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Coin des Petits.

- Les Principes montessoriens appliqués à l'éducation familiale.

…Marie et Elisabeth s'amusent: l'une tire d'une boîte des boutons de toutes formes, des bouchons, des coquillages, et rapproche ceux qui se ressemblent; l'autre cherche à disposer par groupes des images et des silhouettes aux traits similaires. Les petits yeux ont fort à faire pour ne pas se tromper: à prermière vue, tous les bouchons se ressemblent, toutes les images ont des airs de famille.

Après avoir ainsi distingué des formes, on jouera à distinguer des couleurs. Maman a rassemblé dans une corbeille, des bouts de laine, des déchets d'étoffes, des morceaux de rubans de toutes nuances. Marie et Elisabeth auront la patience de séparer les blancs, les rouges, les bleus, les jaunes, etc. Jean et Albert rivaliseront pour graduer au plus vite toutes les teintes de rouge, qu'ils trouveront dans des papiers de couleurs…

La connaissance des dimensions des corps et de leur position relative s'acquiert par des procédés analogues. Des boîtes et des bouteilles de toutes dimensions sont données aux enfants. Elisabeth cherche dans un ensemble de couvercles celui qui convient à chaque boîte; Marie trouve le bouchon qui s'adapte à chaque bouteille; Jean dispose par ordre de grandeur des bobines, des planchettes, des silhouettes qui deviennent pour lui le Petit Poucet et ses six frères, parfaitement échelonnés; Albert met l'une dans l'autre des boîtes de plus en plus petites.

Cette occupation terminée, tout le matériel est remis en ordre et, avant de quitter la pièce où ils viennent de s'amuser à si bon compte et avec tant de profit, les enfants regardent bien attentivement la place respective des meubles et des jouets: ils savent que demain matin, avant leur arrivée, maman aura modifié quelque peu l'arrangement du local, et c'est à qui apercevra le premier la modification apportée.

Voilà certes des enfants qui apprennent à observer.

On leur enseigne aussi à écouter. Aucun jour ne se passe sans que la «leçon de silence» de Mme Montessori ne soit donnée avec des variantes toujours amusantes pour les enfants.

«Que tous les petits yeux se ferment», dit papa. Aussitôt Jean et Albert, Marie et Elisabeth abaissent leurs paupières, deviennent immobiles comme de petites statues et écoutent, dans le silence le plus profond le nom que papa prononcera à voix basse. «Albert» chuchote-t-il, l'enfant appelé se rend près de papa s'assied sans bruit sur un de ses genoux et attend qu'un second appel amène sur l'autre genou, son jeune frère ou l'une des petites sœurs. Les deux enfants retournent ensuite sur leurs pas aussi doucement qu'ils sont venus.

Parfois maman, le dos tourné, profite de ce moment de silence, pour produire au moyen de quelque objet, un bruit léger, assez caractéristique pour être reconnu. Et les petits de déclarer ce qu'ils ont entendu. «Maman a feuilleté un livre, maman a déchiré du papier, maman a laissé tomber un morceau de bois, une pièce de monnaie, maman a versé de l'eau dans un seau… une automobile est passée dans la rue, elle venait de tel côté; un oiseau a chanté au jardin, le vent a soufflé dans la cheminée, la pluie a frappé contre la fenêtre, la cloche de l'église a sonné, j'ai entendu le tic tac de l'horloge, petite Marie a remué son pied, Albert a toussé, etc. Bref aucun bruit n'est resté inaperçu pour ces enfants pendant quelques minutes de la leçon de silence.

Les promenades en famille se transforment pour ces petits, sans rien perdre de leur agrément bien loin de là, en exercices d'observation visuelle, auditive, voire olfatique. Les beautés, les symphonies, les parfums de la nature sont pour eux des sources intarissables de pures jouissances… Papa leur a montré toutes les nuances du vert dans les prairies et les feuillages, les couleurs de l'arc-en-ciel dans un splendide coucher de soleil, les gracieuses ondulations d'un champ de blé sous la douce caresse du zéphir; maman leur a fait respirer les senteurs du foin coupé, des bois résineux, des clochettes de mai; ils ont entendu les notes joyeuses d'un pinson, les murmures du vent dans les hauts peupliers, le caquetage animé des habitants d'une basse-cour etc…

Il arrive à certains jours, que papa est fatigué, très occupé et qu'il désire du calme dans la maison. Maman prolonge alors, à dessein, la leçon de silence. Elle apprend aux enfants à manier les objets sans le moindre bruit, à déplacer de même leurs petites chaises, à s'occuper agréablement dans une atmosphère tellement paisible et silencieuse, qu'on y sent en quelque sorte planer le mystère. Et c'est curieux de voir l'attrait toujours nouveau qu'offre cet exercice à de jeunes êtres pleins de pétulance, amis du bruit et du mouvement. Les obliger au repos, à l'immobilité complète, c'est leur imposer, une contrainte pénible; leur permette d'agir sans se faire entendre, c'est leur procurer une jouissance qui va jusqu'à la délectation.

L'importance de la culture des sens visuel et auditif n'échappe à personne; peut-être comprend-on moins la nécessité de développer chez l'enfant les perceptions tactiles et musculaires. Cependant il est constaté que, jusqu'à l'âge de six ans au moins, l'enfant est comme obligé de renforcer par le toucher les connaissances que la vue lui fournit. C'est donc par besoin qu'il est un «touche-à-tout», et au lieu de le poursuivre d'interdictions réitérées, de multiples prohibitions, qui prouvent tout simplement que nous ne comprenons guère la psychologie de son âge, nous ferions œuvre de sagesse de lui mettre entre les mains des objets qu'il puisse librement palper pour en prendre connaissance.

Tout ménage est riche en matériel de ce genre…

Ici ce sont de petits sacs de sable différents entre eux de dix, de six, de cinq grammes les enfants s'amusent à les reconnaître à leur poids, les yeux bandés; là c'est une pochette dans laquelle maman dépose mystérieusement, quand on veut jouer «aux surprises» les objets les plus divers: Jean, Albert, Marie, Elisabeth viennent à tour de rôle un bandeau sur les yeux, plonger la main dans la pochette, en retirer un objet, le palper, le retourner en tous sens, et déclarer enfin triomphalement: C'est un crayon, c'est un porte-plume, c'est une pomme, c'est une poire, une pomme de terre, une balle, une noix, une amande; c'est du bois, de la pierre, du fer, du velours, de la soie etc.» Le grand plaisir, c'est de se rendre avec maman dans une chambre obscure et de trouver, sans lumière, les objets qu'elle demande.

Voici que Marie et Elisabeth s'amusent à refaire, les yeux bandés, les exercices de distinction de perles, de boutons, de coquillages qu'elles ont réalisés précédemment les yeux ouverts. C'est bien plus amusant pour elles de travailler sans y voir, et c'est avec une explosion de joie qu'elles constatent, l'exercice terminé, que leurs doigts ont été aussi clairvoyants que leurs yeux.

Rien n'empêche de canaliser utilement cette activité musculaire des petits: c'est ce que fait Mme Montessori en l'appliquant à des exercices de vie pratique… Les petits doigts d'abord si gauches, si inhabiles deviennent peu à peu adroits, agiles, gracieux dans leurs mouvements.

Mettre des gants, les boutonner, puis les enlever; plier, déplier, replier un vêtement; endosser un manteau, un caban, faire un paquet, le ficeler même; remettre un parapluie dans sa gaine sont des occupations que Marie et Elisabeth, ces mignonnes de quatre à six ans, sont capables déjà de mener à bonne fin. Cela ne se fait pas en un tour de main, c'est évident; mais laissez les enfants aux prises avec une difficulté manuelle, permettez-leur d'employer tout le temps nécessaire pour s'en tirer, et vous serez étonné de la patience, de la persévérance, qu'ils apporter ont à leur travail: rien ne les presse eux qui ignorent encore la rapidité de la vie.

La maman se propose-t-elle de sortir avec ses enfants, elle les en prévient à temps, pour leur donner la jouissance de procéder eux-mêmes à leur toilette, et il est bien rare qu'elle n'ait pas à s'en féliciter: les bottines sont lacées, les vareuses sont boutonnées, les gants sont mis d'une manière impeccable.

Heureux enfants! Ils jouissent d'une manière inconsciente, il est vrai, mais très réelle et très profonde, du développement progressif de leurs jeunes facultés, et apprennent à se libérer de mille petites servitudes qui tiennent tant de gens sous la dépendance d'autrui…









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