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Mères découragées
Agar s'en alla et s'égara dans le désert de Beerscheba. Quand l'eau de la cruche fut épuisée, elle laissa l'enfant sous un arbrisseau et alla s'asseoir vis-à-vis, à une portée d'arc; car elle disait: Que je ne voie pas mourir mon enfant ! Elle s'assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix, pleura et se laissa aller à un profond découragement.
Elle ne réfléchissait plus; se montra déraisonnable; s'abandonna à des craintes plus ou moins imaginaires et à des angoisses qui n'avaient pas de sérieuses raisons d'être, car un enfant, de l'âge d'Ismaël, ne meurt pas pour avoir manqué d'eau pour quelques heures. Elle se sépare de lui et le laisse seul sous un arbrisseau, comme si, dans le cas où la mort eût été réellement imninente, sa place n'eut pas été près de lui, pour lui donner les derniers soins.
Aveuglée par ses larmes, affolée par son chagrin, Agar ne voit aucun secours à sa portée. Elle perd tout sang-froid et ne sait plus tourner ses regards vers le ciel, pour demander la délivrance. Elle oublie que, dans une circonstance analongue le Seigneur lui a dit que son fils serait, un jour, "un homme, fort comme un âne sauvage; que sa main serait contre tous et que tous seraient contre lui". (Genèse, 16, 12.)
Elle ne sait plus prier, en ce moment d'absorbante émotion et, si Dieu n'eût pas entendu la voix de l'enfant, s'il n'eût pas ouvert les yeux de la mère, pour lui faire voir un puits qui était dans son voisinage; s'il n'eût pas fait disparaître ses vaines craintes, comme disparaissent les brouillards au soleil du matin, l'enfant fût peut-être mort, tué par la négligence irréfléchie de sa mère.
De grandes transformations se sont faites dans la vie des hommes, depuis le temps d'Agar. Ce qui a peu changé, par contre, ce sont les coeurs de mères qui, faute d'une éducation chrétienne suffisante, faute de confiance en Dieu, se laissent encore aller au découragement, dès qu'elles se trouvent en face des difficultés de la vie, principalement, lorsqu'il s'agit de quelqu'un des leurs et surtout de leurs enfants.
Fortes et courageuses de caractère, plusieurs sont sans énergie et tombent en défaillance, toutes les fois qu'il s'agit de souffrances, dans lesquelles leurs coeurs sont pris à partie. Elles voient alors les choses au pire et s'imaginent volontiers, que les accidents qui surviennent autour d'elles, auront toujours une issue fatale. Les maladies d'enfants étrangers ne sont rien à leurs yeux; celles de leurs propres enfants sont toujours incurables et la mort constamment menaçante sur la tête de ceux qu'elles aiment.
Dans ces conditions, pour elles, comme pour Agar, le ciel n'a plus de consolations. Elles ne prient plus, au moment du danger; à l'heure où la prière leur serait particulièrement utile. Les clartés divines sont voilées à leurs yeux, momentanément aveuglés par leurs angoisses. Leur état moral est un véritable affolement qui aggrave le mal, leur ôte instantanément tout moyen de délivrance et les maintient, dans un état de prostration des plus dangereux.
Ce qui par dessus tout, est à redouter, c'est que plusieurs femmes, loin de voir les dangers que nous signalons, se complaisent, souvent des jours et des nuits, dans leurs découragements, comme s'ils étaient réellement méritoires, et admirent même leur sensibilité nerveuse et surexcitée, comme étant une disposition belle et propre à les rendre très intéressantes.
Nous serions d'autant plus heureux de voir nos lectrices attentives à la question signalée, qu'en y prenant garde, notre avertissement leur serait utile pour l'éducation de leurs enfants comme pour toutes les circonstances spéciales de leur vie.
Dans l'état social actuel où nous voyons un grand nombre de pères de famille travailler hors de leurs demeures, il arrive nécessairement qu'un grand nombre de femmes pourvoient seules à l'instruction de leurs enfants et portent seules la plupart des soucis de la maison. Dans ces conditions il importe qu'elles ne s'exagèrent pas leurs peines, leurs chagrins, leurs difficultés domestiques, les maladies de leurs enfants, de leurs maris, tout ce qui est propre à leur donner de l'inquiétude et qu'elles ne soient pas facilement découragées et abattues.
Elles ont assez de souffrances réelles, pour ne pas se laisser arrêter par celles qui ne sont qu'imaginaires ou provenant des angoisses de leurs coeurs. Cela d'autant plus que ces dernières sont souvent plus vives et plus cuisantes que celles que nous devons véritablement supporter.
Il nous faut, dans le temps actuel, des mères de familles qui, loin de se laisser effrayer et troubler par les événements de la vie, regardent avec une foi inébranlable, lorsqu'elles se trouvent en face d'une inquiétude quelconque à la "montagne d'où vient le secours", au Seigneur qui vit et qui règne dans les Cieux. Elles trouveront toujours dans la confiance en Dieu le sang-froid, le courage, la patience, l'énergie nécessaire pour supporter tout, comme de véritables héroïnes, et maintenir la paix et la joie dans leurs foyers domestiques; tandis que si elles persistent à vivre comme des mères de famille découragées, elles seront la cause de ruines et de perpétuels sujets de chagrin, pour leurs maris et leurs enfants.
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