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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURCorrespondance. - Voir dans le numéro de novembre: "Le gain des enfants" Il faudrait d'abord bien établir que, d'une manière générale le travail ne doit pas avoir en premier lieu le gain comme mobile, mais qu'il constitue un devoir, la vie et le travail sont deux éléments inséparables, ce principe doit dominer toute la question. La famille repose évidemment sur le principe de l'entraide, c'est là aussi une loi naturelle à laquelle nul ne doit se soustraire. Lorsque l'enfant est encore au berceau, ses parents doivent pourvoir à tous les besoins du petit incapable. Peu à peu, il arrive à se suffire en partie lui-même et aussitôt naît pour lui l'obligation morale de contribuer pour sa petite part au bien de la communauté. Cette obligation va croissant pour lui avec l'âge, à ce point de vue spécial les devoirs des parents vont donc en sens contraire. Cette marche ascendante d'une part, descendante de l'autre s'accentue de plus en plus jusqu'au moment où il y a égalité de services après quoi ce sont les parents qui doivent devenir les objets des soins et des services de leurs enfants. Il ne faut pas oublier que cette entraide doit revêtir un caractère moral qui en ennoblit et relève le côté matériel et en constitue le mobile essentiel; une aide matérielle accordée sans affection purement parce qu'il le faut, n'a que fort peu de valeur. Ceux qui aident de cette manière se privent de l'une des grandes joies de la vie et s'appauvrissent volontairement. RÉPONSES AUX QUESTIONS. - 1. Est-il bon de payer en argent les services que les enfants peuvent nous rendre? Rép.: Il ne faudrait pas adopter ce mode de faire avant un certain âge difficile à déterminer, environ 6 à 7 ans. Il y a lieu, semble-t-il d'attendre que l'enfant ait pu se rendre compte du rôle de l'argent, de sa nécessité dans la vie pratique, pour lui donner l'occasion d'en gagner, sinon il risque de prendre une notion fausse de l'idée du gain et de la valeur relative de l'argent. 2. Y a-t-il des cas où nous pouvons leur donner l'occasion de gagner quelques sous dans un but déterminé? Rép.: Oui, certainement et même d'une manière générale si nous ne pouvons leur donner régulièrement de l'argent de poche. Oui encore, lorsqu'il y a lieu de recuellir la somme nécessaire pour se procurer tel objet utile (bicyclette, montre, livres, outils pour travail récréatif, etc.) objets qui eux-mêmes pourront être utilisés en faveur de la communauté. Oui surtout, lorsque le but du gain est de pouvoir contribuer à une bonne œuvre, collecte publique ou autre. Oui encore, si du même coup on peut mettre à leur charge certaines dépenses comme fournitures d'école, repas de 10 et 4 heures. Ce sera l'occasion de leur enseigner à manier leur argent, à l'économiser et à restreindre leurs dépenses. 3. Pour les enfants qui sont appelés encore très jeunes à gagner comme commissionnaires etc.? 4. Pour ceux qui sont en âge de gagner leur vie etc.? Il y a d'abord lieu de rappeler les principes établis par le Code Civil Suisse, auxquels on peut, dans la pratique, déroger: Art. 292. - Les père et mère ont la jouissance des biens de l'enfant jusqu'à sa majorité. Art. 295. - Le produit du travail de l'enfant mineur appartient aux père et mère aussi longtemps que l'enfant fait ménage commun avec eux. Rép.: (3) Oui, il faut leur accorder comme propriété personnelle une partie de leurs gains à charge par eux de subvenir à certaines dépenses et afin, comme il est dit plus haut, de les habituer à manier l'argent et à l'économiser. La proportion du partage pourra changer en cas d'augmentation ou de diminution du gain. Rép.: (4) L'enfant qui gagne sa vie doit plutôt payer une pension à ses parents, réduite s'il le faut, et pourvoir lui-même aux autres frais d'entretien vêtements etc. Si le gain augmente, le prix de pension devra arriver aussi au taux normal. 5. Quand l'enfant travaille dans l'industrie, le commerce, le domaine ou même le ménage de ses parents, doit-il recevoir une rétribution? Rép.: Oui cela est naturel et nécessaire, il doit être assimilé selon ses services à tous autres salariés; il doit n'être ni dans une situation inférieure à ceux-ci, ce qui serait humiliant et décourageant, ni dans une situation supérieure, il est bon à l'homme de porter le joug dans sa jeunesse. 6. Comment faire pour qu'il n'y ait pas inégalité entre les enfants qui restent chez leurs parents et ceux qui les ont quittés? Rép.: Il faudrait que les parents puissent compenser par des prestations en argent ou en nature les avantages de ceux qui restent chez leurs parents. Ce n'est pas toujours possible. Il peut arriver du reste, que l'inégalité se produise en sens inverse. (1) 7. Comment inculquer aux enfants des notions justes sur la dépense et l'économie, l'avarice et la prodigalité? Rép.: En les initiant peu à peu aux difficultés de la vie, en leur faisant prendre l'habitude d'inscrire sur un carnet leurs recettes et leurs dépenses, en mettant à leur charge comme déjà mentionné plus haut, une partie de leurs dépenses personnelles. D'une manière générale, les parents doivent se prémunir contre la routine, contre les idées toutes faites, contre l'imitation de ce que font les autres, contre l'obligation qu'ils se laissent imposer quelquefois par leurs enfants de répéter exactement dans une occasion ce qui s'est fait dans un cas analogue; en un mot conserver vis-à-vis de leurs enfants toute leur liberté d'action et se plier aux circonstances sans égard aux précédents, aux habitudes ou à la tradition. (1) Nous reviendrons sur ce sujet. (Réd.) |
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