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La discipline
La discipline se modifie, à mesure que les enfants avancent en âge. Dans les premières années, l'élément de la contrainte prédomine; l'autorité supérieure soutient la volonté de l'enfant, encore chancelante et prête à faiblir; mais plus tard on tempère cette autorité en accordant une liberté plus grande et en laissant agir l'enfant, comme s'il était seul sous l'oeil et la direction de la Providence. Quand l'enfant est devenu jeune homme, il faut que, comme l'oiseau qui sort du nid maternel, il apprenne peu à peu à voler de ses propres ailes.
Le ton du commandement change avec la nature de la direction et de la surveillance. Au petit enfant conviennent les défenses nettes et précises; à l'enfant déjà capable de quelque réflexion, on donne des ordres motivés; à l'adolescent, selon les cas, des directions ou des conseils marqués au coin de l'affection et d'un intérêt tendre, évitant, autant que possible, le ton absolu, afin que l'obéissance paraisse au jeune homme être de plus en plus le résultat de ses propres vues et d'un choix presque spontané de sa part.
Je ne connais rien, quant à moi, de plus dangereux qu'un système de discipline despotique employé à l'égard de jeunes gens de 15 à 18 ans, qui peuvent déjà, sans beaucoup de peine, échapper fréquemment à la surveillance qu'on exerce sur eux et qui surtout, lorsque le moment vient où ils sont lancés dans le monde, abusent presque inévitablement d'une liberté nouvelle pour eux et dont on ne leur a pas appris à faire usage. L'adoucissement de la discipline dans les premières années de l'adolescence et surtout l'emploi de la parole affectueuse et persuasive, diminuerait évidemment les dangers que leur fait courir une brusque émancipation. Combien n'est-il pas de jeunes hommes qui peuvent dire: "La liberté nous a pris au dépourvu !"
Si vous êtes appelé à diriger des jeunes gens capables de comprendre le langage du coeur et de la conscience, et s'il arrive que, dans un moment donné, vous éprouviez quelque inquiétude, quant à leur conduite secrète, exposez-leur vos craintes avec franchise; prenez-les pour confidents des doutes qui vous préoccupent; ne dissimulez rien, et si vous avez lieu de croire que vos craintes sont fondées, examinez avec eux quels moyens on pourrait employer, pour les mettre à l'abri du danger et pour les ramener plus facilement à leur devoir.
Par cette marche, on obtient des résultats plus sûrs que par des mesures de simple autorité, ou par des procédés détournés et accompagnés de feinte, comme on en emploie si souvent.
Agissons toujours avec les jeunes gens avec vérité et loyauté; présentons-leur les questions relatives à leur moralité ou à leur perfectionnement d'une manière simple et franche; gardons-nous de jouer avec eux au plus fin ou au plus habile. Ces moyens sont indignes d'une discipline sérieuse et chrétienne. Il faut les protéger contre eux-mêmes; qu'ils en sentent donc les premiers la nécessité; qu'ils apprennent à associer leurs efforts à ceux que nous faisons, pour les rendre meilleurs, et à comprendre leur responsabilité, comme nous avons compris la nôtre.
En un mot, que Ia discipline soit pour l'enfant une gardienne tendre et fidèle, mais qu'il apprenne peu à peu à se garder lui-même, sous l'oeil du Seigneur.
Rappelons le beau mot que prononça Pestalozzi, en visitant l'école dirigée par le vénérable Zeller : "Il règne ici un puissant Esprit", s'écria-t-il. Et cet Esprit dont il parlait,
c'était l'Esprit de Dieu. Heureux serions-nous, si l'on pouvait dire la même chose, en visitant nos écoles et nos foyers et si l'on reconnaissait l'influence de l'Esprit d'en haut, qui est par excellence l'esprit d'autour, d'ordre et d'harmonie ! Nous aurions alors la meilleure de toutes les disciplines, savoir celle qui gouverne les coeurs soumis à Dieu et à sa Parole.
C'est là le but auquel il faut tendre avec persévérance. L'atteindre serait la perfection de la discipline et de l'éducation morale elle-même.
Mais comment amener une telle bénédiction sur nos familles et sur nos écoles, si nous ne la demandons pas à Celui qui est la source de toute grâce excellente ? Que la prière soit donc l'âme de notre travail auprès des enfants; qu'elle attire sur eux la rosée d'en haut qui seule peut donner vie à la semence que nous cherchons à répandre dans leurs coeurs. Ainsi Dieu, à qui nous nous adressons, bénira nos enfants, malgré nos infirmités, il réparera les fautes que nous aurons faites, il ôtera le mal et mettra le bien, et il nous montrera, qu'encore à cet égard, il choisit souvent les choses faibles de ce monde pour confondre les puissantes et pour accomplir ses plans de miséricorde à l'égard des hommes.
"Pourvu que vous sentiez que vous êtes faible, disait Pestalozzi, pourvu que vous ne vous croyiez pas fort là où vous êtes faible, Dieu montrera sa puissance dans votre faiblesse."
Voici comment ce même Pestalozzi priait:
"Me voici, Seigneur, et les enfants que tu m'as donnés ! Je voudrais tomber à genoux et te dire: Père, pardonne-moi, car je n'ai pas été pour ces bien-aimés, à beaucoup près ce que j'aurais dû être; pardonne-moi, j'aurais dû être leur père et je ne l'ai pas été. Seigneur, tu connais ma faiblesse; le poids dont tu as chargé mes épaules est trop lourd pour moi; tu m'as donné ces enfants aide-moi à les porter; donne-moi, donne à tous ceux que tu as appelés avec moi à être leur père, ton Esprit-Saint, l'esprit de charité et de sagesse, l'esprit de Jésus-Christ, afin que, fortifiés par ta force, nous puissions accomplir saintement l'oeuvre que ta main nous impose, afin que dans la foi à ton amour et par notre amour, nos enfants deviennent tes enfants. 0 Père, fais-moi la grâce de vivre dès à présent, entièrement pour mon oeuvre, pour ces enfants qui t'appartiennent, mais qui par ta volonté, sont devenus les miens, et que je me consacre à cette oeuvre, sans distraction et sans partage. Fais-moi considérer comme une grande faute, comme une honte, toute dissipation qui pourrait me détourner de l'attachement à ces enfants, qui sont les miens et aux devoirs que j'ai envers eux. Donne-moi, ô Dieu, de travailler à leur salut comme au mien avec crainte et tremblement.
"Fais, ô Dieu, que dès à présent j'envisage leur salut avec un sentiment de respect, que je le reconnaisse comme la seule chose nécessaire en général, et pour moi en particulier. Donne-moi cette confiance entière et inébranlable, que si j'accomplis cette seule chose nécessaire, tout ce que je désire de plus me sera accordé, me sera ajouté par ta grâce. Je veux commencer à cette heure dans ce moment, ce dont je viens de former devant Dieu, la résolution et ce à quoi je m'engage solennellement et sincèrement devant Lui dans cette heure sacrée ! Amen !"
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