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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURCoin des petits. - Dans le volume qu'elle consacre à l'Education Montessori, Mme Fischer raconte qu'un jour, à la Casa del Bambini elle regardait un garçonnet de trois ans et demi occupé à boutonner et déboutonner de gros boutons d'un à un appareil justement fait pour apprendre ce travail aux petits enfants. «Tout en le regardant, je me souvins des nombreux efforts de ma petite fille pour pénétrer le secret des multiples attaches de ses vêtements. Et moi qui, avec les meilleures intentions du monde, avais souvent arrêté les petits doigts maladroits en disant: «Laisse cela, ma chérie, maman le fera mieux que toi»; je comprends maintenant que c'était comme si, au milieu d'une passionnante partie de billard, un joueur professionnel avait arraché la queue des mains de mon mari, en lui disant: «Restez tranquille et regardez-moi faire. Je le ferai bien mieux que vous!» Les enfants sont à table. «Les serviettes dépliées, les plus grands se les mirent sous le menton et commencèrent à manger. Les plus petits les imitèrent avec plus ou moins de succès, quelques-uns luttèrent longuement avec la serviette récalcitrante. Un petit garçon, un seul ne put en venir à bout. Après s'être bien débattu avec sa serviette, il l'apporta à sa maîtresse qui était venue s'asseoir auprès de moi. J'étais si sûre de ce qu'elle allait faire que, d'instinct, mes mains se soulevèrent comme pour enfoncer la serviette sous le petit menton potelé. «Comment pourrais-je faire ressortir avec assez d'insistance et d'emphase ce fait remarquable: elle ne mit pas la serviette au cou de l'enfant! Elle la prit en mains, montra à l'enfant qu'il fallait en prendre un plus grand coin et, sur elle-même, lui donna une leçon de choses, puis lui rendit la serviette. Il avait bien saisi l'idée, mais ses petits doigts indisciplinés, cachés sous son menton, ne voulaient pas obéir à son cerveau qui, pourtant, à en juger par l'expression de sa frimousse, travaillait à toute vitesse. Avec un gros soupir, un attendrissant soupir de bébé, il retira le coin tout froissé et le contempla tristement. Je dus serrer mes mains l'une contre l'autre pour les empêcher de voler à son aide. La maîtresse ne lui mit pas la serviette. Elle la reprit et refît, très lentement, tous les mouvements nécessaires. Les grands yeux noirs de l'enfant étaient fixés sur elle avec une attention passionnée, et je vis que ses petites mains suivaient automatiquement les mouvements lents, nettement séparés et analysés des mains de la maîtresse. Quand elle lui rendit la serviette, il la saisit d'un air de résolution et rassembla ses esprits à l'aide d'un vigoureux froncement de sourcils. D'une main, il écarta son col de son cou et de l'autre y enfonça un grand bout de la serviette et étala le reste sur sa poitrine avec un gros soupir de parfait contentement. Pendant qu'il regagnait sa place, je vis que plusieurs enfants avaient suivi toute la scène et souriaient au petit triomphateur d'un air de joyeuse sympathie. L'un d'eux caressa de la main la serviette vaincue.» |
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