté
Tout l'été
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue…

Le travail qu'un homme assez bien portant peut accomplir est considérable, pourvu qu'il s'y mette …..

Le temps ne fait rien à l'affaire: ce qui importe c'est l'énergie que l'on apporte à son travail. Il est essentiel de ne pas se leurrer, et de ne pas croire qu'on travaille quand on fait du pseudo-travail dans une espèce d'activité paresseuse, d'occupation fainéante.

Ce point acquis, il faut économiser le plus de temps possible. Les heures, comme les pièces d'or, se défendent assez bien, toutes seules, mais on gaspille facilement les sous, c'est-à-dire ici les minutes.

Les grands laborieux économisent les heures: ils ne dorment pas avec excès, ne mangent pas au point de s'alourdir, ils suppriment les visites, les correspondances oiseuses, ils fuient les conversations inutiles et tout ce qui dissipe. Mais on peut dire que la grande économie qu'ils font c'est celle des minutes. Dans une maison sans surveillance, c'est par les menus coulages que s'en va l'argent qui devrait assurer la dignité et l'indépendance de l'âge mûr, parce que les fuites de chaque moment finissent par s'additionner et par faire un total surprenant. De même le gaspillage des minutes trotte-menu qui fuient, fait un total énorme…

La paresse profite de toutes les occasions. Au temps des plumes d'oies, que de minutes perdues à aiguiser son canif et à tailler sa plume! Tout prétexte est le bienvenu pour suspendre l'effort! Quelle occasion que la chute d'une mouche dans l'encrier! Töpffer a écrit une page charmante sur cette aubaine qui échoit à un écolier. Le chat miaule à la porte: il serait cruel de l'y laisser et cependant on sait que le mouvement du porte-plume l'incite nécessairement à jouer. Maintenant, c'est un mot qu'il faut chercher dans le dictionnaire: on ne peut se dispenser de jeter un coup d'œil sur les mots voisins. Si c'est un dictionnaire des Antiquités, quelle force de résistance ne faut-il pas pour refuser de regarder quelques images… Le feu menace de s'éteindre; la lampe nécessite une intervention; une automobile stationne, dont le moteur ronfle: qui donc vient dans la maison? Voilà le journal qui arrive: un simple coup d'œil sur les nouvelles? C'est l'affaire de quelques minutes… Et que dire des nombreuses glissades de l'attention sur la pente des associations d'idées familières, des rêveries provoquées par un mot?

Immense est le nombre des minutes que les plus ardents au travail perdent sous des prétextes qu'hypocritement ils qualifient de plausibles: tous nous nous laissons prendre à notre propre duplicité, tant la tension d'esprit est contraire à notre nature: nous sommes ingénieux à nous tromper nous-mêmes.

De même que les gendarmes ne perdent pas de vue un prisonnier prêt à profiter de toute occasion pour s'enfuir, de même nous devons surveiller notre attention toujours au moment de s'évader: le mieux est d'y avoir réfléchi, de s'être fait une habitude de l'assiduité et de tenir présente à l'esprit une règle impérative: veille sur les minutes! Veille aux menus fléchissements de l'attention!

Le temps est toujours suffisant pour qui sait en faire usage, et on arrive à force de discipline de soi, à ne pas perdre une minute …..

Il faut éviter les fatigues inutiles. Or, ce sont les décisions à prendre, les résolutions, l'initiative, qui suppose un choix, qui semblent consommer le plus de force. On peut, dans le travail intellectuel, comme dans toute action réaliser une économie importante en réfléchissant sur la façon de faire son travail. On évite ainsi le gaspillage journalier de l'effort humain par maladresse, mauvaise direction ou incapacité. On se rend compte facilement des gaspillages de matériel, on apprécie plus difficilement celui qui résulte de l'incapacité ou de la maladresse des hommes. Il ne faut pas attaquer sa tâche en impulsif, quitte à voir quand on y est en plein, qu'on s'est engagé dans une mauvaise vole. Il faut donc savoir ce que l'on veut faire et rassembler sous la main les notes, les cahiers, les coupures, les livres qui seront utiles, de sorte que tout l'élan de l'effort soit utilisé à écrire sans qu'on fournisse au diable qui sommeille l'occasion de faire perdre du temps, occasions qui se présentent en foule s'il faut aller chercher ce qui manque.

Une fois qu'on a tout prévu, il reste à attaquer le travail. Il faut démarrer avec franchise et vigueur et se jeter au coeur même du sujet. «Il faut faire une entrée confiante et hardie dans le travail», aborder d'un effort résolu les difficultés, avec la foi du nageur qui sait qu'il sera porté par les flots qui menacent de l'engloutir…..

Il ne faut jamais s'énerver, ni se presser, surtout si l'on a beaucoup à faire…

Travaillons donc avec calme et faisons pour le mieux chaque détail l'un après l'autre…

Chacune des tâches de détail qui constituent un ensemble, achevons-la avec une conscience scrupuleuse, avec soin, avec âme, avec ferveur, avec courage et nous serons étonnés nous-mêmes des progrès rapides que nous réaliserons et de l'énergie que nous gagnerons à ces petits succès continuels de la volonté.

Ne supportons jamais un travail mal fait: ce n'est pas du travail, c'est zéro.









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