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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURFarniente. - Ne rien faire et penser à son aise! 0 délices! Demeurer des heures entières mollement étendu sur la mousse des bois, à l'ombre des sapins, en contemplation devant des vols de moucherons jouant avec insouciance dans l'atmosphère chaude d'une journëe d'été! S'absorber librement dans un songe de beauté!… Une centaine de pas conduisent de notre demeure jusqu'au sommet d'une côte peu élevée, sur un pâturage où broutent quelques vaches inoffensives. On n'y voit à peu près rien qu'une mélancolique vallée, une rivière sinueuse, quelques clochers de villages et des tourbières. Matin et soir l'air y est caressant, d'une fraîcheur exquise. Nous y avons choisi un pli de terrain aproprié à nos corps et nous nous y installons aussi commodément qu'il est possible, étirant nos membres engourdis, aspirant à pleins poumons les senteurs matinales. Nous commençons ainsi notre apprentissage de fainéantise, décidés à ne rien éprouver d'autre que le plaisir d'une absolue inactivité permettant à l'esprit de penser tout à son aise et au cœur de s'attendrir… Quel changement d'état et quelles indicibles délices! Comme tout cela est nouveau pour nous! Quand on mène à l'ordinaire une vie très active, les premiers moments de complet repos paraissent tout-à-fait étranges; l'art de ne rien faire ne s'apprend pas sans quelque surprise. Il s'agit d'abord de trouver la situation compatible avec le maximum de bien-être. Or la chose n'est point facile, il faut procéder par tâtonnement, pencher à gauche, pencher à droite, poser la tête au niveau convenable, infléchir le torse, croiser ou non les jambes selon les irrégularités du terrain, enlever les cailloux gênants ne point recevoir trop de lumière dans les yeux, se prémunir contre la sueur du sol qui vous enveloppe peu à peu d'un nimbe d'invisibles vapeurs, et contre les insectes qui piquent, et contre les brindilles qui chatouillent. Le bourdonnement des guêpes surtout est agaçant!… Mais une fois qu'on a paré à ces inconvénients et réussi à se modeler un gîte suffisamment douillet, à éloigner toutes les causes de distraction ou de malaise., on est mieux sur la mousse fraîche des forêts, que nulle part ailleurs, empoigné par la joie du bien-être physique et par le charme plus grand encore de s'appartenir complètement sentant pénétrer en soi la grande paix de la nature. Le corps s'absente pour ainsi dire, la bête s'anéantit dans le parfait repos et l'esprit, dépouillé de cette entrave, s'émancipe librement dans la méditation ou la rêverie… On entend plus que le chant lointain de la mésange, un léger souffle de brise dans le feuillage. Nos paupières s'alourdissent, et nous voici, pour un temps, seuls avec nous-mêmes, face à face avec nos consciences et la poésie de nos âmes. Et c'est une satisfaction ineffable que de penser ainsi sans rien faire! La connaissance de soi, base indispensable de tout progrès moral, ne peut être acquise que dans le repos, le silence et la solitude. Quand tout le temps dont il dispose s'écoule dans le bruit de luttes stériles ou dans un labeur terre-à-terre. l'homme manque le principal but de sa vie qui est le perfectionnement de la société par la culture. Jusqu'à l'épanouissement complet de l'idéal individuel. |
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