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Correspondance.
1 . Est-il bon de payer en argent les services que les enfants peuvent nous rendre?
Je crois, qu'autant que possible, il vaut mieux ne pas le faire. Toutefois, si les enfants sont bien habitués par leurs parents et leur apportent toujours leurs petits sous pour les soigner, j'y vois moins de mal.
Où je vois du mal à la chose, c'est lorsque les enfants s'habituent à courir au magasin pour s'acheter des bonbons ou autres friandises. Cela développe la gourmandise et aussi l'égoïsme.
Si la maman soigne les petits sous de son enfant, elle lui apprend déjà l'économie et lui fait aussi comprendre que cet argent peut servir à faire une surprise, par exemple, à papa, aux frères et sœurs au moment de Noël et des anniversaires.
Si je veux donner une récompense à un enfant, je préfère la lui donner en nature: une pomme, une poire, une jolie gravure, un morceau de chocolat.
Il faudrait aussi pouvoir apprendre aux petits à rendre un service avec plaisir, sans espoir de recevoir ou argent ou quelque chose d'autre. Lui faire comprendre que c'est déjà une récompense quand son petit cœur est heureux d'avoir pu se rendre utile à quelqu'un, quand son regard rencontre celui de la personne qu'il a obligée et quand il reçoit des paroles de remerciements…
J'ai un petit voisin de quatre ans, qui sait que je n'ai pas de verger, et m'apporte de temps en temps de l'herbe pour mes lapins, mais je sais qu'il vient toujours dans l'espoir de recevoir quelque chose, et je suis sûr que la mère ne comprendrait pas la chose autrement. J'en ai deux autres, deux frères, qui m'ont apporté du foin, mais j'ai reçu l'ordre de la maman de ne rien leur donner; elle veut qu'ils apprennent à faire plaisir à quelqu'un d'une manière désintéressée, et ils font la chose avec entrain, tout contents d'être chaleureusement remerciés. - Cela développe chez les petits la noblesse de cœur.
2. Y a-t-il des cas où nous pouvons leur donner l'occasion de gagner quelques sous dans un but déterminé?
Trois exemples pris dans la vie de mon fils cadet, âgé de dix ans, serviront à répondre à cette question. Il s'intéresse beaucoup «au prix des choses, au gain des gens». Il questionne souvent à ce sujet. Il a entendu dire qu'on peut mettre de l'argent à la banque. «Maman, j'aimerais tellement mettre 5 fr. à la banque», me dit-il un jour. «J'en parlerai à papa», lui répondis-je… Deux ou trois jours plus tard, Georges, notre petit porteur de lait, m'annonce qu'il ne pourra plus venir. Je dis à mon petit garçon que maintenant c'est lui qui le remplacera. «Est-ce que tu me paieras comme Georges?» - Toute réflexion faite, je lui dis que oui et que s'il portait le lait régulièrement, nous lui donnerions volontiers au bout de l'été 5 fr. pour porter à la banque, puisque c'était son désir. A la fin de l'été, il partait tout heureux avec son papa pour la ville voisine et recevait la permission de remettre lui-même les cinq francs au guichet pour son carnet de caisse d'épargne. Il en était très heureux.
Un travail qu'il n'aime pas beaucoup, c'est d'aller avec un couteau pointu arracher les plantes de dent de lion, qui foisonnent dans le pavé de la cour. Comme nous payons un garçon pour en nettoyer une partie, il nous semble juste de donner aussi quelque chose à notre petit Marc et il est très content de mettre un franc dans sa tirelire, mais n'a pas la permission de l'employer à tort et à travers. C'est la petite réserve pour les anniversaires et Noël.
«J'aimerais tellement aller à Lausanne voir grand-maman», me dit-il un jour. J'avais justement un petit travail pour lui, et je lui fis la proposition de gagner lui-même son voyage, en faisant pendant plusieurs jours de suite ce travail. Avec quel plaisir, quelque temps après, il partait avec moi pour Lausanne! Je vous assure qu'il était beaucoup plus content à la pensée que ce voyage était le produit de son petit travail, que si je lui avais procuré son billet sans autre. «Tout ouvrier est digne de son salaire», est-il dit dans la Bible. «A petit ouvrier, petit salaire», pourrait-on dire. En cherchant à être aussi équitable que possible avec les enfants, peut-être, formions-nous déjà chez ces petits le sens de la justice.
Ce n'est qu'exceptionnellement, je dois le dire, et dans certains cas, que je donne de l'argent à mon petit pour un travail. Il sait que, d'habitude, il doit aider sans espoir de recevoir quelque chose.
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