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C'est trop difficile pour toi

Nous parlons souvent en l'air de l'éducation de la volonté. Nous ne mettons guère en pratique nos belles théories sur l'initiative personnelle et sur la culture de l'énergie.

Nous poursuivons la chimère de galvaniser les enfants qui sont nés mous et indolents, et nous décourageons étourdiment ceux que la nature a faits entreprenants et hardis. Avec moins d'ambition et plus de raison, nous devrions nous appliquer à utiliser la volonté qui existe et lui fournir tous les moyens de se développer.

On dit à des enfants qui demandent à faire le même travail que leurs aînés: «C'est trop difficile pour toi!» et on les empêche de commencer. On agit comme si c'était le résultat matériel du travail qui importait, et non pas l'effort personnel de l'élève. Qu'importe, au fond, si le dessin que cet enfant a voulu entreprendre est très maladroitement exécuté? Qu'importe, si sous ses doigts malhabiles, le petit travail manuel est tout-à-fait irrégulier? Qu'importe, si les lettres qu'il a essayé d'écrire sont à peine reconnaissables? Prétendons-nous par hasard, que tout ce qui sort des mains de nos élèves doit être digne de figurer dans une exposition scolaire? Les faisons-nous travailler pour que les inspecteurs ou les inspectrices admirent les résultats obtenus? ou pour qu'une belle uniformité flatte nos goûts de grandes personnes? ou pour nous savoir gré à nous-mêmes de parcourir à pas comptés un beau programme en pente douce? Il y a toutes sortes de raisons à donner de cette peur de la maladresse des enfants, de cette excessive prudence qui les retient dans leur élan, et les fait aller comme de petits vieux, très économes du restant de leurs forces.

J'aime beaucoup les enfants qui ont l'ambition de faire des choses difficiles. Ceux-là ne sont pas des apathiques; ils sentent leurs jeunes forces, ils ont confiance. Quand un enfant a un grand désir de faire quelque chose, ce désir excite certainement en lui l'énergie. Loin de réprimer, d'étouffer le désir, en remettant à plus tard sa réalisation, fournissons à l'enfant l'occasion et les moyens de commencer tout de suite, pendant que le désir est vif et qu'il aiguillonne l'activité. Nous obtiendrons à ce moment l'effort maximum. L'enfant sera heureux de vouloir fortement, et il ne pensera guère à se plaindre lui-mêmee de sa peine. Et souvent le résultat sera meilleur que nous n'osions le prévoir, précisément parce que l'enfant aura été aussi attentif, aussi appliqué qu'il pouvait l'être.

Mais, dira-t-on, bientôt l'enfant sentira la difficulté, il verra qu'il ne peut pas réaliser son désir, il se rendra compte de sa maladresse et il sera découragé. Il se sera cassé les ailes à vouloir voler trop haut. Ce n'est pas cela qui arrive le plus souvent. On voit plutôt les enfants chercher aide et conseil pour réussir et combien les conseils qu'on leur donne parce qu'ils les demandent, parce qu'ils en ont besoin sont mieux écoutés et plus profitables! Il est facile d'observer que ces enfants courageux ne veulent pas qu'on les aide beaucoup; ils sont impatients de reprendre leurs essais dès qu'ils comprennent ce qu'il faut faire pour réussir. Ils nous prendraient le crayon et l'aiguille des mains sans nous laisser le temps d'achever nos explications. Il y en a même qui ont l'amour propre si haut qu'ils ne demandent pas d'aide; ils veulent faire tout seuls, et ils s'acharnent à recommencer. Le temps n'est pas encore venu de leur apprendre la modestie et l'humilité. Commençons par respecter en eux une énergie que nous ne saurons leur donner. De grâce, ne retardons pas ceux qui peuvent aller de l'avant!

Comme on se trompe sur le sens du mot «encourager» les élèves. On croit que les encourager, c'est leur faire obtenir sans trop de peine des résultats flatteurs; c'est leur dire et leur prouver: cela n'est pas trop malaisé, cela ne coule pas trop de temps et d'efforts, c'est assez commode après tout! N'est-ce pas plutôt énerver le courage, amollir le caractère, placer le plaisir dans le moindre effort? Cette sorte d'encouragement est bonne tout au plus pour les faibles, qui ont la volonté débile et qui ont besoin de l'appât d'un succès facile. L'encouragement qui convient aux enfants bien nés, c'est la difficulté affrontée et vaincue, c'est la lutte dont on sort à la fin victorieux.

Ce n'est pas à nous, maîtresses, à proposer aux enfants des travaux difficiles, au-dessus de la portée moyenne de leur âge. Mais quand ils désirent les essayer ne les rebutons pas. Laissons l'élite se manifester librement.









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